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CONSOMMATION Dépenses de consommation

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Enquêtes « budget de famille » et « échelles d'équivalence »

Les enquêtes auprès des ménages sont indispensables pour mettre en évidence les disparités internes à la population, qu'elles soient démographiques, géographiques, économiques ou sociales. Les données d'enquêtes doivent toutefois être approchées avec prudence. Aux traditionnels effets de mémoire, se rajoutent les confusions entre francs et euros, ou les problèmes d'extrapolation à l'année de données observées à partir de carnets relevant les dépenses sur deux semaines, ce qui rend leur exploitation en termes microéconomiques hasardeuse. Enfin, les données ainsi produites ne sont pas directement comparables du fait de la diversité des ménages dans leur composition. Plusieurs méthodes ont été envisagées pour contourner cette difficulté.

La consommation par tête

La consommation par tête ordonne de façon exhaustive les ménages, du plus pauvre au plus riche, en divisant le montant des dépenses totales du ménage par le nombre de ses membres. Chaque individu dans le ménage est considéré alors comme ayant le même poids, quelles que soient ses caractéristiques de sexe ou d'âge. Cette procédure, simple à mettre en œuvre, a un grave défaut du point de vue de l'analyse des disparités : elle revient à rejeter l'incidence des économies d'échelle. Or la vie à plusieurs – ce qui en est un des motifs particulièrement fort chez les plus pauvres – permet de réduire certains postes de dépenses. À niveau de consommation égal, un couple dépense seulement 1,3 fois plus pour l'occupation et le chauffage de son logement qu'une personne seule. La cuisine n'est pas équipée de façon plus coûteuse si la personne est seule ou si la famille est nombreuse.

Les échelles d'équivalence

Pour tenir compte de ces économies liées à la taille de la famille et à sa composition, des échelles d'équivalence ont été définies. La plus célèbre est l'échelle d'Oxford : le premier adulte du ménage est compté pour une unité de consommation (UC), l'adulte supplémentaire pour 0,7 UC et l'enfant de moins de 14 ans pour 0,5 UC. Une autre échelle désormais couramment utilisée, et qui a initialement servi pour estimer le nombre des enfants pauvres à partir de l'enquête de l'I.N.S.E.E. « budget de famille » en 1995, est dite « O.C.D.E. modifiée ». Elle donne moins de poids tant aux autres adultes (0,5 UC) qu'aux enfants de moins de 14 ans (0,3 UC). Les raisons qui conduisent à préférer cette échelle à celle d'Oxford tiennent à l'évolution de la composition des dépenses dans le budget des familles. Depuis les années 1950, les dépenses individuelles comme l'alimentation ou l'habillement ont décliné au profit de dépenses collectives d'équipement et de logement. En conséquence, la tendance est à la croissance des économies d'échelle qu'une plus grande taille procure au ménage. Le niveau de vie des familles nombreuses est donc relativement favorisé par l'évolution de la société.

La mesure des inégalités de consommation

Pour prendre en compte les inégalités de besoin entraînées par les différences de taille entre ménages, l'analyse n'a pas d'autre choix que de recourir à de tels facteurs correctifs, « échelles d'équivalence » ou « unités de consommation ». Cependant, les enquêtes ne disent presque rien sur la répartition entre individus d'un même ménage. En ce sens, le statisticien ne dispose pas encore de distributions des consommations permettant de faire le point sur l'inégalité de consommation.

Toutes les imperfections du système de mesure expliquent que certaines controverses reviennent de façon récurrente dans l'opinion. Depuis les années 1990 et dans plusieurs des pays occidentaux, on a[...]

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Écrit par

  • : sociologue, directeur de recherche, C.N.R.S.
  • : inspecteur général de l'I.N.S.E.E., chef de l'unité méthodes statistiques

Classification

Pour citer cet article

Nicolas HERPIN et Daniel VERGER. CONSOMMATION - Dépenses de consommation [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Autres références

  • ACHAT POUVOIR D'

    • Écrit par
    • 5 643 mots
    • 2 médias
    La mesure du pouvoir d'achat fait intervenir les ressources, objet de la discussion précédente, mais également au dénominateur les prix des dépenses de consommation. L'outil de référence pour mesurer l'augmentation de ceux-ci est l'indice des prix à la consommation (I.P.C.). Depuis le début des années...
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