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GUINÉE ÉQUATORIALE

Nom officiel

République de Guinée équatoriale (GQ)

    Chef de l'État

    Teodoro Obiang Nguema Mbasogo (depuis le 3 août 1979, élu le 12 octobre 1982)

      Chef du gouvernement

      Manuela Roka Botey (depuis le 1er février 2023)

        Capitale

        Malabo

          Langues officielles

          Espagnol, français

            Unité monétaire

            Franc CFA

              Population (estim.) 1 613 000 (2023)
                Superficie 28 052 km²

                  L'épitomé du paternalisme colonial

                  Du passé de cette Guinée, qui est mal connu, un élément ressort : le caractère tardif de l'influence européenne réelle. Entre 1469 et 1474, les navigateurs portugais Fernão do Pó et Lopo Gonçalves explorent la baie du Biafra, et le premier « découvre » Fernando Póo (Bioko). En 1471 ou 1472, l'îlot d' Annobón est aperçu par João de Santarem et Pêro de Escobar. Îles et rivages continentaux entrent dans la juridiction des Portugais de São Tomé dès la fin du xve siècle, mais il n'y a pas, semble-t-il, d'implantation, sinon celle de quelques négriers et/ou planteurs portugais à Fernando Póo et surtout à Annobón, qui conservera jusqu'à nos jours une population d'anciens esclaves parlant un créole afro-portugais. Dans la grande île, les Bubi se taillent une réputation de farouches adversaires des Européens. Sur la côte du Río Muni, des factoreries sont ouvertes, mais les intérêts portugais sont concentrés à São Tomé et Príncipe, d'où le caractère marginal de ces possessions virtuelles par rapport au noyau insulaire rentable. Au xviie siècle, les Néerlandais occupent épisodiquement Corisco. Lorsque le Portugal signe avec l'Espagne le traité du Pardo (1778), en échange d'un règlement frontalier avantageux au sud du Brésil, Lisbonne cède à Madrid ce qui ne lui coûte rien : Fernando Póo et Annobón, plus le droit de commercer entre le Niger et l'Ogooué.

                  Cette apparition de l'Espagne officielle en Afrique noire vise un but pratique : se fournir en esclaves sans passer par l'Asiento. Le caractère américain du projet est évident, et c'est de Montevideo que part la première expédition espagnole d'occupation en Guinée (1778). Ce sera un épouvantable désastre dû aux fièvres de Fernando Póo. Il paralysera si bien les efforts espagnols qu'il faudra attendre 1858 pour que soit nommé le premier gouverneur espagnol de Guinée. Entre-temps, les Britanniques ont fait de Fernando Póo une base de leur lutte contre la traite, s'installant à Port Clarence (qui deviendra Santa Isabel, puis Malabo). Les Espagnols, disposant jusqu'en 1898 de suffisamment de terres tropicales aux Antilles et en Océanie, se désintéressent de cette Afrique malsaine, et, à part les missionnaires, quelques marins et des déportés, ils n'y jouent pratiquement aucun rôle. De ses prétentions exorbitantes sur l'hinterland (jusqu'à l'Oubangui), Madrid ne sauvera que le chétif Río Muni et les îles. Le traité de Paris (1900) avec la France entérine cette quasi-absence du continent où en 1914 l'occupation espagnole ne dépasse toujours pas la plaine côtière.

                  Les efforts de développement sont concentrés à Fernando Póo où la culture du cacao donne lieu à plusieurs scandales provoqués par l'emploi d'une main-d'œuvre libérienne contrainte. Au Río Muni, l'occupation de l'intérieur n'est achevée qu'en 1926-1927. En définitive, l'Espagne est la dernière puissance à se lancer dans une entreprise coloniale en Afrique noire. Elle reposera jusqu'en 1959 sur un trinôme : les missionnaires évangélisent et éduquent les Africains considérés comme des mineurs irresponsables (d'où un racisme virulent, généralement ignoré à l'extérieur, concrétisé par un proto-apartheid comprenant entre autres l'interdiction des mariages mixtes) ; les colons obtiennent du Nigeria toute la main-d'œuvre nécessaire et, à l'abri de la réglementation franquiste, portent le développement économique à des niveaux insoupçonnés ; les autorités (Marine et Guardia colonial) réussissent à isoler politiquement « leurs » mineurs des vents du changement. C'est l'âge d'or de la colonisation espagnole, l'un des sommets du paternalisme sous les tropiques.[...]

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                  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

                  Classification

                  Pour citer cet article

                  Universalis et René PELISSIER. GUINÉE ÉQUATORIALE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

                  Médias

                  Guinée équatoriale : carte physique - crédits : Encyclopædia Universalis France

                  Guinée équatoriale : carte physique

                  Guinée équatoriale : drapeau - crédits : Encyclopædia Universalis France

                  Guinée équatoriale : drapeau

                  Autres références

                  • MACÍAS NGUEMA FRANCISCO (1924-1979)

                    • Écrit par René PELISSIER
                    • 834 mots

                    « L'unique miracle que la Guinée équatoriale ait produit », selon les propres termes du dictateur qui avait donné cette modeste définition de sa personne, a terminé sa macabre carrière sous les balles d'un peloton d'exécution, le 29 septembre 1979, après avoir été renversé par son neveu, bras...

                  • MALABO

                    • Écrit par Universalis
                    • 274 mots
                    • 1 média

                    Capitale de la Guinée équatoriale, Malabo se situe sur la côte nord de l'île de Bioko (anc. Fernando Póo) au bord d'un volcan submergé.

                    Fondé dans les années 1820 par des missionnaires protestants, Port Clarence servit de base aux Britanniques dans leur lutte contre la traite des Noirs....

                  Voir aussi