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HISTORIQUE ALLEMANDE ÉCOLE

Le socialisme de la Chaire

La révolution de 1848 marque une rupture sensible en Allemagne d'où va naître la seconde école historique, dont les membres les plus importants sont Gustav Schmoller (1838-1917) et Adolf Wagner (1835-1917). L'un et l'autre s'opposent non seulement aux idées néo-classiques, qui pour eux prennent la forme des idées autrichiennes, mais aussi à la montée en puissance du socialisme collectiviste. Knies était politiquement libéral, Wagner insiste sur les vertus de l'autorité de l'État et se définit comme un « socialiste de la chaire », intellectuel engagé dans le refus tant de l'automatisme du marché que du marxisme.

Continuité théorique, la seconde école reste protectionniste. Devenue une entité politique puissante après 1871, l'Allemagne prétend devenir la rivale économique de la Grande-Bretagne. Pour cela, il ne faut pas se perdre dans les raisonnements abstraits des économistes de Vienne comme Carl Menger ou Eugen von Böhm-Bawerk, mais définir en collant au plus près à la réalité une politique économique offensive, qui passe entre autres par la protection du marché intérieur.

Schmoller se concentre sur des travaux d'analyse de séries statistiques, qui à la longue se révèlent trop détaillés pour permettre l'expression concrète d'une politique économique. Néanmoins, il s'investit dans la vie politique, de même que Wagner qui conseille Bismarck. Wagner soutient que la croissance crée un sentiment d'inégalité et donc des frustrations sociales qui appellent une intervention de l'État. D'où la « loi de Wagner », selon laquelle le poids des dépenses publiques dans la production ne peut qu'augmenter avec le temps.

Les tenants de l'école historique allemande apportent leur soutien aux thèses hégémoniques du pangermanisme. La défaite de 1918 amorce le déclin de l'école et, après 1945, plus aucun économiste allemand ne s'inscrira dans cette logique intellectuelle.

— Jean-Marc DANIEL

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Pour citer cet article

Jean-Marc DANIEL. HISTORIQUE ALLEMANDE ÉCOLE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • BÜCHER KARL (1847-1930)

    • Écrit par Raymond ECHES
    • 284 mots

    Professeur d'économie politique à Dorpat, à Munich, à Bâle, à Karlsruhe et à Leipzig, Karl Bücher fut un des principaux animateurs de l'école historique d'économie politique nationale. Il fonda et dirigea, à Leipzig, l'important institut pour l'étude de la presse....

  • ÉCONOMIE (Définition et nature) - Objets et méthodes

    • Écrit par Henri GUITTON
    • 6 478 mots
    ...explicitement cette science pure ; ils dégagent des lois économiques, énoncées sous forme de théorèmes. Là précisément surgit une querelle : elle naît avec l'école dite historique ou historiciste, dont les représentants, dès le milieu du xixe siècle, sont en majorité de langue germanique (Roscher,...
  • ÉCONOMIE SOCIOLOGIE DE L'

    • Écrit par Frédéric LEBARON
    • 4 595 mots
    • 1 média
    ..., etc.), dans une période de crise et de remise en cause de la théorie économique dominante, marquée par la querelle des méthodes (Methodenstreit) entre l'école historique allemande et la théorie néoclassique et par le développement d'une économie « marxiste ». Pour les promoteurs d'une économie...
  • ÉCONOMIE (Histoire de la pensée économique) - Les grands courants

    • Écrit par Jérôme de BOYER
    • 8 689 mots
    • 10 médias
    La théorie néoclassique n'a pas remplacé la théorie classique sans difficulté, notamment en dehors de l'Angleterre. En Allemagne, l'école historique souligne les dimensions institutionnelle, politique et sociale des phénomènes économiques. Plutôt que privilégier la notion d'équilibre, l'analyse...
  • Afficher les 11 références

Voir aussi