CONSOMMATION Dépenses de consommation

Le prix et la demande du consommateur

Tout aussi essentiels que le revenu et le mode de vie, les prix constituent la troisième information dont dépend l'évolution de la consommation. Leur analyse ne repose pas seulement sur les comportements du consommateur. Les producteurs sont eux aussi à prendre en compte pour comprendre les changements dans les prix relatifs, de même que les caractéristiques de l'environnement institutionnel, puisque c'est l'interaction entre tous ces agents par l'intermédiaire des marchés qui détermine les prix et les quantités produites et consommées.

Facteurs de variation des prix relatifs

Les prix relatifs, tout comme les volumes échangés, varient dans le temps sous l'effet de plusieurs facteurs :

– ceux liés aux coûts de production. Certains produits, bénéficiant d'innovations techniques dans leur production ou d'économies d'échelle (ce sont souvent des biens industriels), vont voir leur prix relatif diminuer, contrairement à d'autres qui subissent les contrecoups soit du renchérissement de certains facteurs de production (notamment les services exigeant une main d'œuvre qualifiée trop rare), soit de la fluctuation des cours mondiaux.

– ceux liés à l'évolution de la structure du marché (tendance à la concurrence ou à l'oligopole) ou à une modification des règles étatiques.

– ceux liés, bien sûr aussi, à l'évolution de la demande (modification des goûts individuels liés à l'habitat, à la structure démographique de la population, à la participation des hommes et des femmes à l'emploi, au changement dans les contraintes perçues, budgétaires ou autres).

Un produit suit un itinéraire que décrit l'évolution simultanée de son prix et de son volume. Les produits ont des itinéraires diversifiés. Les séries longues de consommation de la Comptabilité nationale peuvent, à nouveau, servir d'illustration. Les évolutions s'orientent dans quatre directions opposées.

Types d'évolution des produits

La première direction est celle des produits de grande diffusion dont le prix relatif baisse continûment et dont le volume croît. En France, depuis les années 1980, on peut citer en exemple les produits laitiers frais, les lunettes de soleil, le matériel téléphonique, l'ordinateur domestique, et les consultations chez le médecin. Pour ces cinq produits, l'interprétation est analogue : la coexistence dans la période d'une hausse de la demande et d'une hausse de l'offre. L'accès à ces biens ou à ces services a été facilitée par l'amélioration des conditions de production (la diminution des coûts, la baisse des marges due à la grande distribution) ou par les politiques publiques visant à équilibrer les comptes des assurances-maladie (les visites chez le médecin). De plus, pour des raisons propres à chacun de ces produits (convictions diététiques ou besoins de communication), ces cinq biens ou ces services ont des caractéristiques en phase avec la demande. Leur diffusion est donc devenue un phénomène de masse.

La deuxième direction est celle que suivent les produits anciens à la recherche d'une niche, dont le prix croît continûment et dont le volume baisse. C'est le cas, en France, également depuis les années 1980, pour les pommes de terre, l'habillement sur mesure, le linge de maison, les wagons-restaurants, les cinémas. Les mouvements de l'offre et de la demande conjuguent leurs effets pour accélérer le déclin de ces biens et de ces services : la demande baissant, on observe une sorte de cercle vicieux, puisque les coûts augmentent en raison d'un processus inverse aux économies d'échelle, entraînant mécaniquement en retour la baisse des volumes. Il peut y avoir aussi une réaction des producteurs entraînant une hausse de prix relatif : recentrage sur le haut de gamme, exploitation de[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • Nicolas HERPIN : sociologue, directeur de recherche, C.N.R.S.
  • Daniel VERGER : inspecteur général de l'I.N.S.E.E., chef de l'unité méthodes statistiques

Classification

Pour citer cet article

Nicolas HERPIN, Daniel VERGER, « CONSOMMATION - Dépenses de consommation », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL :

Autres références

  • ACHAT POUVOIR D'

    • Écrit par Stéfan LOLLIVIER
    • 4 966 mots
    • 2 médias
    La mesure du pouvoir d'achat fait intervenir les ressources, objet de la discussion précédente, mais également au dénominateur les prix des dépenses de consommation. L'outil de référence pour mesurer l'augmentation de ceux-ci est l'indice des prix à la consommation (I.P.C.). Depuis...
  • ACIER - Économie

    • Écrit par Franco MANNATO
    • 8 956 mots
    Laconsommation d'acier recouvre différentes notions plus ou moins aisées à traduire en chiffres. La consommation apparente d'acier est la somme de la production d'acier et des échanges nets d'acier (importations moins exportations). Les données exploitables sont, pour la production, les volumes de production...
  • ART (Aspects esthétiques) - Le beau

    • Écrit par Yves MICHAUD
    • 4 907 mots
    • 6 médias
    ...monde de l'art, mais bien, comme c'était le cas dans l'Antiquité et au Moyen Âge, de prendre en compte le monde tel qu'il est aujourd'hui produit, perçu et consommé. C'est affaire ici tout à la fois de culture, de technologie et d'économie. Avançons que ce monde est façonné par une technologie, une économie...
  • AUTOFINANCEMENT

    • Écrit par Geneviève CAUSSE
    • 4 626 mots
    ...épargnés préalablement, et où le financement des investissements n'interfère pas avec la distribution des revenus, on a pu dire que l'autofinancement, épargne forcée, affectait sensiblement la distribution etpesait notamment sur les consommateurs et sur les salariés des entreprises qui le pratiquent.
  • BESOIN, sociologie

    • Écrit par Michel LALLEMENT
    • 561 mots

    Tout comme les plantes et les animaux, les hommes ont des besoins. Pour en rendre raison, de nombreuses typologies ont été proposées. Le plus souvent, elles hiérarchisent les besoins en partant des plus élémentaires (nourriture, abri, pulsions sexuelles…) jusqu’aux moins « naturels » (recherche de pouvoir,...

  • Afficher les 60 références

Voir aussi