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SYNAGOGUES HISTOIRE DES

Des diverses acceptions du terme synagogue (du grec sunagôgê, « assemblée ») : réunion des fidèles du judaïsme, caractérisation du judaïsme dans son ensemble par opposition à l'Église, lieu de culte des Juifs, on ne retiendra ici que la dernière. La synagogue est entièrement différente de toutes les formes cultuelles du monde antique. Alors que le temple était la maison où habitait la divinité à laquelle des sacrifices étaient offerts, dans la synagogue s'assemblait le peuple pour lire la Loi, pour prier et pour aussi délibérer des affaires communes. En ce sens, la synagogue introduisait une révolution dans la vie religieuse, révolution dont héritèrent le christianisme avec l'église et l'islam avec la mosquée. Par sa fonction, cet édifice ne requiert aucune architecture particulière ; cependant, il comprend habituellement une salle centrale avec des bancs pour les assistants, un pupitre surélevé pour la lecture de la Loi et une niche pour placer les Rouleaux de la Loi. Des pièces adjacentes sont utilisées pour l'administration de la communauté. Au sujet de la date d'apparition des synagogues, trois thèses s'opposent. Encore que les sources bibliques ne mentionnent aucune synagogue, certains auteurs estiment qu'à la suite de la réforme « deutéronomique » du roi Josias (~ 621 env.) abolissant les autels locaux une forme de culte dépourvue de sacrifice serait apparue à travers le royaume de Juda, qui entraîna l'édification de « maisons du peuple » (Jérémie, xxxix, 8), les premières synagogues. Pour d'autres, la synagogue naquit dans la captivité de Babylone, où son existence serait attestée (Ézéchiel, xi, 16) par l'expression miqdaš me‘at, désignant un sanctuaire (ce que la glose du targum d'Aquila [Omkelos] complète en parlant de baté-keništa, « synagogues »). La plupart des auteurs placent la naissance de la synagogue à l'époque postexilique. Pour S. Zeitlin et E. Rivkin, elle ne remonte pas au-delà du ~ iie siècle, c'est-à-dire à l'époque du développement du parti pharisien.

D'abord bâtiment de réunion à usage purement profane, ce qui explique son appellation hébraïque de bet-knesset (maison de réunion), qui accueillait les assemblées communales (Flavius Josèphe, Autobiographie, 54-55), la synagogue ne devient institution cultuelle qu'après la ruine du second Temple en 70. L'archéologie moderne a mis au jour diverses synagogues antiques. Celle de Shedia, attestée par l'épigraphie, serait la plus ancienne : située dans un faubourg d'Alexandrie d'Égypte, elle daterait de la fin du ~ iiie siècle, celle de Délos serait du ~ iie siècle. Textes néo-testamentaires, mentions de Josèphe et des auteurs latins et grecs, sources talmudiques attestent à l'évidence qu'au ier siècle les synagogues sont nombreuses tant en Palestine que dans la Diaspora. Une immense synagogue d'Alexandrie a laissé un souvenir nostalgique aux générations (« Sukka », 51 b), tandis qu'une inscription commémore la construction à Jérusalem d'une synagogue par un certain Théodote, fils de Vetténos.

Mais il semble bien que la synagogue n'acquiert toute son importance religieuse qu'après la disparition du Temple de Jérusalem. C'est alors que les offices quotidiens sont codifiés et que s'élabore une liturgie subsumant l'offrande sacrificielle du Temple disparu.

L'histoire des synagogues se confond avec celle des communautés juives du Moyen Âge et des Temps modernes. Monumentale ou fort modeste, la synagogue occupe le cœur du quartier juif. Elle subit les premiers assauts des foules fanatisées, elle est transformée en église ou en mosquée au gré des confiscations, des persécutions et expulsions ; c'est ainsi qu'une antique synagogue parisienne de la rue de la Juiverie (aujourd'hui rue de[...]

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Écrit par

  • : directeur d'études émérite à l'École pratique des hautes études (Ve section, sciences religieuses)

Classification

Pour citer cet article

Gérard NAHON. SYNAGOGUES HISTOIRE DES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • APOCALYPTIQUE & APOCRYPHE LITTÉRATURES

    • Écrit par Jean HADOT, André PAUL
    • 9 934 mots
    ...n'était pas péjoratif. Ils disaient « cachés », en hébreu guenûzim – de la racine ganaz, qui a donné guénizah, « cachette » adjacente à une synagogue –, les livres ou fragments de livres bibliques qui, en raison de leur état de détérioration, devaient être retirés de l'usage et conservés à...
  • GENIZAH DU CAIRE

    • Écrit par André PAUL
    • 273 mots

    Le terme araméen genizah (de GNZ, « cacher », « être précieux ») désigne une salle, attenante à la synagogue, destinée à recevoir les manuscrits de la Loi devenus inutilisables par l'usure de l'âge ou la manipulation cultuelle : tenus pour sacrés, car ils contenaient le nom divin,...

  • GHETTO

    • Écrit par Gérard NAHON
    • 4 199 mots
    • 1 média
    ...L'observance religieuse restait l'antidote par excellence de l'aliénation inhérente au ghetto. Les fidèles se retrouvaient chaque jour dans diverses synagogues (qui, à Rome, étaient superposées, du fait des règlements pontificaux), appelés à la prière par le Schulklopfer ou bedeau. Les synagogues...
  • JUDAÏSME - Les pratiques

    • Écrit par Gérard NAHON, Charles TOUATI
    • 4 433 mots
    • 2 médias
    ...arche d'Alliance construite dans le désert (Exode, xxv, 19 et xxxv, 7) et placée, plus tard, dans le saint des saints du Temple de Jérusalem. Les synagogues de Galilée, du Golan et de Syrie (Doura Europos) se parèrent volontiers de fresques et mosaïques historiées. Si le décor synagogal en terre...

Voir aussi