GUINÉE
Nom officiel |
République de Guinée (GN) |
Chef de l'État |
Mamady Doumbouya (par intérim depuis le 5 septembre 2021) |
Chef du gouvernement |
Mohamed Béavogui (depuis le 6 octobre 2021) |
Capitale |
Conakry |
Langue officielle |
Français |
Unité monétaire |
Franc guinéen (GNF) |
Population (estim.) | 12 931 000 (2021) |
Superficie | 245 857 km² |
La Guinée depuis l'indépendance
La révolution guinéenne
Dès avant l'indépendance, le P.D.G. se donnait comme ligne d'action « la décolonisation intégrale de toutes les structures du pays ». Il se fixe ensuite pour objectif la construction d'une « société socialiste » par la transformation radicale tant des structures économiques et sociales que des comportements et mentalités, sous la conduite du « responsable suprême de la Révolution », Ahmed Sékou Touré.
Idéologie totalitaire
Totalitaire, l'idéologie concerne toute la société dans ses groupes et ses classes, chaque individu dans toutes ses activités. Elle est sans cesse rappelée et développée à travers les émissions de radio et les nombreux rapports, discours, écrits de Sékou Touré, à l'occasion des multiples assemblées, conférences et congrès. Elle est contenue dans les trente volumes portant sa signature, références obligatoires dans toutes les expressions publiques d'opinion. Lui seul est habilité à l'exprimer officiellement, si ce n'est à l'élaborer. En dehors de la ligne politique définie par le grand stratège, « on cesse d'être révolutionnaire » et on se situe dans « la classe antipeuple », celle des traîtres à la Révolution.
Dans un vocabulaire de type marxiste où reviennent sans cesse les termes de révolution, de lutte des classes (après 1967), de socialisme, de centralisme démocratique, de pouvoir révolutionnaire, de dictature populaire, de lutte contre l'impérialisme, d'exploitation de l'homme, de ligne de masse... se trouvent véhiculées quelques idées-forces plutôt que la théorie marxiste. Sékou Touré ne se réclame pas du « socialisme scientifique », ni dans sa version soviétique ni dans sa version cubaine. Ainsi la méthode dialectique est retenue, mais le matérialisme athée est rejeté. On parle de lutte des classes mais on affirme aussi que « le peuple laborieux constitue la classe-peuple ». Le développement économique à réaliser est « non capitaliste » plutôt que « socialiste ».
Les principales lignes de force de l'idéologie peuvent être résumées. Sur le plan intérieur, il s'agit de créer une nation guinéenne par-delà les groupes ethniques tout en privilégiant les valeurs africaines authentiques (langues nationales, arts populaires, héros africains) : « Il n'y a plus de Soussou, de Foulah... mais seulement des Guinéens. » Cette nation doit s'organiser en société socialiste, d'où sera bannie toute exploitation de l'homme par l'homme, grâce au parti-État qui permet au peuple d'exercer effectivement et totalement le pouvoir et tous les pouvoirs. Sur le plan extérieur, il s'agit de viser l'unité africaine et de ne s'inféoder ni aux puissances occidentales ni aux puissances socialistes par la pratique du « neutralisme positif ». À ne pas confondre avec une pseudo-neutralité qui n'est que passivité ou indifférence lorsqu'il est « porté atteinte à la liberté des peuples ». Dès lors, la révolution guinéenne « est par son essence même globale et multiforme ; elle va à la racine des choses et arme le peuple [...] afin de le rendre invincible dans l'histoire » (Préambule de la IIe Constitution).
Partitocratie
Une fois l'indépendance acquise, les dirigeants du P.D.G. obtinrent l'autodissolution des autres partis politiques. Le régime mis alors en place – régime présidentiel fort avec parti unique de facto – va évoluer progressivement vers une « république populaire révolutionnaire » où les structures partisanes et étatiques sont désormais fusionnées. Plusieurs jalons marquent cette évolution. Le comité central du P.D.G. décide, en novembre 1967, l'organisation d'un « pouvoir révolutionnaire local » (P.R.L.). Puis, en novembre 1978, le XI[...]
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Écrit par
- Monique BERTRAND : géographe, directrice de recherche à l'Institut de recherche pour le développement (U.R. 013, migration, mobilités et peuplement)
- Bernard CHARLES : professeur à l'université de Montréal
- E.U. : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
- Agnès LAINÉ : docteur en histoire de l'université de Paris-I, chercheuse associée au Centre d'études des mondes africains, unité C.N.R.S. 8171
Classification
Pour citer cet article
Monique BERTRAND, Bernard CHARLES, E.U., Agnès LAINÉ, « GUINÉE », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL :
Médias

Guinée : carte physique
Encyclopædia Universalis France
Guinée : carte physique
Carte physique de la Guinée.
Encyclopædia Universalis France
Autres références
-
GUINÉE, chronologie contemporaine
- Écrit par Encyclopædia Universalis
-
AFRIQUE-ÉQUATORIALE FRANÇAISE (A.-É.F.)
- Écrit par Alfred FIERRO
- 2 746 mots
-
AFRIQUE-OCCIDENTALE FRANÇAISE (AOF)
- Écrit par Alfred FIERRO
- 4 476 mots
- 2 médias
Créée par un décret du 16 juin 1895, sous la direction d'un gouverneur général, l'Afrique-Occidentale française (A.-O.F.) répond à la nécessité de coordonner sous une autorité unique la pénétration française à l'intérieur du continent africain. L'A.-O.F. est, à l'origine,[...]
-
AFRIQUE (Histoire) - Les décolonisations
- Écrit par Marc MICHEL
- 68 324 mots
- 24 médias
[...]nouvel « ensemble », le général de Gaulle partit pour son fameux tour d'Afrique (20-27 août 1958), afin de présenter les choix possibles aux Africains. Le 25 août, à Conakry, Sékou Touré prononça un discours que le général ressentit comme un affront. Les dés étaient jetés ; au référendum du 28 septembre,[...] -
BAGA
- Écrit par Jacques MAQUET
- 3 475 mots
-
CAP-VERT (CABO VERDE)
- Écrit par E.U., René PELISSIER
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- 3 médias
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Voir aussi
- GUERZÉ, ethnie
- TOMA, ethnie
- NEUTRALISME
- O.U.A. (Organisation de l'unité africaine)
- SAMORI ou SAMORY TOURÉ (1837-1900)
- AJUSTEMENT STRUCTUREL
- LIBERTÉ & DROIT D'EXPRESSION
- PANAFRICANISME
- PAUVRETÉ
- TRAVAIL FORCÉ
- PLANIFICATION, économie
- FER MINERAIS DE
- MANDING ou MANDINGUES
- MUTINERIE
- DÉMOCRATISATION
- SOCIALISME AFRICAIN
- AFRIQUE, économie
- R.D.A. (Rassemblement démocratique africain)
- RÉFORME ÉCONOMIQUE
- GRÈVE GÉNÉRALE
- PARTI UNIQUE
- NIMBA MONTS
- ISLAM NOIR
- BANQUE INTERNATIONALE POUR LA RECONSTRUCTION & LE DÉVELOPPEMENT (B.I.R.D.)
- AIDE ÉCONOMIQUE
- RÉPRESSION
- AFRIQUE, géographie
- DÉPENDANCE ÉCONOMIQUE
- AFRIQUE NOIRE, histoire, période coloniale
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- AFRIQUE NOIRE, histoire précoloniale
- UNION FRANÇAISE (1946-1958)
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