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GROUPE DE PRESSION

Le système du pouvoir

D'une manière générale, on pourrait dire que le pouvoir est la capacité que détient un individu de prendre des décisions qui lient de façon effective d'autres individus. L'existence d'un pouvoir implique donc qu'il y ait des mécanismes par l'intermédiaire desquels les décisions prises deviennent réellement agissantes ; autrement dit, il n'y a de réalité du pouvoir que dans un cadre institutionnel. Mais l'institution comme telle n'est qu'une forme. Une position dans un système institutionnel ne confère pas automatiquement un caractère efficace aux décisions prises. Il faut donc distinguer l'aspect formel du pouvoir, déterminé par les règles institutionnelles, et son effectivité.

Le système institutionnel et son effectivité

On pourra se représenter le cadre institutionnel comme un système de « places » hiérarchisées, qui figurent différentes fonctions de pouvoir. À ce système sont associés des mécanismes de désignation, des mécanismes de contrôle (destinés à assurer la stabilité du système), des procédures de décision et des procédures d'exécution.

Par ailleurs, pour analyser l'effectivité du pouvoir, il sera utile d'y distinguer deux aspects : un aspect potentiel et un aspect actuel. Le pouvoir ne se manifeste de façon visible qu'à l'occasion de certains actes, mais il ne se réduit pas purement et simplement à un ensemble d'actes. Il faudra montrer, d'une part, comment le potentiel de pouvoir se distribue et, d'autre part, comment les actes de décision s'enchaînent et se déterminent mutuellement. On pourrait recourir pour cela à une représentation en deux plans : le plan des potentiels et le plan des actions.

Le plan des potentiels est fait d'un ensemble de points ou de positions possibles, exprimables en termes de pouvoir, auxquelles les individus peuvent accéder et entre lesquelles ils sont répartis. Chacune de ces positions est porteuse d'un certain potentiel de pouvoir. À ce potentiel on peut, en principe, associer une mesure, ce qui permet de donner un sens quantitatif à la notion. Le potentiel en chaque position est variable, et il y a des liaisons entre elles qui déterminent la manière dont les potentiels s'influencent réciproquement et s'organisent, à chaque moment, en une certaine configuration d'ensemble. Ces liaisons peuvent elles-mêmes varier au cours du temps. On pourra avoir des configurations du type « diffusion », où les potentiels tendent à s'égaliser, et des configurations du type «   concentration », où les potentiels prennent des valeurs très élevées en quelques points et, corrélativement, des valeurs très basses partout ailleurs. L'évolution du système des potentiels peut aller dans le sens de la diffusion ou dans le sens de la concentration. Il n'y a évidemment de système de pouvoir, à proprement parler, que dans la mesure où la configuration des potentiels a un degré relativement élevé de concentration.

Le plan des actions est également fait d'un ensemble de points, correspondant de façon biunivoque à ceux du plan des potentiels. À chacun de ces points peuvent être associées des actions, plus exactement des décisions. Pour décrire ce qui se fait à ce niveau, il est commode de considérer le temps comme formé d'une suite de moments discontinus. À chacun de ces moments, des décisions peuvent apparaître en n'importe quel point. Entre les points, il y a des liaisons, de telle sorte qu'une décision ne peut apparaître en un point à un instant déterminé que si certaines décisions sont apparues en d'autres points à des instants antérieurs et que, d'autre part, une décision apparaissant en un point à un moment déterminé engendre d'autres décisions en d'autres points à des instants ultérieurs. Ainsi se constituent (dans le temps) des chaînes de décisions, qui peuvent[...]

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Écrit par

  • : professeur émérite à l'université catholique de Louvain (Belgique)

Classification

Pour citer cet article

Jean LADRIÈRE. GROUPE DE PRESSION [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ARMÉE - Pouvoir et société

    • Écrit par Pierre DABEZIES
    • 16 324 mots
    • 5 médias
    ...pas à la compétition : il s'agit de peser sur les décisions, de prendre place au sein de l'élite dirigeante, d'exercer une part du pouvoir, non de s'en emparer.L'armée devient ainsi, parmi d'autres institutions, en temps de guerre comme en temps de paix, et par mille biais, un groupe de pression.
  • ASSOCIATION

    • Écrit par Jean-Marie GARRIGOU-LAGRANGE, Pierre Patrick KALTENBACH
    • 7 084 mots
    ...individus poursuivant ensemble des buts non marchands. Jamais il n'avait imaginé qu'un jour viendrait où des représentants du monde associatif, organisés en groupes de pression, tenteraient de retrouver une légitimité émoussée par les aides publiques en la fondant sur les services rendus, la création d'emplois,...
  • CFE-CGC (Confédération française de l'encadrement-Confédération générale des cadres)

    • Écrit par Dominique ANDOLFATTO
    • 1 958 mots
    ...partisan de l'Algérie française, cet ancien dirigeant des papeteries Darblay ancre la C.G.C. dans le paysage social et politique français comme un solide groupe de pression, qui oppose le lobbying auprès des parlementaires et des gouvernements aux formes traditionnelles de l'action revendicative. En mai...
  • COMMERCE INTERNATIONAL - Politique du commerce extérieur

    • Écrit par Bernard GUILLOCHON
    • 7 554 mots
    • 2 médias
    ...certaines productions aux États-Unis. Ainsi, ce type d'approche confirme que le degré de protection dont s'entoure un pays résulte d'un arbitrage entre les exigences des groupes de pression et l'intérêt général, celles-là pouvant largement l'emporter sur celui-ci. Par ailleurs, l'État est obligé de compter...
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Voir aussi