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PÉRIGLACIAIRE DOMAINE

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Les systèmes morphogéniques

Les systèmes morphogéniques périglaciaires résultent de combinaisons réalisées entre des actions météoriques, des processus morphogéniques et de grands agents d'évacuation des matériaux. Leurs activités sont essentiellement réglées par l'intensité, la durée et la fréquence du gel.

Actions météoriques

La primauté du gel s'exprime par une nette prépondérance des actions mécaniques sur les processus chimiques et biochimiques. Son intervention sur les roches provoque une contraction des minéraux, qui paraît toutefois incapable d'entraîner une fragmentation. En revanche, le gel à l'état humide constitue un puissant agent de débitage. Cette gélifraction, ou cryoclastie, tient à l'augmentation de volume d'environ 9 p. 100 qui accompagne la transformation de l'eau libre des roches en glace, et crée des tensions internes engendrant des ruptures.

Selon l'importance et l'agencement de leurs vides, les roches sont plus ou moins gélives. Très poreuse, la craie est très sensible au gel et se fragmente en granules ; les roches à structure schisteuse se débitent aussi aisément en paillettes. À cette microgélifraction s'oppose la macrogélifraction des roches compactes, caractérisée par le délogement de gros blocs, dû à l'exploitation par le gel des réseaux de fissures constitués par les diaclases, les plans de clivage ou les joints de stratification.

Mais ces types de fragmentation dépendent aussi des modalités du gel. Le premier correspond au gel modéré et superficiel des climats périglaciaires maritimes (îles australes, Islande et Groenland du Sud-Ouest) et de ceux des hautes montagnes tropicales à alternances gel-dégel journalières. Les variétés continentales à gel intense et prolongé, caractérisées par quelques alternances gel-dégel saisonnières, engendrent le second.

Toutes les autres actions météoriques ne jouent qu'un rôle secondaire et local. Ainsi, la dissolution s'exerce aux dépens des calcaires, avec une certaine efficacité dans les régions suffisamment humides, d'autant plus que les eaux de fonte de neige, froides, ont des teneurs élevées en dioxyde de carbone. Il existe des karsts à lapiés et à grottes sous les hautes latitudes (Spitzberg, Laponie). En revanche, les basses températures, l'insuffisance fréquente d'eau, la médiocrité de la végétation ou son absence réduisent considérablement les actions chimiques et biochimiques. Des migrations limitées d'oxydes métalliques, suivies de leur reconcentration par évaporation, élaborent toutefois de minces croûtes et des vernis ferro-manganiques (nord du Canada, Antarctique).

Processus morphogéniques

Les processus morphogéniques s'exercent sur les éléments des roches meubles comme sur les débris fournis par la gélifraction. Les plus efficaces d'entre eux dépendent étroitement du gel.

La cryoturbation représente la gamme de phénomènes les plus remarquables et les plus spécifiques du domaine périglaciaire. À son origine, il y a la pénétration du gel dans le sol, à une vitesse et jusqu'à une profondeur variant avec sa compacité, sa teneur en eau et l'importance de la couverture isolante de neige et de végétation. Dans les régions à climats très rudes, l'épaisseur de sol et de sous-sol gelés atteint plusieurs centaines de mètres et représente, pour une bonne part, un héritage des périodes froides quaternaires (Sibérie du Nord, Alaska). Pendant un bref été, seule la partie supérieure dégèle, sur une épaisseur qui n'excède guère 2 mètres dans les cas les plus favorables. Ainsi se différencie le pergélisol, gelé en permanence, du mollisol, alternativement gelé et dégelé selon les saisons. Cette dernière couche, active, qui exprime les diverses conséquences de ces changements d'état de l'eau gagne actuellement sur[...]

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Écrit par

  • : professeur des Universités, professeur émérite à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
  • : professeur à l'université de Paris-VII-Denis-Diderot

Classification

Pour citer cet article

Roger COQUE et François DURAND-DASTÈS. PÉRIGLACIAIRE DOMAINE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 25/03/2009

Médias

Domaine périglaciaire dans l'hémisphère Nord - crédits : Encyclopædia Universalis France

Domaine périglaciaire dans l'hémisphère Nord

Versant de gélifraction dans les calcaires - crédits : Encyclopædia Universalis France

Versant de gélifraction dans les calcaires

Autres références

  • ALASKA

    • Écrit par et
    • 6 048 mots
    • 10 médias
    Au nord du cercle polaire, la chaîne de Brooks, massive et peu élevée, s'étend sur 1 000 km environ, de la frontière canadienne à la mer des Tchouktches. Les altitudes moyennes sont de l'ordre de 1 500 m, quoique la chaîne culmine près de la frontière canadienne à plus de 2 700 m. Peu de glaciers subsistent,...
  • GEEST

    • Écrit par
    • 243 mots

    Mot allemand issu du frison güst (infertile), la « geest » qualifie des « pays », des régions de la grande plaine du Nord, principalement en Basse-Saxe. L'emploi du terme a été généralisé par les géographes qui, dans cette grande plaine d'origine glaciaire, distinguent, par l'examen...

  • GLACE

    • Écrit par
    • 7 940 mots
    • 9 médias
    ...sont soulevés par une lentille de glace lors du gel ; au dégel le vide créé se remplit de boue et la pierre ou le piquet ne redescendent pas. Bien que ce phénomène soit bien connu des agriculteurs de nos régions, les géomorphologues l'ont étudié spécialement dans les régions arctiques, où en profondeur le...
  • MACKENZIE, fleuve

    • Écrit par et
    • 3 565 mots
    • 2 médias

    Le fleuve Mackenzie draine un bassin hydrographique d'environ 1 805 000 kilomètres carrés, soit le plus grand du Canada. C'est le deuxième fleuve d'Amérique du Nord après le système Mississippi-Missouri. De la source de la rivière Finlay, qui se jette dans le lac Williston (formé par la retenue des...