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DIVINATION

Les techniques divinatoires inductives

C'est probablement à la civilisation préhistorique de la chasse qu'il faut faire remonter les plus anciennes techniques divinatoires connues, celles qui se rapportent à l' extispicine, c'est-à-dire à l'examen des viscères afin d'y découvrir des messages prémonitoires, procédé pratiqué en Mésopotamie dès le IIIe millénaire avant l'ère chrétienne. Il importe, en effet, de rappeler que l'on ne possède pas de témoignages d'utilisation d'oracles et de prophéties, c'est-à-dire de techniques divinatoires intuitives dans l'Égypte pharaonique avant Thoutmosis III et Hatchepsout, vers 1500 av. J.-C., alors que la pratique archaïque de l'extispicine mésopotamienne est attestée par des prédictions se rapportant à Sargon d'Akkad (2334-2279).

Le Zodiaque n'apparaît en Égypte qu'au iiie siècle avant l'ère chrétienne (ostracon démotique de Strasbourg, no 521) et il n'est entièrement constitué à Babylone qu'au ive siècle avant notre ère. En fait, les horoscopes proprement dits sont extrêmement rares en Mésopotamie et la plus ancienne date que l'on puisse attribuer à un exemplaire isolé n'est pas antérieure à 410 av. J.-C. On peut remarquer que, dans l'ancien Israël, l' astrologie, la « science des Chaldéens », probablement de source hellénistique, conserva le caractère d'une science étrangère et suspecte. Les rabbins insistent sur le fait que si l'astrologie permet de prédire le destin des nations, Israël échappe à cette loi, car, disent-ils, « il n'y a pas pour Israël de mazzâl », c'est-à-dire de destinée fixée par les astres. Certains docteurs admettaient toutefois la validité des prédictions astrologiques individuelles. Rabba enseignait que « la vie, les enfants, la prospérité ne dépendent pas de la piété, mais du mazzâl » (Mo'edQaton, 28 a). En revanche, Rabbi Akiba affirme que, même pour un simple Israélite, le mazzâl n'est pas irrévocable. Il en donne pour exemple sa propre fille. Les Chaldéens lui avaient prédit qu'elle mourrait le jour de ses noces, victime d'une morsure de serpent. Le jour venu, elle découvrit un serpent caché dans sa chambre et elle le tua. Elle avait été délivrée en effet de la mort par un acte de charité accompli auparavant (Shabbat, 156 b). Ces contradictions dont on pourrait citer d'autres exemples suffisent à montrer que la « science des Chaldéens » ne paraît pas avoir pénétré chez les Juifs au temps de la captivité de Babylone. Seul, le livre de Daniel révèle la connaissance de quelques symboles astrologiques.

Dans l'Iran ancien, l'Avesta ignore l'astrologie et celle-ci n'est pas antérieure, en Asie Mineure, au iie siècle avant notre ère. En Grèce, la divination astrologique est inconnue avant l'époque hellénistique et son expansion date de la fusion qui s'opéra entre la culture grecque et les cultures orientales, après les conquêtes d'Alexandre. En revanche, la divination étrusque et romaine a fait une part considérable aux techniques inductives et raisonnées de l'extispicine dont les sources assyro-babyloniennes sont incontestables. L'influence des astrologues chaldéens à Rome a été bien plus tardive et leur importance sociale ne peut pas même être comparée à celle des haruspices.

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Écrit par

  • : historien des sciences et des techniques, ingénieur conseil

Classification

Pour citer cet article

René ALLEAU. DIVINATION [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • AMÉRIQUE LATINE - Les religions afro-américaines

    • Écrit par Roger BASTIDE
    • 3 175 mots
    • 1 média
    ...religion yoruba qui domine. Peut-être cependant a-t-elle conservé plus qu'au Brésil la mémoire des mythes ; surtout, les babalaô ont maintenu, à côté de la divination par des coquillages, la divination par des noix coupées en deux, qui est celle des babalaô africains. Mais, outre cette religion yoruba, appelée...
  • ASSYRO-BABYLONIENNE RELIGION

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  • ASTROLOGIE

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    ...calendrier comportant les noms des saints et les phases de la lune. Chez Nostradamus, au milieu du xvie siècle, chaque mois est marqué d'un quatrain. La pronostication étudie la météorologie, saison par saison, mois par mois, mais elle comporte aussi une étude d'un certain nombre de pays ou de monarques...
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