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GUERRE D'ALGÉRIE

Les « pouvoirs spéciaux »

L'année 1956 commence ainsi par des promesses de paix et de négociations. À peine nommé, le nouveau chef du gouvernement, Guy Mollet, leader de la SFIO, rappelle Jacques Soustelle et décide d'entamer des négociations avec les « rebelles », persuadé que les Européens d'Algérie ne sont qu'une poignée de colons richissimes. Le 6 février, il se rend à Alger où il est accueilli par les jets de tomates d'une foule d'Européens, composés de petits salariés et fonctionnaires, qui crient à « l'abandon ». Il fait aussitôt machine arrière et nomme comme ministre résidant en Algérie, le 9 février 1956, un homme à poigne, Robert Lacoste.

Opération militaire dans le Constantinois (Algérie), 1956 - crédits : Reporters associés/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Opération militaire dans le Constantinois (Algérie), 1956

Ce dernier soumet à l'Assemblée nationale un projet de loi « autorisant le gouvernement à mettre en œuvre en Algérie toutes mesures exceptionnelles en vue du rétablissement de l'ordre, de la protection des personnes et des biens, et de la sauvegarde du territoire ». Les décrets de mars et d'avril 1956 permettront une action militaire renforcée et l'envoi en Algérie des appelés. Des « zones de pacification » pour la protection des populations européenne et musulmane seront constituées, l'armée s'efforçant de lutter contre l'insuffisance de l'administration. Les zones interdites seront évacuées, la population sera rassemblée dans des « camps d'hébergement » et prise en charge par l'armée. Le Parlement vote massivement, par 455 voix contre 76, cette loi sur les pouvoirs spéciaux qui, entre autres, suspend en Algérie la plupart des garanties de la liberté individuelle. Les « pouvoirs spéciaux » constituent bien le tournant d'une guerre, que la France décide d'engager totalement. Dès juillet 1956, les effectifs de l'armée stationnés en permanence sur le sol algérien sont portés à 400 000 hommes et ce sont désormais des appelés qui partent pour un service militaire de vingt-sept mois de l'autre côté de la Méditerranée.

Dans le même temps, le Maroc accède à l'indépendance le 2 mars 1956 et la Tunisie le 20. C'est un réel encouragement pour les Algériens. Le FLN, lui, se renforce grâce au ralliement des mouvements religieux (Oulemas) et des « réformistes » de Ferhat Abbas, président de l'Union démocratique du Manifeste algérien, tandis que les communistes commencent peu à peu à gagner ses rangs durant l'été de 1956.

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Pour citer cet article

Benjamin STORA. GUERRE D'ALGÉRIE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Guerre d'Algérie, 1954-1962 - crédits : National Archives

Guerre d'Algérie, 1954-1962

Opération militaire dans le Constantinois (Algérie), 1956 - crédits : Reporters associés/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Opération militaire dans le Constantinois (Algérie), 1956

Manifestation de partisans de l’Algérie française à Alger, 1958 - crédits : Meagher/ Hulton Archive/ Getty Images

Manifestation de partisans de l’Algérie française à Alger, 1958

Autres références

  • AFRIQUE (Histoire) - Les décolonisations

    • Écrit par Marc MICHEL
    • 12 424 mots
    • 24 médias
    Ce qui fut dénommé d'abord les « événements » d'Algérie, car on ne voulait pas leur reconnaître le caractère d'une guerre, avait commencé, le 1er novembre 1954, par une série d'attentats qui n'avaient effectivement pas l'envergure d'un véritable soulèvement populaire. Ils...
  • AÏT AHMED HOCINE (1926-2015)

    • Écrit par Benjamin STORA
    • 1 020 mots

    Chef « historique » du Front de libération nationale (F.L.N.), qui décide d’une insurrection contre la France en novembre 1954, Hocine Aït Ahmed incarnera, après l’indépendance de l’Algérie, la figure de l’opposant irréductible aux différents pouvoirs en place.

    Né le 20 août 1926...

  • ALGÉRIE

    • Écrit par Charles-Robert AGERON, Universalis, Sid-Ahmed SOUIAH, Benjamin STORA, Pierre VERMEREN
    • 41 835 mots
    • 25 médias
    La guerre d’Algérie (1954-1962) est un épisode fondateur des histoires contemporaines française et algérienne. En France, elle a provoqué la chute de la IVe République et installé au pouvoir le général de Gaulle en 1958, engendré une crise profonde de l’État débouchant sur un putsch contre la...
  • ALLEG HENRI (1921-2013)

    • Écrit par Charles-Louis FOULON
    • 837 mots

    Journaliste communiste et militant anticolonialiste, Henri Alleg donna, par son ouvrage La Question, une résonance mondiale aux pratiques de torture des armées françaises en Algérie. Sartre écrivit qu’il fit « triompher l’humanisme des victimes et des colonisés contre les violences déréglées...

  • Afficher les 56 références

Voir aussi