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HAMMETT DASHIELL (1894-1961)

Père du thriller et maître du genre, Dashiell Hammett fut mille fois copié, jamais égalé (sauf peut-être par Raymond Chandler). Il a très peu publié : en tout cinq romans et quelques nouvelles. Cette production est également très limitée dans le temps : les grands chefs-d'œuvre, La Moisson rouge (Red Harvest, 1929), Le Faucon maltais (The Maltese Falcon, 1930) et La Clé de verre (The Glass Key, 1931) s'inscrivent dans une période très brève. Suivent trente ans de silence.

L'univers de Hammett révèle un pessimisme presque absolu. L'écrivain porte sur la société américaine un regard sans illusion et sans espoir. Omnipotence des rackets, corruption de la police, règne de l'argent, tous ces thèmes sont devenus des clichés du thriller, mais peu d'écrivains les ont à ce point poussés au noir. Dans un monde perçu comme irrémédiablement pourri, la survie passe par la morale individuelle. Qu'ils soient gangsters ou détectives, les personnages principaux adhèrent farouchement au même code : entêtement, courage et endurance constituent le triptyque qui permet le respect de soi-même, seule valeur tangible dans un milieu où les motivations d'ordre éthique n'existent pas. Aucun donquichottisme, aucun réformisme. Aucun psychologisme non plus. Au contraire, le refus de la psychologie. L'écriture est résolument et totalement béhavioriste ; jamais la moindre allusion aux pensées ou aux sentiments d'un personnage. D'où une ambiguïté constante, que l'on trouve par exemple dans La Clé de verre, sans doute le roman le plus représentatif de Hammett, le plus glacé et le plus trouble.

Béhaviorisme systématique, art du tempo, sens du raccourci, écriture rapide et brutale, dialogues percutants, pleins de verve et parfois d'humour ; l'art de Dashiell Hammett est très proche d'un autre genre, qui s'est immédiatement emparé de lui, et qu'il a influencé : le cinéma.

— Jean-Paul ROSPARS

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Écrit par

  • : agrégé de l'Université, maître assistant à l'Institut Charles-V, université de Paris-VII-Denis-Diderot

Classification

Pour citer cet article

Jean-Paul ROSPARS. HAMMETT DASHIELL (1894-1961) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • CHANDLER RAYMOND (1888-1959)

    • Écrit par Jean-Paul ROSPARS
    • 546 mots
    • 1 média

    Avec Dashiell Hammett, Raymond Chandler est l'un des grands maîtres du thriller. Hammett et Chandler ont en commun le sens de l'action et un art du dialogue où éclatent les plus belles qualités de la langue américaine : la brièveté, le « punch » et un humour qui repose en grande partie sur des images...

  • HELLMAN LILIAN (1905-1984)

    • Écrit par André-Charles COHEN
    • 456 mots

    En 1981, Elizabeth Taylor choisit pour sa rentrée théâtrale à Broadway la pièce The Little Foxes (1939), de la dramaturge Lilian Hellman. Adaptée à l'écran sous le titre La Vipère par William Wyler en 1941 et jouée par Bette Davis, cette pièce devait être par la suite traduite et interprétée...

  • POLICIER FILM

    • Écrit par Universalis, Jean TULARD
    • 4 270 mots
    • 5 médias
    ...cinéma muet s'inspirait de Gaston Leroux ou de Maurice Leblanc, c'est à une autre source que puise le film policier américain entre 1940 et 1955 : Dashiell Hammett, James Cain, Raymond Chandler, William Irish, ou Hemingway. Parmi les scénaristes qui travaillent à Hollywood : Steinbeck, Faulkner et...
  • POLICIER ROMAN

    • Écrit par Claude MESPLÈDE, Jean TULARD
    • 16 394 mots
    • 14 médias
    Le roman policier semblait figé dans un manichéisme fort simple entre bons policiers et méchants bandits lorsque Dashiell Hammett (1894-1961) puis, quelques années, plus tard Raymond Chandler (1894-1960) font éclater le genre en créant ce qu'on baptisera plus tard le roman noir ou encore hard-...

Voir aussi