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TOURNEMIRE CHARLES (1870-1939)

L'art de Tournemire est caractéristique d'un effort pour adapter, à l'orgue symphonique de Cavaillé-Coll illustré par Widor, les impératifs liturgiques de son temps dans un langage original où l'improvisation joue une part considérable, qu'elle soit effective ou qu'elle soit « écrite ». Élève de Franck et de Widor, il succéda, en 1898, à Gabriel Pierné à l'orgue de Sainte-Clotilde. Il enseigna au Conservatoire de Paris (1919) à la tête d'une classe d'ensemble. Ce compositeur très fécond écrivit en effet beaucoup de pages de musique de chambre, notamment un Quatuor pour piano et cordes, des Trios, une Sonate pour piano, un Sextuor pour instruments à vent, à côté d'une œuvre symphonique (huit symphonies ; la trilogie : Faust, Don Quichotte, Saint François d'Assise) et d'une œuvre théâtrale pour chœur et orchestre (Nittetis, Les dieux sont morts, La Légende de Tristan, Il Poverello di Assisi). À l'orgue, son ouvrage monumental, L'Orgue mystique, est un commentaire des cinquante et un dimanches de l'année liturgique et des grandes fêtes catholiques. Chaque office comprend quatre ou cinq pages ou mouvements : Prélude, Offertoire, Élévation, Communion et Final. Les thèmes en sont empruntés au répertoire grégorien du jour ; Tournemire les traite dans ce style d'improvisation libre où il excelle et que Norbert Dufourcq appelle la grande variation. Il écrit aussi, dans un style très voisin, des préludes, des fugues et des chorals. Il respecte la modalité des mélodies du plain-chant et son harmonie chatoyante, riche de couleurs bruissantes, a influencé le jeune Olivier Messiaen. Les changements de claviers sont fréquents, les demi-teintes se succèdent, les mélanges de jeux inhabituels apparaissent. C'est un art de la fantaisie qui essaie de mettre en valeur l'instrument symphonique plutôt lourd et assez sombre (appel très fréquent au suraigu des claviers). Parmi les autres œuvres pour orgue, retenons Triple Choral, Trois Poèmes, Sei Fioretti, Fantaisies, Symphonie-Choral, Suite évocatrice, Deux Fresques, Sept Chorals-Poèmes pour les sept paroles du Christ et Symphonie sacrée. Selon l'auteur lui-même, cette Symphonie sacrée voulait apparaître comme l'« exaltation de la beauté des lignes ogivales et une synthèse sonore de nos cathédrales ». Messiaen, lui aussi, assortira ses fresques musicales de commentaires poétiques de cette sorte.

— Pierre-Paul LACAS

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Écrit par

  • : psychanalyste, membre de la Société de psychanalyse freudienne, musicologue, président de l'Association française de défense de l'orgue ancien

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Pour citer cet article

Pierre-Paul LACAS. TOURNEMIRE CHARLES (1870-1939) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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