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GUPTA EMPIRE

Le témoignage des arts

Plus accessibles que la littérature, les arts classiques de l'Inde ont préservé, à travers des œuvres de qualité, une image idéalisée de la société et le reflet des conceptions en vigueur au temps des Gupta.

Les édifices laïques, construits pour la plupart en bois, ont disparu. Seuls subsistent des monuments religieux : grottes destinées au culte ou à l'habitation des moines, creusées au flanc des falaises et décorées selon des techniques éprouvées ; bâtiments conventuels bouddhiques en brique, dévastés lors de l'avance musulmane (xiie-xiiie s.) ; temples de pierre et, plus rarement – parce que moins robustes –, de brique. Aucun temple de pierre connu n'est antérieur à la fin du ive ou au début du ve siècle. Aussi est-on enclin à considérer l'emploi de la pierre dans ces constructions comme une innovation de l'époque Gupta, les architectes s'étant probablement contentés jusqu'alors d'utiliser la brique. Parmi ces temples, les plus vénérables sont composés d'une petite cella carrée précédée d'un porche (Sāñcī, Tigāwā, Udayagiri). On remarque des toitures faites de simples dalles plates qui pourraient, dans bien des cas, résulter de réfections tardives. Il demeure probable que la majorité des temples édifiés à l'air libre étaient couverts d'assises superposées, plus ou moins nombreuses selon que la structure est en brique ou en pierre : couverture qui évoquait la montagne sacrée, pôle du monde, et dont l'évolution aboutit rapidement à la tour curviligne qui surmonte les sanctuaires de styles post-Gupta et médiéval en Inde du Nord.

Les tendances locales que manifestait la sculpture des périodes précédentes s'unifièrent et s'harmonisèrent à l'époque Gupta. Tout en restant fidèles à la tradition, les artistes s'attachèrent désormais à traduire toutes les nuances du sentiment religieux. Les thèmes décoratifs anciens, très probablement chargés de signification symbolique, se trouvèrent alors revivifiés. De leurs mutations et de leurs multiples combinaisons naquirent les motifs caractéristiques du style Gupta. C'est ainsi que le vase d'abondance fréquemment traité depuis l'époque archaïque, acquit de l'importance en participant à l'agencement du chapiteau, et que les déesses fluviales Gangā et Yamunā, probablement inspirées par l'image gracieuse de l'antique « Déesse à l'arbre », prirent place de chaque côté de l'entrée des sanctuaires.

Qu'ils fussent bouddhistes, jaïnas ou hindous, les imagiers obéissaient à des règles iconométriques et iconographiques communes que commençaient de formuler des traités spécialisés. Le but des « faiseurs de formes » était de provoquer chez les fidèles une certaine disposition d'esprit et non de rechercher la vérité anatomique. La représentation des grands dieux hindous Viṣṇu et Śiva sous une forme mi-humaine mi-fantastique, avec plusieurs paires de bras et parfois plusieurs têtes, permettait par exemple de matérialiser en quelque sorte les notions relatives à l'omniprésence et à l'omnipotence divines. On avait pareillement recours à des artifices lorsqu'il s'agissait d'exalter le caractère transcendant du Maître divinisé : démesurément agrandie, son image perdait toute commune mesure avec le monde terrestre et supra-terrestre.

Malgré la disparition d'une multitude d'œuvres de style Gupta, le nombre des vestiges existants est trop considérable pour que l'on songe à en dresser un inventaire. Ces témoins sont dispersés dans une zone qui s'étend approximativement entre Mandasor à l'ouest, Mathurā au nord, Patna et Bodhgayā à l'est, le cours de la Godavarī et la région de Bombay au sud.

Dans l'art bouddhique classique, le site d' Ajaṇṭā,[...]

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Écrit par

  • : chargée de recherche au CNRS, chargée de mission au Musée national des arts asiatiques-Guimet

Classification

Pour citer cet article

Rita RÉGNIER. GUPTA EMPIRE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

300 à 400. Christianisme - crédits : Encyclopædia Universalis France

300 à 400. Christianisme

Empire Gupta, III<sup>e</sup>-IV<sup>e</sup> s. apr. J.-C. - crédits : Encyclopædia Universalis France

Empire Gupta, IIIe-IVe s. apr. J.-C.

500 à 600. Reconquêtes - crédits : Encyclopædia Universalis France

500 à 600. Reconquêtes

Autres références

  • L'ÂGE D'OR DE L'INDE CLASSIQUE. L'EMPIRE DES GUPTA (exposition)

    • Écrit par Éléonore FOURNIÉ
    • 936 mots

    Fondée vers 319-320 par Candragupta Ier sur les ruines de l'empire Kushāna, la dynastie des Gupta (ive-vie siècles) est considérée à juste titre comme l'apogée de la civilisation indienne. La majestueuse et inédite exposition présentée au Grand Palais à Paris du 4 avril au 8 juillet 2007, en...

  • DYNASTIE DES GUPTA

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    • 222 mots

    Au iiie siècle, le déclin des dynasties de Kushan, au nord de l'Inde, et de Sātavāhana, à l'est de la péninsule, se traduit par l'émergence de nombreux royaumes. Sri Gupta et son fils, Ghatotkacha, dirigent une de ces principautés sur le cours moyen du Gange. Après son mariage avec une princesse...

  • AJAṆṬĀ

    • Écrit par Rita RÉGNIER
    • 2 260 mots
    • 1 média

    Au centre de la chaîne des monts Indhyadri ou Ajaṇṭā (État du Maharashtra, district d'Aurangabad), le monastère d'Ajaṇṭā se compose d'une trentaine de cavernes creusées dans la roche volcanique d'un cirque au fond duquel coule un torrent. Comme tant d'autres, ces monuments rupestres, aménagés...

  • BOUDDHISME (Les grandes traditions) - Bouddhisme indien

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    • 10 641 mots
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    Au début du ive siècle, un ferment d'unité reparaît dans le Magadha avec un nouveau Çandragupta, qui fonde en 320 la dynastie des Gupta. Sous Çandragupta II (375-415), leur influence à son apogée s'étend sur toute l'Inde au nord de la Narmadā. La relation chinoise du pèlerin bouddhiste Faxian...
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Voir aussi