FLÛTE
La flûte et son histoire
L'Antiquité
Dès l'ère paléolithique, on trouve de nombreuses traces de flûtes en os, percées ou non de trous. Parmi les plus anciennes que l'on ait découvertes, celles d'Isturitz (Pyrénées, 20 000 ans environ av. J.-C.).
Les flûtes sans trous pouvaient donner des mélodies issues des harmoniques. Les flûtes à trous offraient cependant plus de possibilités : elles marquent une évolution certaine. Vers 2700 avant J.-C. les Chinois connaissent plusieurs types de flûtes : la flûte droite, la syrinx à cinq tuyaux, la flûte traversière à embouchure quasi centrale et percée de trous de part et d'autre (tche). Les Égyptiens se représentent tenant la flûte droite et la flûte oblique proches de celles qu'utilisent les instrumentistes populaires au xvie siècle et en Roumanie encore de nos jours (caval) ; ils jouaient sans doute aussi d'un instrument du type de la flûte à bec, mais la confusion est possible avec un instrument à anche. Ils employaient également une flûte droite de métal. On trouve des flûtes en Mésopotamie, où apparaît l'ocarina chez les juifs (ugab), en Étrurie (flûte traversière), en Perse (al nay), chez les Grecs, chez les Romains... Ces derniers, ainsi que les Grecs, jouaient surtout de la flûte dans la musique populaire, alors que les anches étaient réservées à la musique officielle et sacrée. La confusion de tous ces instruments sous la dénomination générale de flûte est une erreur constante de presque tous les traducteurs jusqu'à la fin du xixe siècle.
Le Moyen Âge
En Europe occidentale, la pratique de la flûte sous diverses formes primitives est une tradition dont il est impossible de préciser l'origine.
Vers le xiie siècle, de l'Orient, par l'Europe centrale, nous arrivent les flûtes traversières et les flûtes à bec. À la fin du Moyen Âge nous comptons : le flageolet simple ou double (du type de la flûte à bec), la flûte traversière appelée flûte allemande parce qu'originaire de l'Est, la flûte de Pan en roseaux ou bien taillée dans un bloc de bois ou de terre cuite, la flûte à trois trous ( galoubet provençal, chistu basque ou silbote andine) tenue de la main gauche et accompagnée de la main droite au tambour ou au triangle.
Ces instruments, qui n'ont guère changé de forme, sont à la base de la musique populaire encore exécutée de nos jours dans les bassins de la Méditerranée et de la mer Noire.
La Renaissance
La Renaissance est une époque où prolifèrent les flûtes. Les premiers grands luthiers ont pour berceau Venise et la vallée de l'Eure, non loin d'Anet. Ces luthiers offrent aux musiciens un vaste éventail de flûtes : trois membres de la famille des flûtes traversières plus le fifre ; éventail qui se déploie jusqu'à neuf dans la famille des flûtes à bec et dont les dimensions vont de 10 cm à 2,64 m de longueur. Michael Praetorius (Syntagma musicum, 1619) et le père Mersenne (Harmonie universelle, 1636) nous décrivent aussi des familles de flageolets et de flûtes en quatre et huit pieds (en quatre pieds, c'est-à-dire sonnant à l'octave aiguë de la flûte ordinaire) et mentionnent la possibilité de les utiliser séparément ou ensemble comme des registres d'orgue. Charles Burney, en 1733, parle d'une quarantaine de flûtes à bec vues à Anvers, destinées à un ensemble. On n'en avait plus joué depuis plus de cent ans.
On constate donc une grande liberté dans l'emploi de ces instruments, qui doublaient ou remplaçaient les voix ; une grande liberté aussi dans l'interprétation des œuvres exécutées avec une technique nuancée d'articulation adéquate, permettant une ornementation extrêmement variée du point de vue rythmique et mélodique.
La sonorité de la flûte est pleine, stable, douce, et relativement peu colorée. Elle se marie remarquablement[...]
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Écrit par
- Robert LEURIDAN : professeur au Conservatoire royal de musique de Bruxelles
Classification
Médias
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