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ARTIN EMIL (1898-1962)

Travaux divers et enseignement

Disons quelques mots des autres travaux algébriques d'Artin. Dans un mémoire de 1928, il étend certains résultats de la théorie des algèbres aux anneaux commutatifs dans lesquels il n'existe pas de chaîne infinie décroissante d'idéaux à gauche ; ces anneaux sont appelés artiniens. Il appartenait aussi à Artin, en collaboration avec O. Schreier, de montrer l'importance des corps ordonnés. Pour résoudre par l'affirmative le problème XVII de Hilbert (qui demandait s'il est toujours possible d'écrire une fraction rationnelle F(x1, ..., xn), à coefficients rationnels, qui ne prend de valeur négative pour aucune valeur réelle des variables, comme somme de carrés de fonctions rationnelles à coefficients rationnels), Artin et Schreier ont élaboré, dans une suite de mémoires publiés de 1924 à 1927, la théorie des corps réels, qui sont les corps dans lesquels − 1 ne peut pas s'écrire comme somme de carrés. Ces auteurs ont montré que, si un tel corps réel n'admet pas d'extension algébrique stricte qui possède cette propriété, il peut être muni d'une manière et d'une seule d'une structure d'ordre compatible avec sa structure de corps ; dans un tel corps, les théorèmes usuels de l'algèbre (réelle) sont applicables.

Ce sont là les travaux d'algèbre d'Artin, mais il a abordé des domaines variés des mathématiques ; par exemple, dans une série de mémoires échelonnés de 1925 à 1950, il n'a cessé de s'intéresser à la théorie des nattes, chapitre de la topologie où interviennent de nombreux résultats de la théorie des groupes.

Artin a exposé sous une forme souvent nouvelle ou définitive dans ses cours et dans ses livres de nombreuses questions d'arithmétique ou d'algèbre. Typique de l'originalité de son enseignement est son exposé de la théorie de Galois : si un corps K est une extension d'un corps k, Artin considère K comme un espace vectoriel sur k et déduit toute la théorie des extensions de cette situation d'algèbre linéaire. Son livre Algèbre géométrique est une claire introduction à la conception moderne de la géométrie élémentaire, chapitre de la théorie des formes quadratiques. Dans un domaine un peu différent, dans son petit livre sur la fonction gamma, Artin déduit toutes les propriétés élémentaires de cette fonction de la relation fonctionnelle classique Γ(x + 1) = xΓ(x) et du fait que son logarithme est une fonction convexe. « Pour Artin, dit R. Brauer, être un mathématicien signifiait participer à un grand effort commun pour continuer l'œuvre commencée depuis des milliers d'années, pour jeter de nouvelles lumières sur des découvertes anciennes, pour chercher de nouvelles voies qui préparent d'ultérieurs développements. Quels que soient les critères choisis, il fut un grand mathématicien. »

— Jean-Luc VERLEY

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Écrit par

  • : maître de conférences honoraire à l'université de Paris-VII

Classification

Pour citer cet article

Jean-Luc VERLEY. ARTIN EMIL (1898-1962) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • HILBERT DAVID (1862-1943)

    • Écrit par Rüdiger INHETVEEN, Jean-Michel KANTOR, Christian THIEL
    • 14 726 mots
    • 1 média
    Ce résultat a été établi par Artin, qui a montré aussi le résultat correspondant en remplaçant R par Q. Plus tard, Abraham  Robinson a donné une démonstration qui utilise la logique mathématique (calcul des prédicats).
  • NŒUDS (THÉORIE DES)

    • Écrit par Jean BRETTE
    • 1 904 mots
    • 11 médias
    Alexander a également montré que tout nœud peut être obtenu en refermant une tresse brin à brin. Par ailleurs, toujours dans les années 1920, Emil Artin a étudié algébriquement les tresses à n brins, qui forment également un groupe et qui sont engendrées par des croisements élémentaires d'un...
  • NOMBRES (THÉORIE DES) - Nombres algébriques

    • Écrit par Christian HOUZEL
    • 12 998 mots
    ...donnent des automorphismes de Frobenius appartenant à cette classe est m/n, où n = (K : Q) est le degré de K. La loi de réciprocité d' Artin (1927 ; la formulation d'Artin vaut en fait pour un corps de base k général, et pas seulement pour Q) signifie que, pour une extension abélienne...
  • ZÊTA FONCTION

    • Écrit par Jean DIEUDONNÉ
    • 2 949 mots
    Depuis les travaux de E. Artin, on sait que tous les résultats de la théorie des nombres algébriques se transportent (avec des expressions plus simples, dues à l'absence des « places infinies ») aux « corps de fonctions algébriques d'une variable sur un corps fini Fq », c'est-à-dire...

Voir aussi