GLACIERS
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Conditions d'existence et répartition mondiale des glaciers
Facteurs géographiques
L'accumulation croît avec l'altitude parce que les pluies estivales y deviennent des chutes de neige. Mais cela ne vaut que pour les parties basses des glaciers dans les régions à précipitations d'été abondantes (régions tempérées à climat maritime, ou tropicales). Des facteurs plus essentiels sont la circulation atmosphérique générale et l'exposition aux vents humides (cf. les deux versants de l'Himālaya), ainsi que la topographie. Cette dernière joue par suite des transports par le vent et par les avalanches : davantage de neige s'accumule dans les cirques et hautes vallées que sur les sommets qui les entourent.
L'autre facteur du bilan de masse, l'ablation, diminue avec la nébulosité et avec l'altitude (air plus froid). Elle dépend aussi de l'exposition au Soleil : si à 45 degrés de latitude nord un versant d'adret (exposé au sud) et un d'envers (exposé au nord) ont une pente moyenne de 20 degrés, la chaleur solaire reçue est la même que sur un terrain horizontal à 25 degrés ou 65 degrés de latitude nord, respectivement. En zone d'ablation ces différences sont très amplifiées par la différence d'albédo entre la neige et la glace : la durée de la saison pendant laquelle la glace est à nu joue un rôle essentiel. De ce fait, la variation du bilan avec l'altitude est bien plus forte en zone d'ablation qu'en zone d'accumulation.
Le bilan total dépend donc de nombreux facteurs, et il est assez simpliste de ne considérer que son augmentation avec l'altitude. L'ancien concept d'une limite climatique des neiges (sous-entendu : pérennes), altitude au-dessus de laquelle tout terrain non subvertical serait englacé, n'est valable que pour certains climats : ceux où il pleut l'été, la pluie étant alors remplacée en altitude par de la neige humide, non chassée par le vent. Mais par exemple on monte à l'Aconcagua, dans une région où il neige l'hiver mais où l'été il ne pleut pas, par de vastes pentes de terre nue, en longeant, puis en dominant des glaciers. Dans de telles régions on ne peut définir qu'un niveau de glaciation, en dessous duquel aucun glacier ne peut se former, au-dessus duquel il s'en forme en des lieux abrités, sous le vent des crêtes.
Un sol nu emmagasine la chaleur solaire, ce qui fait fondre des chutes de neige faibles et espacées. Rien de tel sur un glacier ; en outre, le glacier crée une couche d'air froid qui ralentit l'ablation. Aussi, si un névé a pu, une année exceptionnelle, résister à un été, il se peut qu'il se maintienne et devienne un glacier. Inversement si un petit glacier marginal disparaît (ou si on le faisait fondre artificiellement en noircissant sa surface, pour obtenir de l'eau : cela a été proposé), il ne se reformerait pas.
Ligne d'équilibre et ligne de névé
On appelle ligne d'équilibre la ligne à la surface d'un glacier où le bilan de masse est nul, et qui sépare donc la zone d'accumulation de la zone d'ablation. Sa position varie selon les années. En toute rigueur il y a deux lignes d'équilibre : pour le bilan sur une année civile, mesuré aux balises, et pour le bilan mesuré sur une année stratigraphique (lorsqu'il y a une longue période d'ablation estivale). On appelle ligne de névé la limite de la vieille neige à la fin de cette période d'ablation.
La ligne d'équilibre pour l'année stratigraphique peut se déterminer par inspection visuelle sur le terrain, ou mieux à partir d'une photographie aérienne, à la fin de la période d'ablation. Les teintes différentes permettent de distinguer, d'amont en aval selon les climats :
– soit de la vieille neige de l'hiver précédent (jeune névé), puis du vieux névé d'années antérieures aux bilans supérieurs (et, accessoirement, davantage entraînés par l'écoulement du glacier), puis de la vieille glace de glacier. La ligne d'équilibre est alors la limite du jeune névé et se trouve en amont de la ligne de névé ;
– soit du jeune névé, puis de la glace surimposée, puis de la vieille glace. La ligne d'équilibre sépare alors la glace surimposée de la vieille glace et se trouve en aval de la ligne de névé.
Si on utilise les bilans mesurés aux balises, il faut d'abord éventuellement classer les données d'après l'exposition du site, pour obtenir une variation à peu près régulière avec l'altitude ; ensuite prendre dans chaque classe un seul bilan moyen par tranche d'altitude ; et enfin seulement effectuer une interpolation linéaire ou parabolique entre ces bilans moyens.
Le coefficient de ré [...]
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Écrit par :
- François ARBEY : chargé de cours à l'université de Paris-XI
- Louis LLIBOUTRY : professeur à l'université de Grenoble-I, directeur du laboratoire de glaciologie et géophysique de l'environnement du C.N.R.S., président du Comité scientifique et technique de l'Association nationale de l'étude de la neige et des avalanches
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Pour citer l’article
François ARBEY, Louis LLIBOUTRY, « GLACIERS », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 14 mai 2022. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/glaciers/