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GROUPE DE PRESSION

L'action des groupes

Dans le cadre global du système du pouvoir, on peut analyser l'action des groupes en étudiant comment ils déterminent leurs objectifs, comment ils interviennent dans les décisions, et comment se développent leurs interactions entre eux, avec les partis et avec l'appareil de l'État.

La détermination des objectifs d'un groupe dépend naturellement avant tout de la nature des intérêts qu'il représente, c'est-à-dire, en définitive, de la place qu'il occupe à la fois dans le système économique et dans le système du pouvoir (politique). Elle dépend aussi des facteurs culturels à partir desquels ce groupe interprète sa situation, se représente l'avenir social et fixe ses normes d' action. Elle dépend enfin des moyens sur lesquels le groupe peut compter pour développer son action. Ces moyens sont en partie internes (organisation, ressources, qualité des dirigeants, etc.) et en partie externes (capacité à fournir à l'opinion une « image » favorable, à obtenir le soutien d'autres groupes, à influencer un ou des partis, chemins d'accès aux centres du pouvoir, au niveau du législateur, de l'exécutif, ou de l'administration).

Les objectifs peuvent concerner des décisions particulières ou bien le système du pouvoir lui-même. Dans le premier cas, c'est surtout le plan des actions qui interviendra : il s'agira de déterminer les cheminements qui peuvent conduire efficacement à la décision souhaitée. Dans le second cas, c'est surtout le plan des potentiels qui sera en cause : il s'agira de modifier la répartition des potentiels, et cela soit en vue d'obtenir ultérieurement de façon plus sûre certaines décisions, soit en vue de changer les titulaires des postes de pouvoir, soit encore en vue de transformer le système institutionnel. Enfin, les objectifs peuvent avoir un caractère limité ou un caractère global.

L'étude des décisions se situera en ordre principal au plan des actions : il s'agit de comprendre comment s'effectue la propagation des actes, comment des initiatives prises en tel et tel point en suscitent d'autres, qui viennent soit les renforcer, soit les contrarier, et comment finalement se forme une décision à partir des pressions diverses qui se sont exercées sur les instances intéressées. L'explication à fournir devra, bien entendu, tenir compte des interactions entre le plan des actions, le plan des potentiels et le système institutionnel, et mettre en évidence les forces qui commandent ces interactions.

L'analyse des processus qui se déroulent au plan des potentiels, en particulier, devra faire intervenir l'étude des différentes formes d'interaction qui déterminent, en définitive, le potentiel de pouvoir dont bénéficient, à un moment donné, les représentants d'un groupe. Ici, il faudra distinguer les interactions entre groupes (coopération, antagonisme, concurrence non antagoniste, etc.), les interactions entre groupes et partis, et les interactions entre groupes et appareil d'État. Un groupe peut être intégré à un parti, éventuellement à plusieurs partis, soit en position de monopole, soit en concurrence avec d'autres. Il peut être en dehors de tout parti, mais avoir des relations privilégiées avec un parti, voire avec plusieurs. Il peut se trouver à la fois dans un parti et dans un organisme centralisateur ou fédératif qui coiffe ce parti. Il peut être dans un parti, mais en même temps en interaction avec d'autres, ou encore être intégré à un ou plusieurs organismes fédératifs et être lié par son (ou leur) intermédiaire à un ou à plusieurs partis. Chaque type de situation donne lieu à un mode particulier d'interaction qui peut, selon les cas, donner au groupe un grand potentiel de pouvoir ou au contraire en faire un simple instrument de transfert au service d'un autre centre. L'étude des interactions entre les groupes et l'appareil[...]

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Écrit par

  • : professeur émérite à l'université catholique de Louvain (Belgique)

Classification

Pour citer cet article

Jean LADRIÈRE. GROUPE DE PRESSION [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ARMÉE - Pouvoir et société

    • Écrit par Pierre DABEZIES
    • 16 324 mots
    • 5 médias
    ...pas à la compétition : il s'agit de peser sur les décisions, de prendre place au sein de l'élite dirigeante, d'exercer une part du pouvoir, non de s'en emparer.L'armée devient ainsi, parmi d'autres institutions, en temps de guerre comme en temps de paix, et par mille biais, un groupe de pression.
  • ASSOCIATION

    • Écrit par Jean-Marie GARRIGOU-LAGRANGE, Pierre Patrick KALTENBACH
    • 7 084 mots
    ...individus poursuivant ensemble des buts non marchands. Jamais il n'avait imaginé qu'un jour viendrait où des représentants du monde associatif, organisés en groupes de pression, tenteraient de retrouver une légitimité émoussée par les aides publiques en la fondant sur les services rendus, la création d'emplois,...
  • CFE-CGC (Confédération française de l'encadrement-Confédération générale des cadres)

    • Écrit par Dominique ANDOLFATTO
    • 1 958 mots
    ...partisan de l'Algérie française, cet ancien dirigeant des papeteries Darblay ancre la C.G.C. dans le paysage social et politique français comme un solide groupe de pression, qui oppose le lobbying auprès des parlementaires et des gouvernements aux formes traditionnelles de l'action revendicative. En mai...
  • COMMERCE INTERNATIONAL - Politique du commerce extérieur

    • Écrit par Bernard GUILLOCHON
    • 7 554 mots
    • 2 médias
    ...certaines productions aux États-Unis. Ainsi, ce type d'approche confirme que le degré de protection dont s'entoure un pays résulte d'un arbitrage entre les exigences des groupes de pression et l'intérêt général, celles-là pouvant largement l'emporter sur celui-ci. Par ailleurs, l'État est obligé de compter...
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Voir aussi