GALLÉ ÉMILE (1846-1904)

Né à Nancy où son père possédait une gobeleterie, Émile Gallé fonde une école d'art appliqué à l'industrie, célèbre sous le nom d'École de Nancy, qui a joué un rôle prépondérant dans la diffusion du « style 1900 ». De 1862 à 1866, Émile Gallé séjourne en Allemagne et fait son apprentissage de verrier dans les fabriques de Meisenthal. En 1870, il collabore à la réorganisation de la faïencerie de Saint-Clément. Au retour d'un voyage à Londres en 1872, il s'arrête à Paris, visite de Louvre où il admire les gemmes de la couronne, qui influenceront son œuvre verrier. En 1874, il ouvre avec son frère une verrerie à Nancy. Il obtient un grand succès aux Expositions universelles : en 1878, avec des verres bleutés au cobalt dits « clair de lune » ; en 1884, où il accompagne les verres qu'il présente d'une notice sur les matières et les formes révélant l'ampleur de ses recherches chimiques et de ses expériences sur les émaux ; en 1889 et en 1900. Il s'inspire d'abord des œuvres de la Renaissance et de l'Extrême-Orient : verres incolores ou légèrement teintés, ornés d'émaux en surface ou gravés au touret. Par la suite, il s'adonne à toutes les virtuosités techniques, décors dans la masse, combinaisons subtiles de verres de couleurs translucides ou plus ou moins opaques et découpés, verres incrustés en marqueterie (intarsia), imitations de pierres dures. Toute son œuvre est fondée sur l'amour profond et l'étude raisonnée de la nature ; savant botaniste, il exploite sans cesse le thème végétal, non seulement pour les décors mais pour les formes des vases. Il applique la même conception à la céramique et au mobilier. Homme cultivé et poète sensible, il veut donner aux objets une signification spirituelle et introduit dans leur décor des sentences ou des vers empruntés tant à Virgile qu'à Victor Hugo, Baudelaire ou Verlaine (« verrerie parlante »). Gallé a lui-même expliqué ses idées et rédigé des descriptions lyriques de ses œuvres dans ses Écrits pour l'art (1908).

Salle à manger, Émile Gallé

Salle à manger, Émile Gallé

Salle à manger, Émile Gallé

Salle à manger commandée en 1902 à Émile Gallé. Crédence aux épis (au fond), chaise et table ornées,…

Vase à corps ovale, É. Gallé

Vase à corps ovale, É. Gallé

Vase à corps ovale, É. Gallé

Émile Gallé, Vase à corps ovale et au décor floral.

Après la mort d'Émile Gallé, l'atelier de fabrication industrielle qu'il avait ouvert à Nancy dès 1890 continuera à produire jusqu'en 1914 suivant les procédés du maître et sous son nom. Un certain temps dépréciées par trop d'imitations vulgaires, les verreries de Gallé connaissent de nos jours un regain de faveur, les formes de la signature étant différentes sur les œuvres originales et sur les produits en série. Émile Gallé a donné une grande impulsion à l'art de la verrerie ; parmi ses plus brillants émules, il faut citer l'Américain Louis Comfort Tiffany et les frères Auguste et Antonin Daum établis à Nancy.

— Jeanne GIACOMOTTI

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    Jeanne GIACOMOTTI, « GALLÉ ÉMILE (1846-1904) », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL :

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    Salle à manger, Émile Gallé

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    Salle à manger, Émile Gallé

    Salle à manger commandée en 1902 à Émile Gallé. Crédence aux épis (au fond), chaise et table ornées,…

    Vase à corps ovale, É. Gallé

    Vase à corps ovale, É. Gallé

    Vase à corps ovale, É. Gallé

    Émile Gallé, Vase à corps ovale et au décor floral.

    Autres références

    • ART NOUVEAU

      • Écrit par Françoise AUBRY
      • 7 765 mots
      • 22 médias
      SelonÉmile Gallé, la nature « prête à l'artiste bien d'autres choses que les lombrics et ténias, les pseudo-varechs et les vermicelles affolés dont on a pensé faire avec beaucoup de talent, à l'occasion de 1900, un berceau où abriter le xx e siècle » (Le Mobilier contemporain...
    • LALIQUE RENÉ (1860-1945)

      • Écrit par Yvonne BRUNHAMMER
      • 1 830 mots
      À l'occasion du Salon de 1897, le verrierÉmile Gallé, de quatorze ans son ainé, découvre le talent unique de Lalique, « inventeur du bijou moderne ». Dans un article d'anthologie, il réfute le fossé qui sépare les « arts majeurs » – les beaux-arts – des arts « dits mineurs », considérant René Lalique...
    • NANCY ET L'ART NOUVEAU (exposition)

      • Écrit par Christine PELTRE
      • 823 mots

      De nombreuses manifestations ont, en 1999, salué le centenaire de l'École de Nancy, dans la ville et la région qui l'ont vue naître. Plus qu'un événement précis, c'est une « période » que l'on a voulu célébrer, celle de l'« éclosion d'un style dans les années 1880-1890 », comme l'a expliqué François...

    • NANCY ÉCOLE DE

      • Écrit par Hervé DOUCET
      • 1 721 mots
      • 3 médias
      ...symboliques évidents. Si la figure de Jeanne d'Arc se rencontre souvent, le chardon, emblème de Nancy, fournit le sujet des objets les plus divers, tout comme la croix de Lorraine à double traversequ'Émile Gallé, artiste touche à tout et chef de fil de l'Art nouveau nancéien, associe à sa signature.
    • PROUVÉ VICTOR (1858-1943)

      • Écrit par Jeanne GIACOMOTTI
      • 267 mots

      Artiste polyvalent, Victor Prouvé a pratiqué toutes les techniques ; il fut peintre, graveur, sculpteur et décorateur. Originaire de Nancy, ses précoces dispositions pour le dessin lui valent, dès 1877, une bourse d'études à l'École des beaux-arts de Paris où il sera l'élève de Cabanel. Il expose...

    Voir aussi