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GUIMARD HECTOR (1867-1942)

Le dernier témoin d'une époque

L'engouement pour les productions du maître de l'architecture « végétaliste » est passé. Le Figaro ne soutient plus le Modern Style, il demande même la destruction des édicules de Guimard que ses collaborateurs portaient naguère aux nues.

Il en fallait davantage pour décourager une personnalité aussi forte ; ne désignait-il pas ses propres œuvres sous l'expression de « style Guimard » ? Ainsi les présente-t-il à la première Exposition internationale de l'habitation qui se tient au Grand Palais en juillet 1903, et l'on pouvait acheter la série de vingt cartes postales qui leur sont consacrées et portaient la même mention.

Ami de l'industriel Léon Nozal, il lui construit un hôtel, 52, rue du Ranelagh en 1904-1905 – détruit en 1957 – et les clients bourgeois du XVIe arrondissement ne lui font pas défaut : deux immeubles de rapport, 142 avenue de Versailles (1903-1905), six immeubles rue Agar (1909-1911) pour une société dont il est actionnaire. À la suite de son mariage, en 1909, avec le peintre Adeline Oppenheim, c'est dans ce quartier de l'ouest parisien – où le terrain est le plus cher de la capitale – qu'il construit son hôtel, 122, avenue Mozart : 90 mètres carrés au sol, six niveaux – trois chambres de bonne –, un ascenseur et un escalier intérieur, le monogramme du maître sculpté au-dessus de la porte.

Au Salon des artistes décorateurs de 1907, il a encore envoyé du mobilier traduisant son inextinguible soif du décor tourmenté, mais en 1913, dans la synagogue de la rue Pavée, il emploie le béton et ne conserve plus, de ses coups de fouet, qu'une douceur dans les profils et une ornementation végétale très discrète.

À l'Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes, en 1925, Guimard est présent avec une mairie de village et il suit de près l'évolution des techniques puisqu'il a pris des brevets pour la fabrication en série d'éléments standardisés destinés à être ensuite assemblés en constructions diverses. En 1927, pour son dernier immeuble, rue Greuze, il se sert de tuyaux d'Eternit, que prônait Sauvage, pour structurer verticalement la façade de briques.

Dans le comité de patronage de L'Architecture d'aujourd'hui, fondée en 1931, on retrouve Guimard aux côtés de Perret et de Sauvage : ce dernier meurt en 1932, et c'est Guimard qui prononça son éloge funèbre. Sentant venir la guerre, l'architecte et sa femme s'embarquent pour les États-Unis et s'installent à New York. C'est là que Guimard meurt en 1942. Quelques années après la fin des hostilités, sa veuve propose aux autorités françaises de transformer l'hôtel de l'avenue Mozart en musée, mais elle essuie un refus poli. À cette époque, ni Guimard ni l'ensemble des productions de l'Art nouveau n'intéressent personne en Europe.

— Roger-Henri GUERRAND

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Classification

Pour citer cet article

Roger-Henri GUERRAND. GUIMARD HECTOR (1867-1942) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ARCHITECTURE (Matériaux et techniques) - Fer et fonte

    • Écrit par Henri POUPÉE
    • 4 357 mots
    • 6 médias
    ...puissante, et pas seulement en France. Ceux qui participèrent au grand mouvement de rénovation des arts plastiques des années 1890 se réfèrent tous à ses écrits : le Catalan A. Gaudi, le Belge V. Horta, le Hollandais P. Berlage, le Français H. Guimard enfin, connu surtout pour ses entrées du métro.
  • ART NOUVEAU

    • Écrit par Françoise AUBRY
    • 8 824 mots
    • 23 médias
    En 1895, l'architecte françaisHector Guimard (1867-1942) découvre les travaux de Horta à Bruxelles. Il est alors occupé à élaborer les plans du Castel Béranger, dont la conception est fort inspirée par Viollet-le-Duc. La rencontre avec Horta va libérer chez Guimard un élan créateur qui le pousse...
  • JUGENDSTIL

    • Écrit par Robert L. DELEVOY
    • 236 mots

    Terme allemand dérivé du périodique Jugend fondé à Munich en 1896, « Jugendstil » est utilisé pour désigner l'art néo-baroque des années 1900, lui-même différemment qualifié selon les pays d'Europe où il se développe : Art nouveau, style Guimard (selon les entrées décoratives...

  • PARIS

    • Écrit par Jean-Pierre BABELON, Michel FLEURY, Frédéric GILLI, Daniel NOIN, Jean ROBERT, Simon TEXIER, Jean TULARD
    • 32 119 mots
    • 21 médias
    ...et escaliers des tourelles sont autant de contributions, visibles ou invisibles, à la stabilité et à l'esthétique de l'ensemble. Dans le même temps, Hector Guimard, Jules Lavirotte, Gustave Schoelkopff ou Charles Plumet livrent les œuvres le plus significatives de l'Art nouveau parisien : le premier...

Voir aussi