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NANCY ET L'ART NOUVEAU (exposition)

De nombreuses manifestations ont, en 1999, salué le centenaire de l'École de Nancy, dans la ville et la région qui l'ont vue naître. Plus qu'un événement précis, c'est une « période » que l'on a voulu célébrer, celle de l'« éclosion d'un style dans les années 1880-1890 », comme l'a expliqué François Loyer, commissaire général des expositions.

Cette célébration a d'abord permis de rappeler la diversité des expressions et l'ampleur du champ créatif d'un mouvement officiellement constitué en 1901 – sous le nom d'« Alliance provinciale des industries d'art », présidée par Émile Gallé (1846-1904) – et qui étendit son activité jusqu'en 1909, date de la dernière manifestation collective. Trois expositions majeures ont contribué à Nancy à la commémoration de 1999 : aux galeries Poirel, inaugurées en 1888 et rénovées pour l'occasion, se tenait la rétrospective générale, riche d'objets issus de collections éloignées, telle Flore de Lorraine, une table de Gallé (musée de l'Ermitage, Saint-Pétersbourg), offerte par l'artiste, en 1893, au tsar Alexandre III.

Le musée des Beaux-Arts complétait ce panorama avec la présentation élégante, grâce à l'extension et au réaménagement récents du bâtiment, de la collection Daum, constituée depuis 1982. Il proposait d'autre part, sous le titre Peinture et Art nouveau, un rassemblement de tableaux, contemporains de l'essor décoratif, autour de deux figures centrales oscillant entre symbolisme et naturalisme : Émile Friant (1863-1932) et Victor Prouvé (1858-1943). Le musée de l'École de Nancy, largement ouvert sur un parc, illustrait enfin avec l'exposition Fleurs et ornements la devise de Gallé, « Ma racine est au fond des bois », inscrite sur la porte de ses ateliers, porte réalisée en 1896 par Eugène Vallin et désormais remontée dans le jardin. À cet ensemble déjà riche, il faut ajouter, parmi d'autres initiatives, l'exposition au musée du Verre et du Cristal de Meisenthal, qui rappelait que ce vallon des Vosges fut le berceau des verreries de Gallé.

À Nancy même, des bannières signalaient un certain nombre de créations architecturales, d'une grande originalité, comme la villa Majorelle confiée à Henri Sauvage en 1898 ; l'exposition De l'esquisse au chantier présentait un portrait suggestif des différents projets et réalisations. Dans la « Douera » de Malzéville, demeure orientalisée par les soins du peintre Charles Cournault, ami de Delacroix, une exposition de dessins rapportés par Victor Prouvé de Tunisie (1888-1890) rappelait le rôle essentiel de l'inspiration exotique au sein du milieu lorrain où s'exerçait, du moins dans les premières années du mouvement, l'influence d'Edmond de Goncourt.

Multiples, ces expositions n'ont pas nui à la définition d'une unité de l'Art nouveau à Nancy. Après les travaux pionniers de Françoise-Thérèse Charpentier, dont la double activité d'universitaire et de conservateur du musée de l'École de Nancy a donné dès les années 1960 une impulsion décisive aux recherches actuelles, les manifestations de 1999 ont permis de préciser et d'enrichir l'image du mouvement lorrain. Au sein de l'Art nouveau européen, celui-ci se distingue par son ardeur végétale ; à la suite de Gallé inspiré par sa propre vocation de botaniste et par les progrès de la science horticole en Lorraine, il cultive son répertoire naturaliste. Le recours massif à ce registre exprime cependant, plus qu'une simple imitation décorative, l'élan d'une philosophie vitaliste ainsi qu'une foi dans la nature. Car les artistes de l'École de Nancy se veulent au cœur de la vie et prennent part aux débats philosophiques et politiques de leur temps. Prouvé traduit son idéal républicain dans de grands décors, tel celui de la mairie[...]

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Écrit par

  • : professeur d'histoire de l'art contemporain à l'université des sciences humaines de Strasbourg

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Pour citer cet article

Christine PELTRE. NANCY ET L'ART NOUVEAU (exposition) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )