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FRONDE

Les barricades de 1648

Au printemps de 1648, la reine avait dû admettre qu'une commission des cours souveraines (la Chambre Saint-Louis) lui présentât un programme de réformes, dont les principaux points étaient la suppression des intendants, la promesse de ne retenir personne prisonnier plus de vingt-quatre heures sans jugement, des mesures contre les traitants et la garantie de ne lever aucun impôt sans l'enregistrement de l'édit par le parlement. La reine dut accepter ces propositions, qui ne constituaient pas, comme on l'a dit depuis, la transformation de la monarchie absolue en monarchie contrôlée. Elle y vit pourtant un tel outrage à son autorité qu'elle voulut affirmer celle-ci par un coup d'éclat. Le 26 août, profitant d'un Te Deum célébré à Notre-Dame pour la victoire que le prince de Condé venait de remporter sur les Espagnols à Lens, elle fit arrêter un conseiller du parlement, très estimé dans son quartier et l'un des plus ardents opposants : Pierre Broussel.

La population parisienne se souleva. Ce furent trois journées révolutionnaires, ardentes et confuses. Des barricades s'élevèrent. La milice bourgeoise fit tendre des chaînes, parce qu'elle craignait à la fois le pillage des maisons par la « canaille » et l'occupation de la ville par les troupes royales. Le coadjuteur de l'archevêque de Paris, Gondi de Retz, un ambitieux qui songeait à devenir Premier ministre, essaya de s'assurer une popularité, tandis que le premier président, Mathieu Molé, s'interposait, au péril de sa vie, entre le gouvernement qu'il engageait à faire des concessions et les insurgés qui exigeaient l'immédiate libération de Broussel. L'émeute ne s'apaisa qu'au retour du conseiller.

Mais la Fronde était commencée. L'affaire était plus grave que le jeu d'enfant qui servit à la désigner. La capitale allait, pendant quatre ans, être la ville frondeuse par excellence, jamais rassemblée derrière un seul chef, ni autour de revendications précises, mais divisée, frémissante et accessible aux influences les plus contradictoires. Une presse de pamphlets, imprimée librement, y entretenait le trouble et excitait la population contre Mazarin. Ces « mazarinades », tantôt sérieuses, souvent satiriques, parfois grossières et libertines, constituent un témoignage essentiel sur la mobilité et l'ardeur de l'opinion. Toutefois, si l'on y trouve des opinions hardies en matière de gouvernement, il ne s'en dégage point de véritable programme politique.

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Écrit par

  • : membre de l'Institut, professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Paris

Classification

Pour citer cet article

Victor-Lucien TAPIÉ. FRONDE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • BOURBONS

    • Écrit par Yves DURAND
    • 6 456 mots
    • 1 média
    ...de Louix XIII à défendre les droits du roi, la seconde, comme la première, au cœur de tous les complots du vivant de Louis XIII et de Richelieu, mais contribuant avec Mazarin, pendant la Fronde et au-delà, à l'affermissement de la monarchie absolue. Marie-Thérèse, l'épouse de Louis XIV (1638-1683), ne...
  • BROUSSEL PIERRE (1575 env.-1654)

    • Écrit par Jean MEYER
    • 160 mots

    Conseiller au parlement de Paris en 1637, Pierre Broussel n'est entré dans l'histoire que parce qu'apparemment il a été considéré comme un des chefs de la Fronde. Très populaire, menant un train de vie modeste, il se fait le porte-parole de l'opposition parlementaire contre les...

  • CHANSON FRANÇAISE

    • Écrit par Hélène HAZERA
    • 5 010 mots
    • 7 médias
    ...haut-lieu de la chanson. C'est là que des artistes de rue lanceront les chansons qui rayonneront sur toute la France. « Gare aux Ponts-Neufs ! » : pendant la Fronde, le prince de Condé rappellera à ses soldats qu'une chanson satirique peut tuer sinon un homme du moins sa réputation, même si les 5 000 chansons...
  • CHARLES IV (1604-1675) duc de Lorraine (1625-1675)

    • Écrit par Jean-Marie CONSTANT
    • 343 mots

    Fils de François, comte de Vaudémont, frère du duc Henri II, Charles IV devint duc lorsque son père abdiqua en 1625. Chevaleresque mais inconsistant, il fut mêlé à toutes les querelles européennes et crut habile, pour protéger son duché en pleine guerre de Trente Ans, de combattre la...

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