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GARIBALDI GIUSEPPE (1807-1882)

L'ermite de Caprera (1867-1882)

Bien qu'il ait dû renoncer à conquérir la Ville sainte – celle-ci ne sera occupée par les troupes piémontaises qu'en 1870, après la capitulation de Napoléon III à Sedan – Garibaldi connaît après Mentana une immense popularité. Pour les Italiens, il est le héros mythique de la nation unifiée : celui qui a su faire passer l'intérêt de la nation italienne avant toute autre considération, et notamment avant ses convictions républicaines ; celui également qui incarne la veine populaire et démocratique du Risorgimento. Au-delà des frontières de la péninsule, il est le « héros des deux mondes », toujours prêt, comme le seront ses fils, ses petits-fils et tous ceux qui se réclameront du symbole de la « chemise rouge », à voler au secours des nobles causes. Retiré à Caprera, où il reçoit des visiteurs venus du monde entier, il vit auprès de sa servante-maîtresse, Francesca Armosino, qui lui a donné trois enfants et qu'il finira par épouser en 1880. Il ne quittera plus son île que pour de brefs séjours sur le continent, et pour une ultime et glorieuse campagne dans la région de Dijon, lors de la guerre franco-prussienne de 1870-1871. « Je viens donner à la France, déclare-t-il en débarquant à Marseille, ce qu'il reste de moi. » En février 1871, élu député dans quatre départements, il refuse de siéger au parlement de Bordeaux, sa démission entraînant celle de Victor Hugo.

Les dernières années de sa vie sont celle d'un patriarche universellement encensé mais que tourmentent les maux du corps, la perte d'êtres chers, l'échec professionnel de deux de ses fils et des difficultés financières qui l'obligeront finalement à accepter en 1876 le « don national » qu'il avait orgueilleusement refusé deux ans plus tôt. Il meurt le 2 juin 1882, au retour d'un voyage triomphal en Sicile et à Naples.

Entré vivant dans la légende, ce capitaine courageux ne fut ni un grand stratège, ni un habile politique. Il ne fut pas non plus tout à fait ce naïf berné par les politiciens de profession que l'on a parfois décrit. Conscient de ses limites et des manœuvres dont il était l'objet, il a choisi de faire taire ses convictions démocratiques et socialisantes (en se prêtant même à des actions répressives, comme en Sicile en 1860) pour « faire l'Italie ». Son nom, à côté de ceux de Cavour et de Victor-Emmanuel II, reste associé à cette œuvre, mais aussi à une action internationale en faveur de la liberté des peuples que poursuivront après lui les « garibaldiens » : en Crète en 1898, au Transvaal à l'extrême fin du siècle, sur les champs de bataille de l'Argonne en 1914, en Espagne pendant la guerre civile et dans les maquis de France et d'Italie en 1944-1945.

— Pierre MILZA

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Écrit par

  • : professeur émérite à l'Institut d'études politiques de Paris

Classification

Pour citer cet article

Pierre MILZA. GARIBALDI GIUSEPPE (1807-1882) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Giuseppe Garibaldi - crédits : Universal History Archive/ UIG/ Getty Images

Giuseppe Garibaldi

Le patriote italien Giuseppe Mazzini, vers 1870 - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Le patriote italien Giuseppe Mazzini, vers 1870

Autres références

  • CAVOUR CAMILLO BENSO DE (1810-1861)

    • Écrit par Franco CATALANO, Universalis
    • 3 212 mots
    • 1 média
    Cependantla cession de Nice irrita fort Garibaldi qui était né dans cette ville et qui commença à penser à une expédition dans le royaume de Naples. Cette expédition aurait bénéficié de la sympathie et de l'appui secret de l'Angleterre, où le retour des libéraux au gouvernement avait relancé une politique...
  • CRISPI FRANCESCO (1818-1901)

    • Écrit par Paul GUICHONNET
    • 702 mots
    • 1 média

    Établi à Naples en 1845, comme avocat, Francesco Crispi est tout d'abord un patriote conspirant contre les Bourbons pour l'indépendance de la Sicile. Membre du Comité de guerre lors de la révolution de Palerme (1848), il est chassé par la réaction et se réfugie en Piémont, où il...

  • DUMAS ALEXANDRE (1802-1870)

    • Écrit par Claude SCHOPP
    • 5 658 mots
    • 2 médias
    ...9 mai 1860, le yacht Emma se détourne de l'Orient pour suivre le sillage de l'expédition des Mille conduite par le Messie de la liberté, Garibaldi. Elle le rejoint dans Palerme libérée. Enivré de tremper enfin dans l'histoire en marche, Dumas prend sa place parmi les apôtres et participe...
  • EMPIRE SECOND (1852-1870)

    • Écrit par Stella ROLLET
    • 12 843 mots
    • 9 médias
    ...désir de défendre les nationalités et, d’autre part, la nécessité de ménager le pape et, à travers lui, les catholiques conservateurs français. Alors que Garibaldi, après le succès de l’expédition des « Mille » en Sicile (mai-septembre 1860), s’apprête à marcher sur Rome, Cavour arrache à Napoléon...
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Voir aussi