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CONGO, fleuve et bassin

Le bassin du Congo

Morphologie

L'expression « bassin du Congo » peut avoir plusieurs sens. Une simple carte d'atlas suffit à mettre en évidence le premier trait qu'elle qualifie : un relief en forme de cuvette, la mieux dessinée de toutes celles qui constituent l'Afrique tropicale à l'ouest des grands lacs ; autour d'elle, le cercle des reliefs périphériques se ferme presque complètement. On ne trouve guère de montagnes dignes de ce nom (les plus remarquables sont les hauts volcans qui dominent à l'ouest et au nord-ouest le lac Kivu), mais surtout des plateaux, plus élevés à l'est (où ils atteignent 3 000 m au-dessus de la terminaison septentrionale du lac Tanganyika, et dépassent 2 000 m dans la région de Lubero, à l'ouest du lac Édouard) qu'à l'ouest (où l'altitude s'abaisse à moins de 1 000 m dans toute la portion médiane comprise entre les hauts plateaux angolais, et la partie septentrionale relevée du plateau camerounais) et au nord (dorsale Congo-Tchad, appuyée sur le massif de Yadé, à l'ouest, le Dar-Challa, à l'est).

Cette bordure de hautes terres, remarquablement continue, ne s'interrompt qu'à l'extrême nord et à l'extrême sud. Du coude de l'Oubangui, on gagne le bassin du Chari sans rencontrer d'autre relief qu'un gradin d'une centaine de mètres de commandement ; la ligne de partage des eaux se tient entre 600 et 700 m, l'Oubangui coulant aux environs de 400 m. À l'opposé du bassin, le passage est encore plus insensible des hauts affluents du Lualaba et Kasaï à ceux du Zambèze. Chevauchant l'équateur, le fond de la cuvette correspond aux régions enserrées par la boucle du Congo, ou traversées plus à l'ouest par le bas Oubangui et la Sangha inférieure. Les reliefs sont insignifiants, l'altitude est de 300 à 400 m. C'est ce que les Belges avaient pris l'habitude d'appeler la « cuvette centrale » congolaise. Des glacis, en forme de plateaux étagés ou inclinés, assurent la jonction entre la cuvette centrale et les reliefs du pourtour. Les uns, gréseux, apparaissent plus ou moins « structuraux » (modelés sur une couche géologique) ; d'autres ont le caractère de surfaces d'érosion tertiaires et même secondaires arasant, surtout sur le revers oriental, les terrains précambriens vigoureusement plissés, ainsi que les granites ou les gneiss fondamentaux.

Géologie

Cette gigantesque cuvette intérieure est en relation étroite avec un bassin géologique sédimentaire. Son fond est occupé par les formations les plus récentes : un complexe de sables et d'argiles quaternaires. Aux glacis intermédiaires correspondent une succession de couches gréseuses, distribuées en auréoles très discontinues et irrégulières. Les plus récentes ont été mises en place au Crétacé (série du Kwango sur la rive gauche du Congo en amont du Pool Malébo, série des plateaux Batéké sur la rive droite, identiques au nom près, et couronnés de sables tertiaires) ; les plus anciennes remontent au Précambrien supérieur. Des sondages pratiqués durant les années 1950 ont permis de les retrouver, empilées sur une grande épaisseur, au cœur de la cuvette, à Samba et Dekese. Ce double emboîtement horizontal et vertical, la rémanence à travers les temps géologiques de faciès gréseux très semblables, tout cela implique une tendance persistante à l'affaissement, et le dépôt compensateur d'éléments arrachés aux reliefs périphériques. Mais la sédimentation continentale n'a pas compensé la subsidence tectonique : les inégalités du socle, connues par les mesures géophysiques, ont été masquées, et les dénivellations réduites entre les bords et le centre du bassin, mais pas au point d'effacer le relief en cuvette, tel qu'il résulte directement des mouvements de l'écorce terrestre dans cette portion du continent.[...]

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Écrit par

  • : doctorat ès lettres et sciences humaines, professeur honoraire, université de Paris-Panthéon-Sorbonne, membre de l'Académie des sciences d'outre-mer
  • : maître de conférences à la faculté des lettres et sciences humaines de Paris, directeur d'études à l'École pratique des hautes études

Classification

Pour citer cet article

Roland POURTIER et Gilles SAUTTER. CONGO, fleuve et bassin [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Port de Mbandaka, République démocratique du Congo - crédits : Per-Anders Pettersson/ Getty Images

Port de Mbandaka, République démocratique du Congo

Barrage d'Inga - crédits : G. Gerster/ Comstock Inc.

Barrage d'Inga

Autres références

  • FLEUVE CONGO. ARTS D'AFRIQUE CENTRALE (exposition)

    • Écrit par Michèle COQUET
    • 1 066 mots

    Au sommet des marches conduisant à l'exposition Fleuve Congo. Arts d'Afrique centrale au musée du quai Branly à Paris (22 juin - 3 octobre 2010), le visiteur est accueilli par de grandes cartes. L'une, à dominante verte, figure la vaste aire géographique formée par les bassins des fleuves...

  • AFRIQUE (Structure et milieu) - Géologie

    • Écrit par Anne FAURE-MURET
    • 18 789 mots
    • 22 médias
    La majeure partie du craton centrafricain est stabilisée.Seules quelques zones demeurent semi-mobiles et donneront des chaînes linéaires intracratoniques, comme celle de la Luiza, qui a été métamorphisée lors de l'orogenèse de Mubindji à 2 423 Ma. Plus tard, c'est la formation de Lukoshi qui est déformée...
  • AFRIQUE (Structure et milieu) - Géographie générale

    • Écrit par Roland POURTIER
    • 21 496 mots
    • 29 médias
    ...barrière que les fleuves coupés de rapides et de chutes franchissent difficilement. Cela a contribué à fermer l'Afrique aux Européens pendant quatre siècles : l'embouchure du Congo a été découverte en 1482 par le navigateur portugais Diogo Cao, mais son expédition fut contrainte de s'arrêter à Matadi, à hauteur...
  • BASSIN SÉDIMENTAIRE

    • Écrit par Roger COQUE
    • 4 704 mots
    • 6 médias
    Le bassin du Congo, étalé sur plus de 3 millions de kilomètres carrés, est un bon exemple d'un tel dispositif structural. La série gréseuse et marneuse du Karoo (Permo-Carbonifère) y repose en discordance sur le socle précambrien. Des grès et des argilites peu consolidés des séries du Kwango et du plateau...
  • BRAZZAVILLE

    • Écrit par Roland POURTIER
    • 684 mots
    • 1 média

    Capitale de la république du Congo, Brazzaville est située en bordure du Pool Malebo (ex-Stanley Pool), à l'amont des rapides de Kintambo, premiers d'une série de chutes et de rapides qui interdisent la navigation sur le cours inférieur du Congo. Elle partage avec Kinshasa une position...

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Voir aussi