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FRANCO-ALLEMANDE GUERRE (1870-1871)

L’étincelle et le déclenchement du conflit

Bismarck, en fin diplomate, sait tirer parti du peu de popularité dont jouit la France auprès des Allemands et en Europe. L’échec de l’expédition française au Mexique, le soutien au pape contre l’Italie sur la question romaine ou aux Polonais contre la Russie, ainsi que les désirs d’expansion sur la rive gauche du Rhin ont progressivement isolé diplomatiquement la France dans les années 1860. Gouvernée par un Bonaparte, celle-ci réveillait des souvenirs particulièrement négatifs chez ses voisins. Aussi, quand en 1870, l’empereur nomme le duc de Gramont, fervent partisan de l’alliance autrichienne contre la Prusse, aux Affaires étrangères, l’occasion est belle d’exciter l’arrogance nationale française. Début juillet, Bismarck réactive la candidature d’un prince d’une branche cadette des Hohenzollern, la famille du roi de Prusse, pour le trône espagnol vacant depuis 1868, éveillant en France la peur de l’encerclement. Sans surprise, le duc de Gramont s’emporte dans une déclaration très agressive devant le Corps législatif, le 6 juillet, et contribue à enfermer la France dans une fausse alternative : engager le rapport de force ou perdre la face. Le 12 juillet, tout peut se régler : on apprend, par des voies détournées, que le prince allemand renonce à sa candidature. Napoléon III, malade et vieillissant, est pressé par Gramont d’exiger des garanties supplémentaires. Il cède et demande désormais au roi de Prusse Guillaume Ier un engagement écrit pour acter le renoncement. Le 13, c’est l’ambassadeur français Vincent Benedetti qui porte cette demande auprès du roi de Prusse, en cure dans la ville thermale d’Ems. Il est reçu froidement et bien vite éconduit. Recevant l’information par dépêche, Bismarck s’empresse de diffuser à la presse une version tronquée et chargée d’ambiguïté des événements, laissant entendre que l’ambassadeur français n’a pas même été reçu : la dépêche d’Ems verrouillait définitivement toute sortie honorable pour le gouvernement impérial, qui mobilise les réservistes le lendemain. La guerre est officiellement déclarée le 19 juillet par la France, qui est considérée comme l’agresseur en Allemagne, mais également dans les États voisins qui choisissent de rester neutres.

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Pour citer cet article

Thibault MONTBAZET. FRANCO-ALLEMANDE GUERRE (1870-1871) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 24/01/2024

Médias

<em>La Dernière Cartouche</em>, A. de Neuville - crédits : Propriété du CNTTDM actuellement exposé au Musée

La Dernière Cartouche, A. de Neuville

Reddition de Napoléon III à Sedan en 1870 - crédits : G. Dagli Orti/ DeAgostini/ Getty Images

Reddition de Napoléon III à Sedan en 1870

Lion de Belfort - crédits : Kirill Rudenko/ Moment Open/ Getty Images

Lion de Belfort

Autres références

  • ALSACE-LORRAINE QUESTION D'

    • Écrit par et
    • 2 685 mots
    • 1 média
    Le 8 octobre 1870, Bismarck fait placarder dans la capitale alsacienne conquise : « Strasbourg, à partir d'aujourd'hui, sera et restera une ville allemande ! »
  • BAZAINE FRANÇOIS ACHILLE (1811-1888) maréchal de France

    • Écrit par
    • 265 mots

    Après avoir servi en Algérie et en Espagne, Bazaine commande une brigade pendant la guerre de Crimée. En 1855, il est nommé général de division et gouverneur de Sébastopol. Au cours de la guerre franco-sarde contre l'Autriche, il s'empare de Solferino (28 juin 1859). Envoyé au Mexique, en 1863, il...

  • BISMARCK OTTO VON (1815-1898)

    • Écrit par
    • 4 879 mots
    • 3 médias
    L'achèvement de l'unité est, dans ces années 1867-1870, la préoccupation majeure de Bismarck, qui n'ignore pas les obstacles pouvant s'élever du côté de la France. La guerre à propos du Luxembourg a été évitée de justesse, en 1867. La situation est claire : Napoléon III est...
  • COMMUNE DE PARIS

    • Écrit par
    • 6 497 mots
    • 8 médias
    La guerre déclarée à la Prusse par Napoléon III, en juillet 1870, avait accumulé, en France, les désastres militaires. Le 4 septembre, sous la poussée populaire, la République est proclamée. Un gouvernement – auquel participent le général Trochu, président, Jules Favre et Jules Ferry...
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