GUINÉE

Nom officiel

République de Guinée (GN)

Chef de l'État

Mamady Doumbouya (par intérim depuis le 5 septembre 2021)

Chef du gouvernement

Mohamed Béavogui (depuis le 6 octobre 2021)

Capitale

Conakry

Langue officielle

Français

Unité monétaire

Franc guinéen (GNF)

Population (estim.) 12 931 000 (2021)
Superficie 245 857 km²

Histoire

Des peuples divers

On peut faire remonter l'histoire des peuples de Guinée jusqu'au ix e, voire au vii e siècle avec les Baga, les Nalou et les Landouman. Premiers autochtones ? Vinrent cohabiter avec eux, au xi e siècle sans doute, les Jalonké, d'origine mande. Leur nom devint celui d'une région de Guinée, le Fouta-Djalon. Cette partie du pays connut de nombreuses migrations au fil des siècles. Des Peuls animistes s'infiltrèrent par petits groupes. Puis se produisirent les grandes vagues des Peuls et Mandingues aux xvi e, xvii e et xviii e siècles en provenance du Fouta-Toro au Sénégal et du Macina au Mali. Avec eux ils apportent leurs coutumes, leurs cultures et surtout une religion, l' islam. Une partie des anciens occupants se vit refouler le long de la côte, en Guinée maritime. Avec les autres s'instaure une coexistence difficile jusqu'à ce que les musulmans déclenchent finalement en 1727 la « guerre sainte ». Vainqueurs, ils ne laissèrent d'autre choix aux vaincus que « la conversion, l'exil ou la servitude ».

Traditions orales et écrits arabes permettent de saisir quelques grands moments et de brosser à larges traits des pans d'histoire. Au ix e siècle, dans les régions du haut Sénégal et du haut Niger, s'établit un royaume mandingue, vassal de l'empire de Ghāna. Ce dernier s'étendit de l'Atlantique jusqu'au fleuve Niger et ne se disloqua définitivement qu'au xi e siècle après avoir connu jours de gloire et heures de détresse. Il hante encore la mémoire collective des peuples de l'Ouest africain, au point que l'un des nouveaux États s'en est approprié indûment le nom en 1957 : la Gold Coast est devenue le Ghana.

Deux siècles plus tard, avec Niani pour capitale (Niani n'est plus maintenant qu'un petit village guinéen), un immense empire se forme avec Soundiata (1230-1255). Sous le nom d' empire du Mali, il atteint son apogée au xiv e siècle, de la région nord de la Guinée jusqu'à Tombouctou. Des pays vassaux gravitaient autour de lui, depuis les régions du Sénégal et de la Gambie jusqu'à Gao sur le Niger. Au xv e siècle, le déclin commence, des vassaux s'affranchissent, dont un chef du Fouta-Djalon, Koli Tenguela. Avec lui s'ouvre l'ère des Peuls musulmans.

Les Peuls font désormais l'histoire au Fouta-Djalon en s'isolant relativement des autres régions de Guinée, pendant toute la période des xviii e et xix e siècles. Ils vont y créer, selon T. Diallo, une sorte de « régime théocratique de type féodal fondé idéologiquement sur une religion, l'islam, mais économiquement sur l'exploitation d'un esclavage familial ». Les deux grands fondateurs en sont Karamoko Alpha, de 1725 à 1750, puis son cousin et successeur, Ibrahima Sori, de 1751 à 1784. Ce dernier porte le titre prestigieux d'almami. Des institutions politiques originales surgissent. Ainsi, pour mettre fin à des rivalités, le Conseil des anciens instaure, à la mort d'Ibrahima Sori, un bicéphalisme d'alternance. Deux almami, l'un descendant de Karamoko Alpha et l'autre d'Ibrahima Sori, sont désignés comme détenteurs du pouvoir. Mais ils ne l'exercent qu'en alternance par périodes de deux ans. Un tel système fonctionne jusqu'en 1896, date où des rivalités tragiques entre les deux familles facilitent alors la conquête française.

La page suivante de l'histoire est écrite en haute Guinée, par Samory Touré de 1870 à 1898 avec les Malinké. Samori Touré incarne, selon Y. Person, une révolution dyula en organisant un empire « chez des Malinké qui avaient renoncé depuis plus de trois siècles à toute organisation politique centralisée ». Véritable homme d'État, il se dote d'un instrument essentiel en créant une armée permanente de type moderne. Celle-ci[...]

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Écrit par

  • Monique BERTRAND : géographe, directrice de recherche à l'Institut de recherche pour le développement (U.R. 013, migration, mobilités et peuplement)
  • Bernard CHARLES : professeur à l'université de Montréal
  • E.U. : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
  • Agnès LAINÉ : docteur en histoire de l'université de Paris-I, chercheuse associée au Centre d'études des mondes africains, unité C.N.R.S. 8171

Classification

Pour citer cet article

Monique BERTRAND, Bernard CHARLES, E.U., Agnès LAINÉ, « GUINÉE », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL :

Médias

Guinée : carte physique

Guinée : carte physique

Guinée : carte physique

Carte physique de la Guinée.

Guinée : drapeau

Guinée : drapeau

Guinée : drapeau

Guinée (1958). Bandes verticales aux trois couleurs panafricaines, qui étaient déjà celles du Parti…

Ahmed Sékou Touré, vers 1963

Ahmed Sékou Touré, vers 1963

Ahmed Sékou Touré, vers 1963

Président de la République depuis l'indépendance de la Guinée (1958), Ahmed Sékou Touré (1919 ou…

Autres références

  • GUINÉE, chronologie contemporaine

    • Écrit par Encyclopædia Universalis
  • AFRIQUE-ÉQUATORIALE FRANÇAISE (A.-É.F.)

    • Écrit par Alfred FIERRO
    • 2 746 mots

    Jusqu'en 1883, les possessions françaises d'Afrique équatoriale ont été administrées par un officier de marine portant le titre de commandant supérieur des Établissements français du golfe de Guinée. Le 16 décembre 1883, l'administration du Gabon est détachée[...]

  • AFRIQUE-OCCIDENTALE FRANÇAISE (AOF)

    • Écrit par Alfred FIERRO
    • 4 476 mots
    • 2 médias

    Créée par un décret du 16 juin 1895, sous la direction d'un gouverneur général, l'Afrique-Occidentale française (A.-O.F.) répond à la nécessité de coordonner sous une autorité unique la pénétration française à l'intérieur du continent africain. L'A.-O.F. est, à l'origine,[...]

  • AFRIQUE (Histoire) - Les décolonisations

    • Écrit par Marc MICHEL
    • 68 324 mots
    • 24 médias
    [...]nouvel « ensemble », le général de Gaulle partit pour son fameux tour d'Afrique (20-27 août 1958), afin de présenter les choix possibles aux Africains. Le 25 août, à Conakry, Sékou Touré prononça un discours que le général ressentit comme un affront. Les dés étaient jetés ; au référendum du 28 septembre,[...]
  • BAGA

    • Écrit par Jacques MAQUET
    • 3 475 mots

    Occupant la plaine côtière de la Guinée, les Baga vivent de la culture du riz sur des terres préparées par un long travail : défrichage par incendie des palétuviers, construction de digues. Situés sur des dunes de sable, les villages sont reliés par des pistes noyées pendant six mois de[...]

  • CAP-VERT (CABO VERDE)

    • Écrit par E.U., René PELISSIER
    • 22 024 mots
    • 3 médias
    [...]de l'indépendance. Le fonds racial est négro-africain, provenant des centaines de milliers d' esclaves arrachés par les Portugais aux côtes de Guinée, soit pour être exportés vers le Brésil, soit pour travailler dans les anciennes plantations locales. Il est probable que la grande île de [...]
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Voir aussi