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PÉRIGLACIAIRE DOMAINE

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Les modelés et les formes de relief périglaciaires

Différentes familles de modelés et de formes périglaciaires résultent de l'activité des systèmes morphogéniques.

Modelés de versants

Quatre types essentiels de modelés de versants correspondent aux principales combinaisons réalisées entre les divers processus morphogéniques.

Versant de gélifraction dans les calcaires - crédits : Encyclopædia Universalis France

Versant de gélifraction dans les calcaires

Les versants de gélifraction résultent de la fragmentation par le gel d'une paroi de roches cohérentes telles que calcaire, grès, granite. La partie rocheuse est uniforme ou découpée en clochetons et en pinacles, à la faveur de l'exploitation de diaclases ou de ravins par la gélifraction. Ses débris s'accumulent à la base, par gravité, en cônes aux débouchés des ravins et en tabliers dans les intervalles. À mesure de l' ablation, la partie rocheuse tend à s'aligner dans le prolongement de ces éboulis ordonnés, plus ou moins perturbés par la gélifluxion et le ruissellement de fonte. Ainsi s'élaborent des versants réglés, au profil rectiligne, dont la pente n'excède pas une trentaine de degrés.

Les versants de gélifluxion se développent dans un matériel argilo-limoneux favorable aux mouvements de masse. Tous offrent un modelé chaotique aux aspects variables selon les modalités du phénomène. Lorsque la pente est faible, le glissement en nappe se traduit par une microtopographie de rides, de bourrelets et de petits bombements. Son accélération sur une pente plus ou moins forte crée des versants boursouflés par des loupes de solifluxion et sillonnés par des déchirures vives. D'innombrables gradins, malencontreusement dénommés « terrassettes » ou « pieds de vache », caractérisent des versants raides et particulièrement dynamiques. Très souvent, des chevelus d'égratignures vives trahissent, sur tous ces versants, une intervention secondaire du ruissellement de fonte diffus.

Les versants à « replats-goletz » restent plus énigmatiques. Coupés par des piliers horizontaux, parfois d'une centaine de mètres de largeur, des talus raides de plusieurs mètres de hauteur les séparant, ils se localisent dans les régions de climats rudes (Sibérie). Des produits de gélifraction grossiers soulignent les talus, alors que les replats ne comportent que du matériel fin cryoturbé, ce qui implique la fourniture de débris hétérogènes par le gel et des effets de triage au cours de leurs déplacements. Un tel modelé résulte d'une combinaison complexe, encore mal définie, entre la gélifraction, la gélifluxion et la cryoturbation.

Les versants à couloirs d'avalanches caractérisent l'étage périglaciaire des moyennes montagnes, principalement dans le domaine tempéré et les régions à climats relativement neigeux des hautes latitudes (Spitzberg occidental). Leurs sillons, profonds et rectilignes, résultent de l'ablation exercée par les avalanches de fond déclenchées lors de réchauffements brusques. En revanche, les avalanches sèches et poudreuses des hautes montagnes restent sans effet géomorphologique.

Modelés et formes fluviatiles

Les modelés et les formes fluviatiles se différencient en fonction de l'importance des organismes d'écoulement. Au creux des vallons en berceau, les petites rivières locales se perdent dans la masse des débris amenés des versants, qu'elles sont impuissantes à évacuer. Mieux alimentés par des reliefs importants, les écoulements de piémont déposent, sur le sol encore gelé, des pellicules de matériaux anguleux en cônes aplatis aux génératrices rectilignes. Étalés sur des kilomètres, ils constituent, par coalescence, de vastes glacis d'accumulation dont l'épaisseur ne dépasse pas quelques mètres (sandr).

Les grands fleuves arctiques ont, à la fois, une action d'ablation et d'accumulation. Le choc des radeaux de glace et des gros blocs contre les berges dégelées entraîne un sapement latéral actif,[...]

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Écrit par

  • : professeur des Universités, professeur émérite à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
  • : professeur à l'université de Paris-VII-Denis-Diderot

Classification

Pour citer cet article

Roger COQUE et François DURAND-DASTÈS. PÉRIGLACIAIRE DOMAINE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 25/03/2009

Médias

Domaine périglaciaire dans l'hémisphère Nord - crédits : Encyclopædia Universalis France

Domaine périglaciaire dans l'hémisphère Nord

Versant de gélifraction dans les calcaires - crédits : Encyclopædia Universalis France

Versant de gélifraction dans les calcaires

Autres références

  • ALASKA

    • Écrit par et
    • 6 048 mots
    • 10 médias
    Au nord du cercle polaire, la chaîne de Brooks, massive et peu élevée, s'étend sur 1 000 km environ, de la frontière canadienne à la mer des Tchouktches. Les altitudes moyennes sont de l'ordre de 1 500 m, quoique la chaîne culmine près de la frontière canadienne à plus de 2 700 m. Peu de glaciers subsistent,...
  • GEEST

    • Écrit par
    • 243 mots

    Mot allemand issu du frison güst (infertile), la « geest » qualifie des « pays », des régions de la grande plaine du Nord, principalement en Basse-Saxe. L'emploi du terme a été généralisé par les géographes qui, dans cette grande plaine d'origine glaciaire, distinguent, par l'examen...

  • GLACE

    • Écrit par
    • 7 940 mots
    • 9 médias
    ...sont soulevés par une lentille de glace lors du gel ; au dégel le vide créé se remplit de boue et la pierre ou le piquet ne redescendent pas. Bien que ce phénomène soit bien connu des agriculteurs de nos régions, les géomorphologues l'ont étudié spécialement dans les régions arctiques, où en profondeur le...
  • MACKENZIE, fleuve

    • Écrit par et
    • 3 565 mots
    • 2 médias

    Le fleuve Mackenzie draine un bassin hydrographique d'environ 1 805 000 kilomètres carrés, soit le plus grand du Canada. C'est le deuxième fleuve d'Amérique du Nord après le système Mississippi-Missouri. De la source de la rivière Finlay, qui se jette dans le lac Williston (formé par la retenue des...