CAILLEBOTTE GUSTAVE (1848-1894)

Les paysages urbains

Quand Renoir et Henri Rouart, l'ami de Degas, l'invitent en février 1876 à exposer avec eux rue Le Peletier, ils s'adressent à un jeune artiste qu'ils savent décidé à ne plus subir la loi du jury. En 1877, il contribue financièrement à l'organisation de la troisième exposition des impressionnistes et devient avec Rue de Paris, temps de pluie, Le Pont de l'Europe, Peintres en bâtiments, réalisés en 1876, le nouveau peintre de la vie moderne. Il donne au Paris d'Haussmann une réalité matérielle et sociale insoupçonnée. La perspective révèle une humanité différente : le bourgeois comme l'ouvrier s'inscrivent dans l'harmonie des façades et des alignements d'immeubles, des structures métalliques et des éléments du mobilier urbain. L'individu ne peut échapper à cette loi du visible. Dans une seconde version du Pont de l'Europe (1877), le passant, témoin à la mesure du monde neuf de la gare Saint-Lazare et du pont de l'Europe, ne livre de son identité que sa capacité à voir et à observer. Portraits à la campagne (1876), image tranquille de dames à leur ouvrage dans le parc de la propriété d'Yerres, étendait déjà cette distance intérieure à la famille du peintre – sa mère notamment.