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BOURGOGNE DUCHÉ DE

Les Valois : Jean sans Peur et Charles le Téméraire

Bourgogne, 1363-1477 - crédits : Encyclopædia Universalis France

Bourgogne, 1363-1477

Jean le Bon, après en avoir confirmé l'autonomie administrative et les privilèges, hérita en 1361 du duché en se donnant comme le plus proche parent du dernier duc capétien. Mais, dès 1363, il abandonna le duché de Bourgogne à son quatrième fils, Philippe le Hardi. Le premier des Valois de Bourgogne eut d'abord à lutter contre les routiers qui avaient envahi la Bourgogne sur les traces des Anglais, avec lesquels il avait fallu passer en 1360 le traité de Guillon. Mais il dut à son mariage avec Marguerite de Flandre de réunir à son duché les domaines de la maison de Flandre : Flandre et Artois, mais aussi Franche-Comté et Nevers. Ceux-ci constituent avec le duché le groupe des « pays de Bourgogne » pour lesquels s'institue à Dijon un véritable gouvernement central, dont les organes sont le gouverneur, la chambre du conseil (fondée en 1386) et la chambre des comptes. Toutefois les « grands jours » continuent à siéger à la fois à Beaune (pour les terres relevant du royaume) et à Saint-Laurent-lès-Chalon (pour celles qui relèvent de l'Empire).

Cet ensemble de territoires fut réduit sous Jean sans Peur (1404-1419) du fait de l'attribution de Nevers à un cadet. L'acquisition du comté de Tonnerre, enlevé par le duc au comte Louis, partisan des Armagnacs, devait être éphémère, à la différence de celle du Charolais, acheté en 1390. Mais, en 1417, le ralliement de Mâcon et d'Auxerre au parti bourguignon prélude au rattachement au duché de ces deux comtés et de Bar-sur-Seine. Celui-ci, consenti en 1424 par le roi lancastrien, est confirmé en 1435 par le traité d'Arras, qui y ajoute les élections royales.

Sévèrement éprouvé par la lutte contre les routiers, contre les Armagnacs, par le passage des écorcheurs et, plus tard, par les guerres entre Louis XI et Charles le Téméraire, le duché devait cependant profiter de la fortune de la maison de Bourgogne. Les ducs entendaient faire de Dijon une capitale véritable, aussi y construisirent-ils un palais ducal, la chambre des comptes et surtout la Chartreuse de Champmol ; fondée par Philippe le Hardi pour être la nécropole de sa lignée, celle-ci devint, grâce à des artistes appelés de Paris et des pays du Nord – tel Claus Sluter – un prodigieux foyer artistique. Philippe le Bon restait encore fidèle à la ville lorsqu'il fixa à la Sainte-Chapelle de Dijon le siège de l'ordre de la Toison d'or. C'est après 1430 que Bruxelles commença à éclipser Dijon comme résidence ducale. Mais les Bourguignons peuplaient l'entourage ducal et les administrations des pays septentrionaux : beaucoup d'entre eux firent au service du duc de belles fortunes, tel l'Autunois Nicolas Rolin, le fondateur de l'Hôtel-Dieu de Beaune, ou Philippe Pot, qui construisit les magnifiques châteaux de Châteauneuf et de la Rochepot. La Bourgogne participa ainsi au prestige et au luxe de la cour bourguignonne.

Chartreuse de Champmol, (Dijon) - crédits : François Perrodin/ Bibliothèque municipale de Dijon

Chartreuse de Champmol, (Dijon)

Puits de Moïse, Chartreuse de Champmol, Dijon - crédits : J.L. Duthu/ 2004, Inventaire Général

Puits de Moïse, Chartreuse de Champmol, Dijon

Au cours de cette période prend forme l'institution des états de Bourgogne, que Jean le Bon avait réunis pour la première fois durant sa régence. Philippe le Hardi se servit d'eux pour acquérir à l'égard de la royauté française une indépendance fiscale : en particulier par l'exonération des impôts indirects (les aides). Les états, qui réunissaient les seigneurs nobles ou ecclésiastiques et les représentants des villes, allaient jouer un rôle essentiel après la réunion de la Bourgogne à la couronne de France.

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Écrit par

  • : doyen de la faculté des lettres et sciences humaines de Dijon
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Universalis et Jean RICHARD. BOURGOGNE DUCHÉ DE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

400 à 500. Royaumes barbares - crédits : Encyclopædia Universalis France

400 à 500. Royaumes barbares

Autun - crédits : Herve Champollion/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Autun

Sainte-Madeleine, Vézelay - crédits : Peter Willi/  Bridgeman Images

Sainte-Madeleine, Vézelay

Autres références

  • ABBAYES DE CLUNY - (repères chronologiques)

    • Écrit par Christophe MOREAU
    • 324 mots

    909-910 L'abbaye de Cluny est fondée par le duc d'Aquitaine Guillaume III le Pieux sur l'un de ses domaines en Bourgogne. Elle fut placée sous la protection directe du pape.

    910-927 Abbatiat de Bernon, le fondateur de l'ordre. Il lance alors le chantier de l'abbaye....

  • AUTUN

    • Écrit par Jean RICHARD
    • 879 mots
    • 3 médias

    Augustodunum fut fondée vers ~ 10 pour remplacer Bibracte comme chef-lieu de la cité des Éduens. Entourée d'une vaste enceinte, au carrefour de voies importantes, dotée de monuments imposants, elle connut en particulier une activité de type universitaire dont témoignent les Panégyriques...

  • BEDFORD JEAN DE LANCASTRE duc de (1389-1435)

    • Écrit par Paul BENOÎT
    • 747 mots

    Troisième fils d'Henri IV d'Angleterre, Jean de Lancastre est fait duc de Bedford par son frère Henri V en 1414. Mêlé très jeune aux luttes politiques, il soutient son frère qui lui confie la lieutenance du royaume lors de ses expéditions en France. À ce titre, il prend Berwick aux Écossais...

  • BELGIQUE - Histoire

    • Écrit par Guido PEETERS
    • 20 670 mots
    • 16 médias
    ...se détériorait (vers 1320). Le dernier comte de Flandre, Louis de Male, avait donné sa fille Marguerite en mariage au Valois Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, qui lui succéda en 1384. On aurait pu craindre que la Flandre passât définitivement sous la domination française. Ce fut le contraire : la Flandre...
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Voir aussi