Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

FRONDE

Fronde parlementaire et nouvelle Fronde

La reine dut, en octobre, confirmer la suppression des intendants. Elle paraissait réconciliée avec le parlement. Mais, quand la paix fut conclue avec l'Empereur et l'Empire (traité de Westphalie, 24 octobre 1648), Mazarin crut pouvoir utiliser les forces militaires pour contraindre le parlement à obéir. Le 5 janvier 1649, la cour quitta subrepticement Paris pour Saint-Germain et la reine donna l'ordre aux cours souveraines d'aller siéger en province. Mazarin pensait que ni la municipalité bourgeoise ni le menu peuple de la capitale ne soutiendraient les parlementaires. Or, parlement et bourgeois s'entendirent pour résister et levèrent des troupes dont ils donnèrent le commandement à des chefs nobles (Conti, Elbeuf, Beaufort). C'était, après les journées des Barricades, la Fronde parlementaire.

L'armée royale, commandée par le prince de Condé, fit le siège de Paris. Mais les parlementaires ne contrôlaient pas bien les soldats à leur service ; ils s'alarmèrent bientôt des pourparlers des chefs avec les Espagnols, prêts à joindre leurs troupes à celles de la Fronde pour imposer au gouvernement la fin de la guerre étrangère. Mieux valait se réconcilier avec la reine. La paix fut faite à Rueil le 30 mars : une déclaration royale confirma les concessions de l'année précédente et accorda des pensions et des avantages aux chefs nobles. Mais le menu peuple (bourgeoisie et artisans), qui avait attendu la chute de Mazarin et la fin de la puissance des traitants, se sentait frustré dans ses espoirs.

En province, le désordre se manifestait par des conflits entre les gouverneurs et les parlements, chaque parti cherchant à regrouper derrière lui la population (Aix, Bordeaux). Ailleurs, il semble que la suppression des intendants ait permis aux trésoriers de France de retrouver une autorité, dont ils se servirent pour rétablir l'administration régulière et assurer une meilleure rentrée des impôts.

Mazarin, persuadé que Paris était pratiquement ingouvernable (« le roi sera le maître partout, hors dans cette ville-là », disait-il), essayait de s'appuyer sur la province. Dans la capitale, il croyait habile de laisser se constituer des partis qu'il userait les uns par les autres (partis du parlement, de Gondi, du prince de Condé et du duc d'Orléans, oncle du roi). Mais ces partis trouvaient des appuis en province. S'employant à gagner les uns et les autres par des promesses de pensions (coûteuses au Trésor) et des influences personnelles (ainsi s'explique le rôle de grandes dames, dans un climat d'idéal romanesque, étranger à toute pensée politique constructive), Mazarin s'appuya d'abord sur Gondi contre Condé. Le 18 janvier 1650, il fit arrêter Condé, son frère et son beau-frère ; mais le parlement, bien que peu favorable aux princes, fut scandalisé par cet acte arbitraire et Mazarin éluda les promesses qu'il avait faites au coadjuteur et à ses amis. Il essaya, d'autre part, de ranimer la guerre étrangère : l'armée royale, si elle n'obtint pas le succès espéré à Cambrai, remporta à Rethel (15 décembre) une victoire sur Turenne qui avait adhéré à la Fronde et demandé des secours à l'Espagne. Mazarin était certainement attaché au service du roi de France. Bon connaisseur de l'Europe, il ne se scandalisait pas trop de voir les grands seigneurs agir selon leur intérêt du moment et rechercher l'alliance des souverains étrangers, d'égal à égal. Le roi absolu n'était pas encore maître de ses grands vassaux. Mazarin comptait sur le succès de ses négociations, mais en faisant voyager la cour loin de Paris (en Guyenne et en Languedoc), il laissait à Paris se développer la nouvelle Fronde.

L'assemblée du clergé, convoquée pour en obtenir des subsides, se montrait récalcitrante. Le duc[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : membre de l'Institut, professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Paris

Classification

Pour citer cet article

Victor-Lucien TAPIÉ. FRONDE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • BOURBONS

    • Écrit par Yves DURAND
    • 6 456 mots
    • 1 média
    ...de Louix XIII à défendre les droits du roi, la seconde, comme la première, au cœur de tous les complots du vivant de Louis XIII et de Richelieu, mais contribuant avec Mazarin, pendant la Fronde et au-delà, à l'affermissement de la monarchie absolue. Marie-Thérèse, l'épouse de Louis XIV (1638-1683), ne...
  • BROUSSEL PIERRE (1575 env.-1654)

    • Écrit par Jean MEYER
    • 160 mots

    Conseiller au parlement de Paris en 1637, Pierre Broussel n'est entré dans l'histoire que parce qu'apparemment il a été considéré comme un des chefs de la Fronde. Très populaire, menant un train de vie modeste, il se fait le porte-parole de l'opposition parlementaire contre les...

  • CHANSON FRANÇAISE

    • Écrit par Hélène HAZERA
    • 5 010 mots
    • 7 médias
    ...haut-lieu de la chanson. C'est là que des artistes de rue lanceront les chansons qui rayonneront sur toute la France. « Gare aux Ponts-Neufs ! » : pendant la Fronde, le prince de Condé rappellera à ses soldats qu'une chanson satirique peut tuer sinon un homme du moins sa réputation, même si les 5 000 chansons...
  • CHARLES IV (1604-1675) duc de Lorraine (1625-1675)

    • Écrit par Jean-Marie CONSTANT
    • 343 mots

    Fils de François, comte de Vaudémont, frère du duc Henri II, Charles IV devint duc lorsque son père abdiqua en 1625. Chevaleresque mais inconsistant, il fut mêlé à toutes les querelles européennes et crut habile, pour protéger son duché en pleine guerre de Trente Ans, de combattre la...

  • Afficher les 18 références

Voir aussi