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GAZ D'ÉCLAIRAGE

Vers 1610, le savant flamand Van Helmont a appelé « esprits » des composés volatils qu'il avait obtenus à la suite de diverses réactions. Esprit se dit ghoast en flamand (ghost en anglais). Ce mot, déformé en gaz, devait connaître une prodigieuse carrière internationale.

Le gaz d'éclairage, provenant de la distillation de la houille en vase clos, n'est pas un composé chimique défini, mais un mélange comportant de nombreux constituants, qui sont, essentiellement : l'hydrogène (50 p. 100), le méthane (20 p. 100), l'oxyde de carbone (15 p. 100), l'azote (10 p. 100), le gaz carbonique (2 p. 100), divers hydrocarbures (3 p. 100), les pourcentages représentant des ordres de grandeur. La densité du gaz est de 0,5 environ et son pouvoir calorifique de 4 500 calories approximativement.

La distillation de la houille a été étudiée au début du xixe siècle par deux inventeurs, le Français Lebon et l'Anglais Murdock, indépendamment l'un de l'autre. Le gaz qu'ils arrivèrent ainsi à obtenir et avec lequel ils firent des essais d'éclairage eut peu de succès. C'est seulement vers 1815 que commencèrent les premières applications industrielles de l'éclairage au gaz.

Le gaz servit ensuite au chauffage, et son emploi pour l'éclairage commença à décliner dès le début de ce siècle avec l'apparition de l'électricité. Le gaz servait encore un peu à l'éclairage entre les deux guerres, puis il a été définitivement supplanté par l'électricité.

Au début de son apparition, le gaz était produit par des usines à gaz, et la tendance était de construire une usine par ville ou agglomération, voire plusieurs usines pour les grandes concentrations humaines. La métallurgie et les mines, en carbonisant du charbon pour obtenir le coke indispensable au traitement du minerai de fer, ont fourni également du gaz comme produit secondaire.

Depuis la Seconde Guerre mondiale, on a, au contraire, commencé à concentrer la production dans d'énormes cokeries, ces dernières pouvant être soit « gazières » (le gaz étant le produit principal, le coke le produit secondaire), soit « métallurgiques » ou « minières » (le coke étant le produit principal, le gaz le produit secondaire), et à transporter le gaz à de grandes distances par des feeders pouvant atteindre plusieurs milliers de kilomètres. L'interconnexion des réseaux de gaz tend à se faire à une échelle analogue à celle des réseaux d'électricité.

Depuis la découverte et l'extraction industrielle du gaz naturel, celui-ci remplace de plus en plus le gaz de houille en tant que combustible : les usines à gaz et les cokeries gazières sont mises hors service et seules subsistent les cokeries métallurgiques et minières. En France, le gaz distribué aux particuliers est constitué en totalité par du gaz naturel.

La carbonisation du charbon se fait à des températures de 1 100 à 1 400 0C dans des batteries de fours pouvant traiter chacun une trentaine de tonnes de charbon par 24 h (une batterie peut comporter jusqu'à une centaine de fours). Une tonne de charbon donne environ 300 m3 de gaz. En plus du gaz, on obtient, par carbonisation de l'ammoniac, des huiles diverses, du goudron, du benzol, ces derniers produits étant eux-mêmes composés de nombreuses substances chimiques. L'industrie des sous-produits de la houille, c'est-à-dire des produits autres que le gaz et le coke, est particulièrement complexe et importante, encore que cette importance diminue par suite de l'extension des produits dérivés du pétrole, qui présentent beaucoup d'analogies avec les produits provenant de la houille.

Le rôle du gaz de houille a été énorme. Aujourd'hui, avec l'arrivée sur le marché des quantités prodigieuses de gaz naturel et de produits provenant du raffinage du pétrole, le gaz de houille[...]

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Classification

Pour citer cet article

Stanislas de CHAWLOWSKI. GAZ D'ÉCLAIRAGE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ACÉTYLÈNE

    • Écrit par Henri GUÉRIN
    • 5 089 mots
    • 6 médias
    L'acétylène arrivait un peu tard pour remplacer dans l'éclairage public le gaz de ville dont l'utilisation avait été révolutionnée en 1886 par l'emploi du manchon dû à Auer von Welsbach ; si, en 1910, un millier de villes avaient adopté l'acétylène, le développement de l'éclairage électrique allait s'opposer...
  • MÉTHANE

    • Écrit par Dina SURDIN
    • 462 mots

    Formule brute : CH4

    Masse moléculaire : 16,04 g

    Masse spécifique : 0,716 8 g/l

    Point d'ébullition : — 161,5 0C

    Point de fusion : — 184 0C

    Le méthane est un hydrocarbure saturé, le plus simple des alcanes. C'est un gaz incolore, d'odeur légèrement alliacée, qui a été découvert...

  • PHARES

    • Écrit par Ian C. CLINGAN
    • 8 917 mots
    Les premières propositions suggérant d'utiliser le gaz de houille dans les phares ne rencontrèrent pas grand succès. De fait, il était en général difficile d'implanter une installation de gazéification sur place et la plupart des phares étaient trop éloignés pour être alimentés par des conduites. L'...
  • TOLUÈNE

    • Écrit par Dina SURDIN
    • 240 mots

    Hydrocarbure aromatique encore appelé méthylbenzène.

    Formule : C6H5— CH3

    Masse moléculaire : 92,13 g

    Masse spécifique : 0,866 g/cm3

    Point de fusion : — 95 0C

    Point d'ébullition : 110,8 0C.

    Infiniment soluble dans l'éthanol, l'éther et le benzène.

    Le groupement méthyle,...

Voir aussi