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BOURGOGNE DUCHÉ DE

Les ducs capétiens

La vigueur avec laquelle Richard le Justicier (mort en 921) repoussa les Normands et rassembla les terres «  bourguignonnes », au sein desquelles se trouvaient Troyes, Sens et Auxerre (mais non Mâcon), profita à son fils Raoul, qui fut élu roi de France (923) ; mais la réaction carolingienne condamna le frère de ce dernier, Hugues le Noir (936-952), à ne posséder que le sud du duché, qu'il réunira du reste à la future Franche-Comté. Après 956, les deux frères d'Hugues Capet se succédèrent à la tête d'un duché qui avait retrouvé son étendue première. Le second d'entre eux, Henri Ier, laissa en 1002 un héritage que se disputèrent son fils adoptif, Otte Guillaume, et son neveu, le roi Robert le Pieux. Celui-ci l'emporta (1005), ce qui eut pour conséquence le démembrement de l'ancien duché : Troyes et Sens cessent de lui appartenir (on continue cependant à les dire « en Bourgoigne » pendant des siècles) ; Auxerre et Nevers constituent une nouvelle principauté relevant de la Couronne ; Langres devient une seigneurie épiscopale. C'est la région de Dijon, de Beaune, d'Autun, d'Avallon et de Châtillon-sur-Seine qui constitue à partir de 1016 le duché capétien de Bourgogne.

La succession des ducs capétiens se déroule pratiquement sans heurts jusqu'à l'extinction de la dynastie (1361). Tout au plus, une crise passagère détache-t-elle du duché en 1272 le futur comté de Charolais, qui reste cependant dans la vassalité ducale. Les Capétiens de Bourgogne, qui sous Hugues III (1162-1192) ont fait un instant mine d'intriguer avec l'empereur, sont de fidèles vassaux du roi de France. Aussi peuvent-ils se consacrer sans rencontrer d'opposition à un fructueux rassemblement de terres, domaines et mouvances, en acquérant notamment, en 1237, Auxonne et le comté de Chalon.

Cluny et Cîteaux

La Bourgogne est à cette époque le théâtre d'un mouvement religieux intense. Les monastères bénédictins se groupent autour de l'abbaye de Cluny (fondée en 911), qui prend la tête d'une congrégation monastique très étendue. Ce réveil de la vie religieuse entraîne des constructions monumentales : la grande abbatiale de Cluny III, bâtie par saint Hugues (1049-1109), est un chantier où passent et où se forment des constructeurs et des sculpteurs qui répandent dans toute la région un art roman très évolué, dont la cathédrale d'Autun est le principal témoignage actuel ; l'abbatiale de Vézelay, d'un type architectural un peu différent, reste fidèle à la sculpture clunisienne. Cependant, la forme de vie prônée par Cluny ne convient pas à tous, particulièrement pas à ceux qui sont appelés à plus d'ascétisme et à une vie plus érémitique. Ces derniers se regroupent sous la direction de l'abbé Robert, à Molesme, puis à Cîteaux (fondé en 1098). L'ordre cistercien prend un essor considérable grâce à l'ardente parole de Bernard de Fontaine-lès-Dijon, abbé de Clairvaux. Une émulation se crée avec Cluny. Les monuments que l'on doit à cet ordre, telle l'église de Fontenay, témoignent d'un grand dépouillement. À cette expansion romane répond une expansion gothique qui est loin d'être négligeable : l'église Notre-Dame de Dijon est un des édifices gothiques qui ont exercé une grande influence.

Autun - crédits : Herve Champollion/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Autun

Sainte-Madeleine, Vézelay - crédits : Peter Willi/  Bridgeman Images

Sainte-Madeleine, Vézelay

L'essor urbain et les premières institutions ducales

À la même époque se dessine un essor urbain en relation avec le renouveau économique : les chartes communales octroyées à Dijon (1187), à Beaune et à six ou sept autres villes, les franchises obtenues par les autres favorisent l'enrichissement d'une bourgeoisie marchande, qui tire profit de la variété des ressources de la province et de sa situation économique (foires de Chalon-sur-Saône). Ce mouvement se maintient jusqu'aux grandes[...]

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Écrit par

  • : doyen de la faculté des lettres et sciences humaines de Dijon
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Universalis et Jean RICHARD. BOURGOGNE DUCHÉ DE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

400 à 500. Royaumes barbares - crédits : Encyclopædia Universalis France

400 à 500. Royaumes barbares

Autun - crédits : Herve Champollion/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Autun

Sainte-Madeleine, Vézelay - crédits : Peter Willi/  Bridgeman Images

Sainte-Madeleine, Vézelay

Autres références

  • ABBAYES DE CLUNY - (repères chronologiques)

    • Écrit par Christophe MOREAU
    • 324 mots

    909-910 L'abbaye de Cluny est fondée par le duc d'Aquitaine Guillaume III le Pieux sur l'un de ses domaines en Bourgogne. Elle fut placée sous la protection directe du pape.

    910-927 Abbatiat de Bernon, le fondateur de l'ordre. Il lance alors le chantier de l'abbaye....

  • AUTUN

    • Écrit par Jean RICHARD
    • 879 mots
    • 3 médias

    Augustodunum fut fondée vers ~ 10 pour remplacer Bibracte comme chef-lieu de la cité des Éduens. Entourée d'une vaste enceinte, au carrefour de voies importantes, dotée de monuments imposants, elle connut en particulier une activité de type universitaire dont témoignent les Panégyriques...

  • BEDFORD JEAN DE LANCASTRE duc de (1389-1435)

    • Écrit par Paul BENOÎT
    • 747 mots

    Troisième fils d'Henri IV d'Angleterre, Jean de Lancastre est fait duc de Bedford par son frère Henri V en 1414. Mêlé très jeune aux luttes politiques, il soutient son frère qui lui confie la lieutenance du royaume lors de ses expéditions en France. À ce titre, il prend Berwick aux Écossais...

  • BELGIQUE - Histoire

    • Écrit par Guido PEETERS
    • 20 670 mots
    • 16 médias
    ...se détériorait (vers 1320). Le dernier comte de Flandre, Louis de Male, avait donné sa fille Marguerite en mariage au Valois Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, qui lui succéda en 1384. On aurait pu craindre que la Flandre passât définitivement sous la domination française. Ce fut le contraire : la Flandre...
  • Afficher les 33 références

Voir aussi