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ÉCOSSE

 La civilisation écossaise médiévale

Le bruit des armes se tait assez souvent pour autoriser la construction d'un système politique original, garantir les progrès de l'esprit et la diffusion de la culture, conduire aux espérances suprêmes d'une religion sans cesse plus pure et déboucher ainsi sur les grandes réformes du xvie siècle.

Château d’Eilean Donan, Écosse - crédits : Stocker1970/ Shutterstock

Château d’Eilean Donan, Écosse

L'État écossais connaît une forme d'institution parlementaire : dérivé d'une Haute Cour de justice, le Parlement, doté de pouvoirs politiques, a émergé à la fin du xive siècle, à partir des règnes de Robert II Stuart et surtout, après 1424, de Jacques Ier. Il comporte une seule chambre de trois « États » : l'aristocratie, la petite noblesse et les députés des bourgs royaux (représentés dès 1326 lors de la convocation d'une Assemblée nationale) ; le vote par tête et les besoins d'argent de la Couronne favorisent le développement du pouvoir législatif et, à partir du milieu du xve siècle, les sessions sont relativement régulières ; les Lords of the Articles (jusqu'en 1690) constituent, au cours des intersessions, une commission élue par le Parlement pour suivre la mise en œuvre de la législation et préparer le travail ultérieur des États. L'État monarchique lui-même est efficace lorsque le souverain réussit à surmonter les inconvénients d'une minorité ou d'une régence et à s'imposer aux grands seigneurs et aux clans : dans les Highlands en particulier, le système du clan prévaut, les chefs sont censés être par droit du sang les dirigeants incontestés de leurs « enfants », et, patriarcal dans son essence, le système procure à ses bénéficiaires des soutiens d'une loyauté totale.

Les membres d'un clan ont l'orgueil de leur « famille », et les Cameron, MacDonald, MacLeod ou Mackenzie, parmi d'autres, conduisent parfois des politiques fort éloignées de l'intérêt national ; c'est en vain que Jacques IV, à la fin du xve siècle, essaye de substituer un système féodal à celui des traditionnelles chefferies. La malchance de l'Écosse est, après la mort de Robert Bruce en 1329, d'avoir eu des rois ayant subi une longue captivité chez les Anglais (vingt-neuf années au total pour David II et Jacques Ier), d'autres incompétents, et, à partir de l'assassinat de Jacques Ier en 1437, de voir se succéder, pendant près de deux cents ans, des minorités royales, le cas extrême étant celui de Marie, devenue reine en 1542 à l'âge de onze semaines ! Les régences ont alors des périodes de relance de la féodalité, les officiers royaux ont patrimonialisé leurs offices et le clientélisme généralisé a affaibli le royaume autant que l'institution monarchique.

La société est, comme partout, dominée par les propriétaires du sol. Les ravages des guerres, la forte mortalité liée à la Peste noire au milieu du xive siècle, et aussi la force des liens d'homme à homme ont écarté les risques de conflits de classe, en particulier en facilitant la naissance d'une paysannerie de tenanciers libres dans les Lowlands ; les lords, freinés dans leurs usurpations et réformes agraires par la crainte des réactions des paysans, sont des guerriers et des rentiers et ne provoquent pas les conflits des enclosures si fréquents dès la fin du Moyen Âge dans l'Angleterre voisine.

Château d'Édimbourg - crédits : Marcus Brooke/ The Image Bank/ Getty Images

Château d'Édimbourg

Les bourgs royaux ont connu une fortune singulière, jaloux de leurs chartes de franchises, capables de les défendre grâce à l'organisation de milices en général bien entraînées et respectées. Même si se développent des patriciats urbains, les libertés des individus et des corporations sont préservées. Un commerce au loin en mer du Nord et en Baltique, comme en direction de Bordeaux ou de l'Espagne, enrichit des ports actifs, comme Glasgow ou Aberdeen. Édimbourg, où les Stuarts installent leur capitale,[...]

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Écrit par

  • : professeure des Universités, université polytechnique des Hauts-de-France
  • : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle

Classification

Pour citer cet article

Edwige CAMP-PIETRAIN et Roland MARX. ÉCOSSE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Royaume-Uni : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

Royaume-Uni : carte administrative

Château d’Eilean Donan, Écosse - crédits : Stocker1970/ Shutterstock

Château d’Eilean Donan, Écosse

Château d'Édimbourg - crédits : Marcus Brooke/ The Image Bank/ Getty Images

Château d'Édimbourg

Autres références

  • ADAMSON ROBERT (1821-1848)

    • Écrit par Universalis
    • 361 mots

    Photographe écossais né en 1821, à Berunside, mort en janvier 1848, à Saint Andrews (Écosse), Robert Adamson collabore avec David Octavius Hill (1802-1870) pour réaliser l'un des plus grands portraits photographiques du xixe siècle.

    Jeune chimiste, Robert Adamson ouvre le premier studio...

  • ANGUS MAC FERGUS (mort en 761?) roi des Pictes (731-? 761)

    • Écrit par Paul QUENTEL
    • 134 mots

    Angus (Hungus, Oengus, Onuist, Unuist) Mac Fergus, c'est-à-dire fils de Fergus, fut roi des Pictes pendant trente ans, probablement de 731 à 761. Un document fait remonter sa mort à 759, mais plusieurs autres la fixent en 761. Selon certaines sources, son règne fut intermittent. Il eut à livrer bataille...

  • BALLIOL ou BAILLEUL JOHN DE (1250 env.-1314) roi d'Écosse (1292-1296)

    • Écrit par Paul BENOÎT
    • 297 mots
    • 1 média

    D'une famille originaire de Bailleul (Somme), John Balliol hérite de terres en Écosse, en Angleterre et en France ; de sa mère lui vient le duché de Galloway. En 1290, à la mort de Margaret, la « demoiselle de Norvège », héritière du trône d'Écosse, il est un des treize prétendants à la succession...

  • BERWICK ON TWEED

    • Écrit par Paul BENOÎT
    • 151 mots
    • 1 média

    Ville du Northumberland située à l'embouchure de la Tweed. Berwick on Tweed ne prend de l'importance qu'à la fin du xie siècle, quand la frontière entre l'Écosse et l'Angleterre se fixe sur la Tweed. Convoitée par chacun des deux pays, elle change treize fois de mains avant...

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Voir aussi