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GARIBALDI GIUSEPPE (1807-1882)

Marin, chef de bande, condottiere égaré dans les affrontements de masse de la guerre moderne, de bonne heure engagé dans la lutte pour l'unité de l'Italie, républicain rallié après 1860 à la monarchie piémontaise, devenu à la fin de sa vie un véritable mythe que chercheront à récupérer plus tard aussi bien les fascistes que les antifascistes, Garibaldi occupe une place de tout premier plan dans l'histoire de l'Italie contemporaine. Mais au-delà de ce grand destin national se profile celui du « héros des deux mondes » : combattant inlassable au service de la liberté et de l'indépendance des peuples, et inspirateur d'une tradition interventionniste que perpétueront, longtemps après sa mort, les hommes en chemise rouge des « légions garibaldiennes ».

Le noir et le rouge (1807-1848)

Giuseppe Garibaldi - crédits : Universal History Archive/ UIG/ Getty Images

Giuseppe Garibaldi

Issu d'une famille relativement aisée de marins et de petits armateurs ligures installés à Nice au xviiie siècle, Giuseppe Garibaldi est né en 1807 dans cette ville devenue française en 1793. Domenico, son père, construit et répare les tartanes, tout en pratiquant lui-même le cabotage entre la Toscane et la Catalogne. Homme d'ordre, politiquement conservateur, bon catholique comme son épouse Rosa, il souscrit au projet conçu par cette dernière après le retour de Nice au royaume de Piémont-Sardaigne en 1814 : Giuseppe sera prêtre et, pour le préparer au séminaire, on choisit ses premiers précepteurs parmi les clercs, à l'exception de l'un d'entre eux, un certain Arena, qui lui enseigne l'italien et l'initie à l'histoire romaine. Est-ce sous son influence, ou simplement parce qu'il est rebelle à l'étude et attiré par une vocation maritime qui est de tradition chez les Garibaldi, toujours est-il que le jeune garçon se refuse à endosser l'habit ecclésiastique. À quinze ans, il s'embarque comme mousse pour Odessa à bord de La Costanza, un brigantin que commande un ami de son père.

Le patriote italien Giuseppe Mazzini, vers 1870 - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Le patriote italien Giuseppe Mazzini, vers 1870

Pendant une dizaine d'années, Garibaldi va bourlinguer autour de la Méditerranée et de la mer Noire, entrant en contact au cours de ses périples avec des groupes d'exilés politiques italiens dont il va peu à peu partager les idées. En mars 1833, il rencontre Giuseppe Mazzini à Marseille où s'est réfugié le dirigeant de la Giovine Italia (la Jeune Italie), et il adhère à ce mouvement républicain et clandestin, avec mission de soulever la flotte sarde et de s'emparer de l'arsenal de Gênes. La conspiration ayant échoué au début de l'année suivante, il doit lui aussi s'exiler, d'abord en France où il apprend qu'il est condamné à mort par contumace, puis en Amérique du Sud, où il va mener une vie d'aventure et de combats ; il y est tantôt marchand, tantôt guérillero – chef de bandes cosmopolites rassemblant patriotes italiens, révolutionnaires latino-américains, esclaves fugitifs, marginaux et condamnés de droit commun –, tantôt corsaire au service des causes libérales. Au Brésil, il se range (de 1837 à 1841) aux côtés des défenseurs de la jeune République du Rio Grande do Sul, en lutte pour son indépendance et dont il commande la « flotte » (composée de deux bâtiments !). En Uruguay, où le général Rivera a chassé son rival Oribe, allié du dictateur argentin Rosas, il combat sur terre et sur mer les forces conjuguées de l'Argentine et de l'Angleterre (1841-1846). C'est durant la défense de Montevideo, en 1843, que, pour vêtir économiquement sa légion de volontaires italiens, il fit distribuer à ses hommes des tuniques de drap rouge destinées aux saladeros (ouvriers des abattoirs et saloirs) de Buenos Aires, faisant de la nécessité un drapeau et de la chemise rouge le symbole des combattants de la liberté.

Durant ce long séjour en Amérique latine, Garibaldi a acquis une expérience de combattant et de chef de guerre,[...]

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Écrit par

  • : professeur émérite à l'Institut d'études politiques de Paris

Classification

Pour citer cet article

Pierre MILZA. GARIBALDI GIUSEPPE (1807-1882) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Giuseppe Garibaldi - crédits : Universal History Archive/ UIG/ Getty Images

Giuseppe Garibaldi

Le patriote italien Giuseppe Mazzini, vers 1870 - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Le patriote italien Giuseppe Mazzini, vers 1870

Autres références

  • CAVOUR CAMILLO BENSO DE (1810-1861)

    • Écrit par Franco CATALANO, Universalis
    • 3 212 mots
    • 1 média
    Cependantla cession de Nice irrita fort Garibaldi qui était né dans cette ville et qui commença à penser à une expédition dans le royaume de Naples. Cette expédition aurait bénéficié de la sympathie et de l'appui secret de l'Angleterre, où le retour des libéraux au gouvernement avait relancé une politique...
  • CRISPI FRANCESCO (1818-1901)

    • Écrit par Paul GUICHONNET
    • 702 mots
    • 1 média

    Établi à Naples en 1845, comme avocat, Francesco Crispi est tout d'abord un patriote conspirant contre les Bourbons pour l'indépendance de la Sicile. Membre du Comité de guerre lors de la révolution de Palerme (1848), il est chassé par la réaction et se réfugie en Piémont, où il...

  • DUMAS ALEXANDRE (1802-1870)

    • Écrit par Claude SCHOPP
    • 5 658 mots
    • 2 médias
    ...9 mai 1860, le yacht Emma se détourne de l'Orient pour suivre le sillage de l'expédition des Mille conduite par le Messie de la liberté, Garibaldi. Elle le rejoint dans Palerme libérée. Enivré de tremper enfin dans l'histoire en marche, Dumas prend sa place parmi les apôtres et participe...
  • EMPIRE SECOND (1852-1870)

    • Écrit par Stella ROLLET
    • 12 843 mots
    • 9 médias
    ...désir de défendre les nationalités et, d’autre part, la nécessité de ménager le pape et, à travers lui, les catholiques conservateurs français. Alors que Garibaldi, après le succès de l’expédition des « Mille » en Sicile (mai-septembre 1860), s’apprête à marcher sur Rome, Cavour arrache à Napoléon...
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Voir aussi