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ÉLISABETH Ire (1533-1603) reine d'Angleterre (1558-1603)

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L'évolution de la politique extérieure

L'éviction de Marie Stuart

En fait, la politique extérieure d'Élisabeth s'inspire beaucoup plus de son intérêt particulier et des circonstances que de considérations d'ordre général. Après la promulgation des Trente-Neuf Articles, les catholiques anglais s'étaient tournés vers Marie Stuart, rentrée en Écosse après la mort de François II (1560). Mais cette reine est, elle aussi, aux prises avec de graves problèmes. John Knox vient de faire triompher en Écosse la réforme presbytérienne. Marie Stuart, restée catholique, doit gouverner un peuple turbulent et fanatisé. Frivole et imprudente, elle a épousé, en deuxièmes noces, Darnley, grand seigneur taré, bientôt assassiné dans des circonstances troubles ; puis elle s'est éprise du brutal Bothwell, principal responsable du meurtre. Son remariage avec l'aventurier soulève l'Écosse contre elle. Vaincue, elle commet l'imprudence de se réfugier en Angleterre, où elle est reçue en suspecte et bientôt traitée en prisonnière. Sa captivité dure dix-neuf ans et ne se termine que par la mort. En effet, l'existence de Marie Stuart – autour de laquelle des intrigues s'ourdissent continuellement – n'est pas sans dangers pour Élisabeth, d'autant plus que la reine d'Écosse n'a jamais renoncé à ses droits de succession. Aussi sa présence en Angleterre éveille-t-elle les espoirs des catholiques, et suscite deux complots (1569, 1572) suivis de troubles, dont le but était le renversement d'Élisabeth. Celle-ci attend l'occasion d'éliminer Marie Stuart. En 1586, un nouveau complot en fournit le prétexte. Après une parodie de procès, Marie est condamnée à mort et décapitée (8 février 1587). Malgré ses dénégations, Élisabeth a bien été l'instigatrice de la disparition de sa rivale.

La lutte contre l'Espagne

L'Invincible Armada - crédits : Henry Guttmann/ Getty Images

L'Invincible Armada

L' épisode dramatique de la lutte contre l'Espagne doit être replacé dans le contexte de la lutte acharnée entre catholiques et protestants qui ensanglante alors toute l'Europe. En face de Philippe II, champion du catholicisme, la reine d'Angleterre apparaît comme le champion du protestantisme. En fait, son scepticisme pratique ne lui fait considérer les passions religieuses que comme des prétextes commodes permettant des interventions dictées par l'intérêt. Quand elle répond aux appels des protestants français soulevés contre Charles IX (1562), elle y trouve le double avantage politique d'affaiblir l'ennemi traditionnel en entretenant chez lui la guerre civile et de se faire livrer le port du Havre pour compenser la perte récente de Calais. Plus tard, en 1590, quand elle fournit des hommes et de l'argent à Henri IV, elle se soucie moins d'aider le roi protestant à conquérir son royaume que de soutenir l'adversaire de Philippe II. Car la lutte contre l'Espagne remplit, en fait, tout le règne. Dans tous les domaines, sur tous les fronts, les deux puissances s'opposent : antipathie religieuse et politique réciproque ; agressivité croissante des ambitions commerciales anglaises. Longtemps, pourtant, la lutte reste sourde et larvée. Il s'agit par tous les moyens d'affaiblir, sans trop se compromettre, le puissant roi d'Espagne. Dans cette politique, les desseins de la reine coïncident admirablement avec les tendances religieuses et les aspirations commerciales de son peuple. Dès 1568, les ports anglais servent de refuge aux gueux des Pays-Bas révoltés contre l'Espagne. Puis, secrètement encouragés par Élisabeth, qui prend sa part du butin, de hardis capitaines, Drake, Hawkins, s'attaquent aux navires marchands espagnols, portent la piraterie de l'Atlantique jusque sur les côtes du Chili et du Pérou. En 1577, Drake enlève devant Lima trois galions chargés de richesses, rentre à Plymouth[...]

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Provence, directeur de l'Institut d'art

Classification

Pour citer cet article

André BOURDE. ÉLISABETH Ire (1533-1603) reine d'Angleterre (1558-1603) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Médias

Élisabeth I<sup>re</sup> (1533-1603) - crédits : G. Nimatallah/ De Agostini/ Getty Images

Élisabeth Ire (1533-1603)

L'Invincible Armada - crédits : Henry Guttmann/ Getty Images

L'Invincible Armada

Autres références

  • ANGLICANISME

    • Écrit par
    • 4 370 mots
    • 2 médias
    C'est sous Élisabeth Ire (1558-1603) que l'anglicanisme s'établit comme une via media entre le protestantisme et le catholicisme, ou plus exactement entre la tendance réformatrice d'un Cranmer et la tendance novatrice mais traditionnelle des « henriciens » (comme Gardiner, Tunstall). Seuls...
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