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BRAZZAVILLE

Congo (République du) : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

Congo (République du) : carte administrative

Capitale de la république du Congo, Brazzaville est située en bordure du Pool Malebo (ex-Stanley Pool), à l'amont des rapides de Kintambo, premiers d'une série de chutes et de rapides qui interdisent la navigation sur le cours inférieur du Congo. Elle partage avec Kinshasa une position stratégique de première importance au point de rupture de charge entre le réseau navigable du Congo et de ses affluents, et les voies ferroviaires et routières aménagées pour désenclaver les deux villes jumelles et leur hinterland. Longtemps tributaire du Congo belge pour ses échanges extérieurs (par le chemin de fer Matadi-Kinshasa achevé dès 1898), Brazzaville n'a bénéficié de sa propre ouverture sur l'Atlantique qu'en 1934 avec l'achèvement du Congo-Océan et du port de Pointe-Noire. Il en résulte une bipolarité urbaine de l'espace congolais : la capitale du Congo compte environ 900 000 habitants en 2005 ; Pointe-Noire, considérée comme la capitale économique, autour de 500 000.

La naissance de Brazzaville date d'octobre 1880, avec la création du poste de Mfoa concrétisant le traité signé avec le roi des Batéké, Makoko. À l'occasion du centième anniversaire de la ville, les autorités congolaises ont décidé de conserver le nom de son fondateur, l'explorateur Pierre Savorgnan de Brazza, dont l'image est perçue positivement. En octobre 2006, le transfert de ses cendres d'Alger à Brazzaville a confirmé cet attachement : Brazza repose désormais dans un mausolée érigé devant la mairie. Grâce aux atouts dus à sa position, le modeste poste colonial des origines a ravi à Libreville, en 1903, la fonction de chef-lieu du Congo français, puis de l'Afrique-Équatoriale française (A.-É.F.). C'est à Brazzaville, très tôt ralliée à la France libre, que le général de Gaulle prononça, en 1944, le discours qui amorça l'évolution de l'empire colonial français.

Située à la charnière des régions septentrionales et méridionales du Congo, la capitale est le réceptacle de populations originaires de l'ensemble du territoire. L'installation des migrants s'est traduite par la formation de quartiers, appelés « villages » ou « cités », de part et d'autre des espaces centraux du Plateau, la « ville » où se concentrent les lieux de pouvoir (politique, financier, religieux) et les fonctions administratives. Les Congo-Lari de la région du Pool ont investi les quartiers sud : Bacongo est leur bastion. Les populations originaires du nord (Téké, Mbochi, etc.) se sont établies à Poto Poto et dans les quartiers nord, Wenzé, Moungali, Talangaï. Les conditions de l'urbanisation ont ainsi créé des quartiers à composantes ethno-régionales fortement différenciées : ils ont constitué la trame territoriale des guerres civiles de 1994 et 1997, les chefs politiques s'appuyant sur les milices d'un espace urbain ethnicisé.

Les activités de Brazzaville relèvent pour l'essentiel du tertiaire administratif, des fonctions de capitale. L'économie urbaine est donc très dépendante des capacités redistributives de l'État, la fonction publique fournissant l'essentiel des revenus salariaux : les périodes de violence ont coïncidé avec la crise financière consécutive à l'effondrement des cours du pétrole en 1986. L'activité industrielle est peu développée ; elle se cantonne à quelques entreprises dans le bâtiment et les travaux publics et dans les produits de consommation courante : boulangerie, menuiserie, savonnerie et surtout brasserie. Si les activités productives sont peu dynamiques, Brazzaville est en revanche un pôle culturel actif, en rivalité avec Kinshasa pour la création artistique (école de peinture de Poto Poto, musique et danse) ou les extravagances de la S.A.P.E. (Société des ambianceurs et des personnes élégantes) qui rayonne jusqu'à Paris et Bruxelles.[...]

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Écrit par

  • : doctorat ès lettres et sciences humaines, professeur honoraire, université de Paris-Panthéon-Sorbonne, membre de l'Académie des sciences d'outre-mer

Classification

Pour citer cet article

Roland POURTIER. BRAZZAVILLE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

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Congo (République du) : carte administrative

Autres références

  • ANTHROPOLOGIE URBAINE

    • Écrit par Thierry BOISSIÈRE
    • 4 898 mots
    • 2 médias
    Des recherches comparables ont été menées à la même époque en Afrique francophone par un anthropologue français, Georges Balandier. Celui-ci attacha une attention particulière à la situation coloniale française qu’il intégra à son analyse de la ville de Brazzaville (Congo), alors en pleine...
  • CONGO RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU

    • Écrit par Universalis, Jules GÉRARD-LIBOIS, Henri NICOLAÏ, Patrick QUANTIN, Benoît VERHAEGEN, Crawford YOUNG
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    ...s'effriter, puis à s'effondrer. Gizenga fut emprisonné ainsi que nombre de ses partisans. Des lumumbistes furent ou se crurent menacés et cherchèrent refuge à Brazzaville, où ils constituèrent un Comité national de libération (C.N.L.), hostile à toute compromission avec les autorités de Léopoldville et partisan,...
  • CONGO RÉPUBLIQUE DU

    • Écrit par Philippe DECRAENE, Universalis, Roland POURTIER, Patrick QUANTIN, Gilles SAUTTER
    • 12 374 mots
    • 10 médias
    Le 5 juin 1997, à Brazzaville, la tentative d'arrestation de gardes du corps de Sassou Nguesso engagés dans les événements d'Owando déclenche une contre-offensive des milices de l'ancien président. Celles-ci s'emparent rapidement de la moitié de la capitale environ. Marquant le pas au bout de quelques...
  • GABON

    • Écrit par Universalis, Nicolas METEGUE N'NAH, Roland POURTIER
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    • 5 médias
    ...territoriale baptisée officiellement, en 1891, « Congo français » avec pour capitale Libreville. Celle-ci perdit ce statut le 29 décembre 1903 au profit de Brazzaville, lorsque fut formé un nouvel ensemble dénommé « Possessions du Congo français et dépendances ». Le 15 janvier 1910, cette nouvelle entité fut...

Voir aussi