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HAPPENING

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Le comportement de l'artiste définit l'œuvre elle-même

Depuis Marcel Duchamp qui, en 1919, avait fait tonsurer son crâne en forme d'étoile filante, l'œuvre d'art tend à se placer de plus en plus en retrait de son auteur. Occultée elle aussi derrière le surréalisme officiel (imagier par rapport au surréalisme de comportement, plus souterrain et resté méconnu), cette notion a trouvé sa véritable incarnation autour des années 1960 avec la brutale irruption du comportement de l'artiste devenu indissociable du résultat. À ce courant se rattachent le dripping de Pollock et plus encore le tachisme de Mathieu (esthétique de la vitesse, peinture en public, etc.), les machines autodestructrices de Tinguely (dont le célèbre Hommage à New York, de 1960), les gestes apparemment gratuits de Jean-Ludovic Kaufner (par exemple : distribution de bols de couleur jaune, création d'un Tableau transparent, simple plaque de Plexiglas jetée dans le lac de Lauerz, en 1957), les Anthropométries (1960) d' Yves Klein, peintures obtenues en faisant se déplacer sur une toile des personnages féminins (pinceaux vivants) préalablement recouverts de peinture bleue, et surtout les travaux de Piero Manzoni tels que la Merde d'artiste en boîte et le Socle magique (1967) sur lequel toute personne ou tout objet qui y était placé devenait œuvre d'art. Oblitérée et méconnue à l'origine (Manzoni est mort en 1963 à l'âge de trente ans), l'œuvre de Manzoni a eu dans le cours de l'histoire de l'art contemporain une place comparable à celle de Duchamp ; il a annoncé ce qui, à partir de 1968, va être le courant artistique le plus perturbateur et le plus critique à l'égard de la société : l'art corporel (body art), qui marque à la fois le stade ultime du happening et sa rupture avec lui.

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Pour citer cet article

François PLUCHART. HAPPENING [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Autres références

  • DÉVELOPPEMENT DU HAPPENING SELON ALLAN KAPROW - (repères chronologiques)

    • Écrit par
    • 724 mots

    1922 Projetant la future dissolution de l'art dans la vie, Piet Mondrian écrit : « L'art est déjà en partielle désintégration – mais sa fin serait prématurée. Les conséquences du Néoplasticisme sont effrayantes. » Allan Kaprow prolongera cette intuition.

    1943 Quelques années...

  • 18 HAPPENINGS EN 6 PARTIES (A. Kaprow)

    • Écrit par
    • 311 mots

    Les 18 Happenings en 6 parties, organisés par l'artiste américain Allan Kaprow (1927-2006) à la galerie Reuben de New York en 1959, constituent une sorte de légende. Historiquement considérée comme la « première » d'un genre nouveau, cette manifestation artistique n'en fut pas moins précédée...

  • ART (L'art et son objet) - Création contemporaine

    • Écrit par
    • 3 573 mots
    ...lot ajoutons ce qui fait le fonds commun de la création plasticienne depuis les années 1950, d'une multiplicité sans pareille de formes et de gestes : happenings (Le Bon Marché d'Allan Kaprow, 1963), performances (Appréhension du sol urbain du groupe d'artistes UNTEL constitué par Jean-Paul Albinet,...
  • BEN BENJAMIN VAUTIER dit (1935- )

    • Écrit par
    • 664 mots

    Né en 1935 à Naples, Benjamin Vautier, dit Ben, est arrivé à Nice à l'âge de quatorze ans. Il incarne l'âme artistique de cette ville. Contemporain d'Yves Klein, Arman, César ou Martial Raysse, Ben ne s'est jamais départi d'une verve égocentrique, matière première de son œuvre....

  • BEUYS JOSEPH (1921-1986)

    • Écrit par
    • 3 720 mots
    ...mouvement Fluxus (George Maciunas, qui en était la figure centrale, travaillait dans ces années-là en Allemagne, sur la base américaine de Wiesbaden). Ce qu'il est convenu d'appeler le « happening » ou la « performance » était en effet leur principal mode d'expression. Durablement associé à ce courant,...
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