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DARWINISME

Le darwinisme est le nom d'un paradigme clé en biologie, formulé par le naturaliste anglais Charles Robert Darwin (1809-1882), autour duquel gravite encore aujourd'hui l'ensemble des théories sur l'évolution du vivant, que ce soit pour le prolonger, l'infléchir ou le rejeter. Servant de cadre général à la compréhension de l'histoire des organismes, ce terme signifie, pris dans son sens le plus général, que les espèces n'ont pas été créées telles qu'on les observe aujourd'hui (anticréationnisme), mais qu'elles ont été modifiées au fil du temps (antifixisme). Par ailleurs, se réclamant du darwinisme, de nombreuses idéologies ont circulé, le plus souvent sans grand rapport avec l'œuvre de Darwin : ce darwinisme dit social a ainsi prétendu justifier le racisme, le colonialisme, le matérialisme, le sexisme...

Selon l'Oxford English Dictionary, le terme Darwinism s'applique d'abord non à Charles Darwin, l'auteur de On the Origin of Species by Means of Natural Selection (L'Origine des espèces), mais à son grand-père, Erasmus Darwin, pour qui toutes les formes vivantes s'étaient développées à partir d'un filament primordial. Dans ses usages actuels, le darwinisme ne désigne pas le transformisme en général, mais la théorie qui explique l'évolution des espèces par sélection et accumulation graduelle de modifications au sein d'une population. Ainsi compris, le darwinisme s'oppose à l'idée que l'évolution posséderait une direction intrinsèque (orthogenèse) ou qu'elle répondrait au simple développement d'un programme (dessein intelligent ou intelligent design). Le darwinisme s'oppose aussi au « lamarckisme » : ce terme, formé sur le nom de Jean-Baptiste de Monet de Lamarck (1744-1829), désigne une évolution commandée par les « habitudes de vie » et les effets de l'usage et du non-usage. Ainsi, un caractère acquis par l'usage au cours de l'existence d'un individu serait transmis à la descendance de celui-ci : la variation serait d'emblée utile. À l'inverse, dans le darwinisme, on suppose que des variations (ou mutations) surviennent par hasard sans être intrinsèquement avantageuses : tout dépend des circonstances et du milieu dans lequel vit l'individu. Les individus qui en sont affectés peuvent se trouver avantagés et produire alors plus de descendance que leurs congénères. Accumulées au fil du temps, ces légères déviations finissent par provoquer des différences importantes entre les individus.

Darwinisme en biologie

Constitution du darwinisme

Cette vision du darwinisme, en particulier dans son opposition au lamarckisme, s'est constituée à partir de différentes lectures de l'œuvre de Darwin. En 1889, Alfred Russel Wallace (1823-1913), souvent considéré comme le co-découvreur de la sélection naturelle, écrit une vaste synthèse intitulée Darwinism dans laquelle il donne sa propre compréhension des mécanismes de l'évolution ou « descendance avec modification ». Demandant quels sont les « moyens particuliers qui ont produit le changement des espèces », Wallace souligne le pouvoir (the agency) de la sélection naturelle. Il s'oppose à tous les facteurs « lamarckiens » comme l'usage et le non-usage, ainsi qu'à ceux qui pensent que les lois de la variation et de l'hérédité commandent l'évolution. En redéfinissant l'orthodoxie darwinienne comme un sélectionnisme intégral, Wallace s'écarte de Darwin, lequel avait encouragé la recherche sur les variations dans le chapitre v de L'Origine des espèces. Le darwinisme est plus et autre chose que Darwin pris à la lettre. C'est une certaine philosophie de la nature, formulée à partir des thèses de Darwin.

C'est pourquoi la vision proposée par Wallace est[...]

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Classification

Pour citer cet article

Dominique GUILLO et Thierry HOQUET. DARWINISME [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • AINSI PARLAIT ZARATHOUSTRA, Friedrich Nietzsche - Fiche de lecture

    • Écrit par Philippe GRANAROLO
    • 1 270 mots
    ...Mais de quoi s’agit-il en réalité ? Nietzsche a répété qu’il était « anti-darwinien ». Or annoncer l’avènement de la surhumanité, n’est-ce pas encore du darwinisme, ainsi que l’ont supposé nombre de mauvais lecteurs de Nietzsche ? Non, Zarathoustra ne prédit en aucune façon l’apparition nécessaire du Surhumain...
  • DARWIN CHARLES ROBERT (1809-1882)

    • Écrit par Charles BOCQUET, Universalis
    • 3 134 mots
    • 2 médias

    Bien que la notion de devenir, connaturelle à l'esprit humain, n'ait pas manqué, dans l'Antiquité même, d'être appliquée aux espèces vivantes – notamment par Anaximandre de Milet (vie s. av. J.-C.) et par quelques Pères de l'Église, tel saint Augustin –, le ...

  • DISCOKERYX XIEZHI

    • Écrit par Bastien MENNECART
    • 1 130 mots
    • 2 médias
    En 1859, Charles Darwin publie L’Origine des espèces, où il développe le mécanisme de l’évolution au travers du procédé de sélection naturelle. Cette dernière comprend deux volets : la sélection de survie (aussi appelée sélection écologique ou utilitaire) et la sélection sexuelle. Selon Darwin,...
  • ÉPIGÉNÉTIQUE ET THÉORIE DE L'ÉVOLUTION

    • Écrit par Laurent LOISON, Francesca MERLIN
    • 3 654 mots
    • 4 médias
    ...Terre. C’est à cette seule condition que le lamarckisme pouvait se constituer comme une alternative au darwinisme. Il ne s’agissait pas de compléter le darwinisme en y ajoutant un nouveau facteur évolutif, mais bien de le supplanter en montrant que la sélection naturelle était – et surtout avait toujours...
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Voir aussi