GARCÍA MÁRQUEZ GABRIEL (1928-2014)
L'écrivain colombien Gabriel García Márquez appartient à la génération de ces romanciers latino-américains qui ont su se faire lire et entendre hors de leur pays en donnant un nouveau souffle au genre narratif. Le cas de García Márquez est d'autant plus remarquable que la vaste audience qu'il a acquise depuis la publication de Cien Años de soledad (Cent Ans de solitude, 1967), il la doit à la création d'un univers romanesque très particulier, ce qui n'est pas le moyen le plus facile de toucher un large public. En effet, même s'il peut prendre une signification générale pour n'importe quel lecteur, le monde fictif de García Márquez reste a priori nettement colombien dans sa matière et son esprit. Or, et c'est là un autre intérêt de cette œuvre, la manifestation d'une réalité et d'une mentalité locales y est également fort différente de l'indigénisme qui a marqué l'histoire du roman latino-américain, surtout dans la première moitié du xxe siècle, et en limitait singulièrement la portée. García Márquez a trouvé une manière de conter, appelée par certains « réalisme magique », qui élève une réalité identifiable dans le temps et l'espace à la valeur de mythe universel.
L'ouverture au monde
García Márquez est né en 1928 à Aracataca, un petit bourg du nord de la Colombie. Après des études de droit pour lesquelles il ne manifeste guère d'intérêt, c'est vers le journalisme que le portent ses goûts, alors qu'en revanche ses premières œuvres littéraires, écrites à partir de 1950, le laissent insatisfait au point qu'il tarde souvent et parfois même renonce à les publier.
Il séjourne quelque temps en Europe, principalement à Paris, dans des conditions matérielles et morales difficiles. En 1959, il s'associe à la révolution cubaine comme correspondant de l'agence Prensa latina à Bogotá, puis à New York. En désaccord avec certaines orientations du régime de Cuba, il quitte Prensa latina en 1961 et part pour Mexico où il mènera de front les activités de journaliste, de romancier, de rédacteur publicitaire et de scénariste. En 1967, c'est le soudain succès de Cent Ans de solitude.
Alors installé à Barcelone, García Márquez se consacre plus exclusivement à l'action politique révolutionnaire et à la littérature. « Il me semble, a-t-il dit un jour, que la littérature, le journalisme et la politique, dans la mesure où ils se tiennent à égale distance de la vie réelle, se complètent. Avec cet avantage pour la littérature qu'elle permet l'expression naturelle de sentiments vitaux comme, par exemple, la pitié, la tendresse, la nostalgie et qu'elle nous aide mieux à surmonter cette dose de scepticisme qui nous est donnée avec la vie... ». Une conception de la création littéraire qui devait être consacrée en 1982, par l'attribution du prix Nobel.
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Écrit par
- Jean-Pierre RESSOT : ancien maître de conférences, université de Paris-IV-Sorbonne, U.F.R. de langue et littérature espagnoles
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