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WALLON HENRI (1879-1962)

« Il est par excellence le psychologue de l'enfance », a dit d'Henri Wallon René Zazzo. Certes, la psychanalyse de même que la théorie piagétienne de l'intelligence ont fourni des contributions majeures à l'étude du développement de l'enfant. Cependant, par rapport à celles-ci, l'œuvre de Wallon tient son importance particulière de la multiplicité, quasi exhaustive, des types d'approche qu'elle applique à son objet d'étude. Elle envisage, en effet, la psychogenèse de l'enfant selon l'ensemble de ses aspects – affectif et cognitif, biologique et social –, mettant en œuvre une méthode à la fois « concrète et multidimensionnelle » (Tran-Thong). Aussi bien cette méthode est-elle de type comparatif, impliquant des références à un large éventail de domaines connexes : psychopathologie de l'enfant et de l'adulte, psychologie animale, psychosociologie de la pensée sauvage. Enfin, la psychologie génétique déborde pour Wallon le cadre strict de la psychologie de l'enfant, dans la mesure où elle constitue la méthode même d'une psychologie générale, conçue comme connaissance de l'adulte à travers l'enfant.

De la médecine à la psychologie

Issu d'un milieu de bourgeoisie intellectuelle, Henri Wallon entre à l'École normale supérieure (1899), où il prépare l'agrégation de philosophie (1902). Docteur en médecine (1908), puis assistant du professeur Nageotte à Bicêtre et à la Salpêtrière, il tient une consultation pour enfants atteints d'arriération mentale et d'agitation motrice (1908-1931). Médecin militaire pendant la guerre de 1914-1918, il acquiert une expérience neurologique qui lui permet d'interpréter rétrospectivement ses premières observations sur les enfants anormaux. Après sa thèse sur L'Enfant turbulent (1925), il devient directeur d'études à l'École pratique des hautes études (1927) – où il anime le Laboratoire de psychobiologie de l'enfant, qu'il a fondé en 1922 –, puis professeur à l'Institut national d'études du travail et d'orientation professionnelle (1929), chargé de cours à la Sorbonne (1932), enfin professeur au Collège de France, où il occupe la chaire de psychologie et d'éducation de l'enfance (1937-1949). Par ailleurs, Wallon a toujours été préoccupé, dès après la Première Guerre mondiale et pendant tout le reste de sa carrière, par les applications de la psychologie à la pédagogie théorique et pratique. Cet intérêt constant culmine avec son rôle important, au cours de la période 1944-1947, au sein de la Commission de réforme de l'enseignement, dont les travaux aboutiront au document connu sous le nom de « Plan Langevin-Wallon ».

L'œuvre psychologique de Wallon passe pour être d'accès difficile, peut-être parce que s'y reflètent, dans un style soucieux d'exprimer toute la complexité du réel, l'expérience du médecin formé à la méthode neurologique en même temps que la hardiesse intellectuelle découlant d'une formation philosophique. La prise en compte des données les plus récentes de la neuropathologie s'y mêle au caractère novateur d'hypothèses qui la situent encore à l'extrême avant-garde des recherches contemporaines. De fait, il est toujours apparu à Wallon qu'« imaginer est le premier devoir, le second de vérifier ».

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Écrit par

  • : ancien élève de l'École normale supérieure, professeur de psychologie et d'épistémologie à l'université de Paris-Nord

Classification

Pour citer cet article

Émile JALLEY. WALLON HENRI (1879-1962) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • IMITATION, psychologie

    • Écrit par André GUILLAIN
    • 1 985 mots
    L’imitation immédiate cède alors la place aux imitations de rôles prestigieux dont l’enfant cherche à dépouiller les adultes qu’il admire et jalouse. Selon Wallon, ces imitations ne sont pas sans rapport avec les identifications qui participent à la construction de la personne.
  • INTÉRÊT, sciences humaines et sociales

    • Écrit par Pierre KAUFMANN
    • 7 568 mots
    • 1 média
    ...ainsi que l'a montré Maurice Merleau-Ponty dans l'exposé qu'il a donné de l'inflexion apportée par Jacques Lacan aux analyses d' Henri Wallon, nous n'assistons pas seulement, en l'occurrence, à l'émergence d'un moi imaginaire, mais à la naissance même de l'intérêt pour le moi. Merleau-Ponty...
  • LANGEVIN-WALLON PLAN

    • Écrit par Universalis
    • 479 mots

    Élaboré en 1946 et en 1947 par une commission ministérielle présidée par Paul Langevin, puis, après la mort de ce dernier, par Henri Wallon, le plan Langevin-Wallon, bien que n'ayant jamais été appliqué en tant que tel, reste, en France, depuis la Libération, l'un des textes de référence...

  • OCÉANOGRAPHIE

    • Écrit par Patrick GEISTDOERFER
    • 10 052 mots
    • 11 médias
    ...fondation du CNRS est effective le 19 octobre 1939. Après une période de sommeil durant l’occupation, il est réorganisé sous une forme plus démocratique par Henri Wallon, du gouvernement provisoire de la République (ordonnance du 2 novembre 1945). Cet organisme va jouer un rôle important dans le développement...
  • Afficher les 7 références

Voir aussi