Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

ÉCOSSE

  • Article mis en ligne le
  • Modifié le
  • Écrit par et

Réforme et conflits politiques

Les idées de John Wyclif et de Jan Hus sont relayées par celles de Luther. Patrick Hamilton est le premier martyr en 1528 ; il trouve un héritier spirituel en George Wishart qui, en 1544, revient d'un exil en Suisse et, des influences zurichoises, a retenu la nécessité de s'en tenir à la seule autorité des Écritures : il paye de sa vie, en 1546, ses « hérésies », mais lègue son message à son disciple favori, John Knox. Ce dernier séjourne en Angleterre sous Édouard VI, s'enfuit en Allemagne, puis à Genève au temps de Marie la Sanglante et revient en Écosse en 1555 porteur des vérités calvinistes ; un deuxième séjour à Genève de 1556 à 1559 le convainc de la nécessité d'organiser une « cité de Dieu ». Ainsi, la Réforme écossaise se place d'emblée au cœur du grand mouvement de protestantisme européen. Soutenue par l'initiative, en 1557, d'un puissant groupe aristocratique conduit par Argyll et Morton, la Réforme bénéficie alors du « Premier Covenant », qui exige des modifications rituelles importantes ; en 1560, le Parlement va plus loin, dénonce toute autorité de Rome, charge Knox et cinq autres théologiens de formuler un nouveau credo et de réorganiser l'Église ; la même année, la publication, en langue anglaise, d'une Confession de foi et du Premier Livre de discipline fonde le protestantisme écossais. Pour Knox, la société des hommes peut devenir le miroir du Royaume céleste à condition de respecter toujours la parole de Dieu que lui rappelleraient des clercs dévoués et aptes à manier l'arme de l'excommunication pour ramener tout contrevenant dans le droit chemin ; celui-ci est d'abord pavé des intentions et des actes les plus austères en matière de vie sexuelle et familiale : un ordre moral généralisé est escompté, avec l'aide de l'État et des grands, par ailleurs satisfaits de la sécularisation des biens monastiques. L'enseignement devient une mission sacrée que lois et ordonnances ne vont pas cesser de rappeler jusqu'à ce que l'ordonnance de 1616, ratifiée par le Parlement de 1633, en vienne à prévoir une école par paroisse ; ce qui est obtenu après les nouvelles lois de 1646 et 1696.

L'Écosse devient ainsi le modèle du monde puritain. Cela au prix de conflits intérieurs limités et, en particulier, de l'exil en Angleterre de Marie Stuart, contrainte à l'abdication en 1567, réfugiée captive auprès d'Élisabeth d'Angleterre entre 1568 et 1587, date de son exécution. Elle a été la touchante victime de ses mauvaises mœurs personnelles, de sa totale incompréhension du grand mouvement religieux qui soulevait son royaume, d'une politique étrangère par trop favorable à une France ralliée en majorité à la défense du catholicisme, d'ambitions dynastiques en Angleterre évidemment inacceptables pour la souveraine Tudor. Elle a aussi constitué, pendant sa captivité, l'épée de Damoclès rêvée par les Anglais pour obtenir une paix plus durable avec les Écossais.

À partir de 1603, l'Écosse fait partie d'un royaume que Jacques Ier (VI) entend appeler « de Grande-Bretagne ». Les premiers Stuarts anglais ne sont pas des adversaires de la Réforme, mais, férus d'absolutisme, ils croient voir dans un épiscopat le fondement d'une autorité dans l'Église qui serait la condition de la reconnaissance sans discussion du pouvoir royal dans la société civile : dès l'acquisition du trône anglais, Jacques a rétabli les évêques en Écosse, alors qu'ils avaient disparu depuis 1588. Charles Ier a la malencontreuse idée, en 1637, de vouloir introduire dans son royaume du Nord le rituel anglican : il provoque l'ire de ses sujets qui, au nom d'un Covenant renouvelé, s'insurgent contre leur souverain. La guerre écossaise,[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeure des Universités, université polytechnique des Hauts-de-France
  • : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle

Classification

Pour citer cet article

Edwige CAMP-PIETRAIN et Roland MARX. ÉCOSSE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 15/06/2021

Médias

Royaume-Uni : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

Royaume-Uni : carte administrative

Château d’Eilean Donan, Écosse - crédits : Stocker1970/ Shutterstock

Château d’Eilean Donan, Écosse

Château d'Édimbourg - crédits : Marcus Brooke/ The Image Bank/ Getty Images

Château d'Édimbourg

Autres références

  • ADAMSON ROBERT (1821-1848)

    • Écrit par
    • 361 mots

    Photographe écossais né en 1821, à Berunside, mort en janvier 1848, à Saint Andrews (Écosse), Robert Adamson collabore avec David Octavius Hill (1802-1870) pour réaliser l'un des plus grands portraits photographiques du xixe siècle.

    Jeune chimiste, Robert Adamson ouvre le premier studio...

  • ANGUS MAC FERGUS (mort en 761?) roi des Pictes (731-? 761)

    • Écrit par
    • 134 mots

    Angus (Hungus, Oengus, Onuist, Unuist) Mac Fergus, c'est-à-dire fils de Fergus, fut roi des Pictes pendant trente ans, probablement de 731 à 761. Un document fait remonter sa mort à 759, mais plusieurs autres la fixent en 761. Selon certaines sources, son règne fut intermittent. Il eut à livrer bataille...

  • BALLIOL ou BAILLEUL JOHN DE (1250 env.-1314) roi d'Écosse (1292-1296)

    • Écrit par
    • 297 mots
    • 1 média

    D'une famille originaire de Bailleul (Somme), John Balliol hérite de terres en Écosse, en Angleterre et en France ; de sa mère lui vient le duché de Galloway. En 1290, à la mort de Margaret, la « demoiselle de Norvège », héritière du trône d'Écosse, il est un des treize prétendants à la succession...

  • BERWICK ON TWEED

    • Écrit par
    • 151 mots
    • 1 média

    Ville du Northumberland située à l'embouchure de la Tweed. Berwick on Tweed ne prend de l'importance qu'à la fin du xie siècle, quand la frontière entre l'Écosse et l'Angleterre se fixe sur la Tweed. Convoitée par chacun des deux pays, elle change treize fois de mains avant...

  • Afficher les 51 références