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DANIEL-LESUR DANIEL JEAN-YVES LESUR dit (1908-2002)

Le nom de Daniel-Lesur reste associé à ceux d'Olivier Messiaen, André Jolivet et Yves Baudrier, avec lesquels il fonda le groupe Jeune France. Mais il fut aussi, au côté de Marcel Landowski, l'un des bâtisseurs de la vie musicale française à partir des années 1960.

De son véritable nom Daniel Jean Yves Lesur, il naît à Paris le 19 novembre 1908. Entre 1919 et 1929, il fait ses études au Conservatoire de Paris, où il est l'élève d'Armand Ferté (piano), Jean Gallon et Georges Caussade (harmonie et fugue) et Charles Tournemire (orgue et composition). Ce dernier l'appelle à ses côtés comme organiste assistant à la basilique Sainte-Clotilde, à Paris (1927-1937) puis il est organiste titulaire de l'abbaye bénédictine de Paris (1935-1939 et 1942-1944). En 1935, il est nommé professeur de contrepoint à la Schola Cantorum, à Paris, classe qu'il conservera jusqu'en 1964 ; parmi ses élèves, on trouve notamment Maurice Ohana. Il sera directeur de cette école de 1957 à 1961.

En 1936, Daniel-Lesur fonde avec Messiaen, Baudrier et Jolivet le groupe Jeune France, dont le but est de réagir contre le néoclassicisme alors en vogue et de créer une musique aux aspirations plus élevées, une « tentative, par des moyens très divers et absolument libres, de faire une musique accordée à l'homme ». Mais peu de points communs unissent les quatre musiciens, en dehors de cette déclaration d'intention, et l'influence du groupe sera relativement limitée.

À partir de 1939, Daniel-Lesur est responsable de l'information musicale à la Radiodiffusion française, où il produit avec Michel Hoffman l'émission « Les Nouvelles musicales ». Lorsque la réforme de la musique en France se met en place, à l'initiative d'André Malraux et de Marcel Landowski, il joue un rôle déterminant dans l'élaboration des nouvelles structures : d'abord conseiller musical à la Télévision à partir de 1961, il est inspecteur principal de la musique au ministère des Affaires culturelles (1969-1971) puis administrateur de l'Opéra de Paris (Réunion des théâtres lyriques nationaux, 1971-1973), avant de revenir au ministère des Affaires culturelles comme inspecteur général (1973-1978) lorsque Rolf Liebermann est nommé à la tête de l'Opéra de Paris. En 1982, il est élu membre de l'Académie des beaux-arts au fauteuil de Tony Aubin. Daniel-Lesur continuera à composer jusqu'à ce qu'un accident le maintienne dans un isolement tragique pendant les dernières années de sa vie. Il meurt à Paris le 2 juillet 2002.

L'homme était discret, élégant et raffiné. Il possédait une culture d'une grande richesse sans jamais l'imposer à ses interlocuteurs. Sa musique est le reflet de cette personnalité très attachante : un petit nombre d'œuvres, sans cesse remises sur le métier, qu'il n'a jamais cherché à mettre en avant. Il était parfaitement conscient du fait que son attachement, même distant, à la tonalité constituait un inconvénient majeur pour faire carrière à une époque où le dodécaphonisme et le postsérialisme régnaient sur les institutions musicales françaises. Tournemire l'avait élevé dans l'univers du plain-chant. On en trouve les traces dans la rigueur contrapuntique de son écriture, notamment dans le Cantique des cantiques (1953), pour douze voix a cappella, son œuvre la plus connue. Dès 1932, il livre une pièce majeure pour orgue, La Vie intérieure, une véritable improvisation entièrement notée. Viennent ensuite la Suite française, pour orchestre (1935, créée par Pierre Monteux), la Passacaille, pour piano et orchestre (1937), L'Infante du monstre (1938), ballet en collaboration avec André Jolivet, le Quatuor à cordes (1941), les Variations, pour piano et orchestre à cordes (1943), les Chansons cambodgiennes, pour voix et orchestre[...]

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Écrit par

  • : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France

Classification

Pour citer cet article

Alain PÂRIS. DANIEL-LESUR DANIEL JEAN-YVES LESUR dit (1908-2002) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • JEUNE FRANCE GROUPE, musique

    • Écrit par Alain PÂRIS
    • 745 mots

    Les années qui ont suivi la Première Guerre mondiale ont vu la plupart des compositeurs réagir contre les courants esthétiques qui avaient marqué la fin du xixe siècle et le début du xxe, essentiellement contre le wagnérisme et l'impressionnisme. Chacun à leur façon, Stravinski, Satie, le...

Voir aussi