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COMPOSITION MUSICALE

Dans son Dictionnaire de musique, Jean-Jacques Rousseau définit la composition musicale comme « l'art d'inventer et d'écrire des chants, de les accompagner d'une harmonie convenable, de faire, en un mot, une pièce complète de musique avec toutes ses parties ». Le mot composition engloberait donc, appliqué à la musique, toutes les techniques musicales, à l'exception de celles qui sont simplement d'exécution (celles des interprètes). Toutefois, le terme composition n'a jamais été employé que pour désigner l'invention musicale réfléchie et donnant lieu à une véritable construction musicale ; il n'a jamais été utilisé pour décrire l'invention musicale spontanée, qu'elle soit individuelle et savante, comme celle des improvisateurs, ou collective et intuitive, comme celle du folklore. L'idée de composition paraît donc liée à celle de l'élaboration méthodique des œuvres musicales, qui est elle-même inséparable de leur traduction écrite sous forme de partitions.

À partir du début du xixe siècle, on vit s'établir une classification de plus en plus précise dans les diverses disciplines de l'écriture musicale. Les techniques d'écriture proprement dites, connues sous le nom de contrepoint, harmonie, instrumentation et orchestration, se trouvant séparées de la composition, cette dernière devint essentiellement l'art du « faire » autant que celui d'« inventer ». On applique alors le mot composition à l'ensemble des procédés et des techniques utilisés lorsqu'on se livre à l'élaboration d'une œuvre musicale structurée. On parle alors généralement de la construction d'une œuvre. La cohérence et la logique d'une telle construction sont évidemment indispensables dans le cas des œuvres ayant une certaine ampleur (sonate, symphonie, opéra, etc.) mais ne doivent jamais être absentes des œuvres courtes. Par exemple, la construction d'un simple lied de Schubert peut être tout à fait remarquable. De même, donc, que l'on peut comparer les diverses règles de l'écriture musicale, celles de l'harmonie et du contrepoint, à la grammaire et à la syntaxe, de même peut-on comparer les règles de la composition à celles qui permettent la construction des formes littéraires (tragédie, roman, ou simplement sonnet...). Il résulte de cette conception de la composition que l'on vit apparaître des descriptions de plus en plus académiques des principales formes musicales, descriptions qui, par ailleurs, en permettaient une plus facile classification. Les commentaires ne manquant pas au sujet de ces descriptions et classifications, la frontière séparant la composition (qui, logiquement, devrait être avant tout un ensemble de techniques) et l'esthétique musicale eut tendance à devenir de plus en plus floue. On le constate dans le Cours de composition musicale de Vincent d'Indy, dans lequel, outre une classification des formes (plus exactement des schèmes formels) et leur description, apparaissent de nombreux jugements de valeur à partir d'analyses souvent succinctes des diverses œuvres.

À partir du xxe siècle, la composition devient l'art d'assembler des sons pour obtenir une œuvre musicale indépendamment de l'idée d'un schème formel préétabli. On admet donc que la composition est une science, une praxis, qui permet l'invention de nouvelles formes, ces dernières n'étant pas forcément répertoriées dans les traités de composition. Il s'agit par conséquent d'une sorte d'esthétique appliquée, qui utilise les règles de l'écriture musicale, mais qui peut provoquer l'invention de nouvelles règles, du fait que la composition se trouve située au-delà de la simple écriture. En reprenant la comparaison déjà faite avec la littérature, on dira que la grammaire et la syntaxe sont considérées comme les moyens[...]

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Écrit par

  • : professeur de composition au Conservatoire national supérieur de musique de Paris

Classification

Pour citer cet article

Michel PHILIPPOT. COMPOSITION MUSICALE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Richard Wagner et Cosima Wagner - crédits : De Agostini

Richard Wagner et Cosima Wagner

L. Russolo et la machine à sons - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

L. Russolo et la machine à sons

Autres références

  • ACCOMPAGNEMENT MUSICAL

    • Écrit par PIERRE-PETIT
    • 1 920 mots
    Il était plus que normal qu'une réaction se produisît. Elle eut lieu dès la fin du xviiie siècle, au moment où les compositeurs prirent conscience que les interprètes les trahissaient trop souvent au point de vue de l'« étagement harmonique ». Le même phénomène allait d'ailleurs se renouveler...
  • AIR, musique

    • Écrit par Michel PHILIPPOT
    • 3 278 mots
    ...Alessandro Scarlatti qui aurait, en 1693, dans son opéra Teodora Augusta, introduit le premier de véritables airs (aria da capo) dans lesquels le travail de composition tendait à un juste équilibre entre la variété et l'unité. Mais, dans l'air de cour, déjà, certaines mélodies assez simples avaient été volontairement...
  • ALAIN JEHAN (1911-1940)

    • Écrit par Brigitte MASSIN
    • 434 mots

    Fils de l'organiste Albert Alain, Jehan Alain apprend la musique, comme le feront ses frère et sœur plus jeunes (Olivier, compositeur, et Marie-Claire, organiste), sous le regard de son père, à la tribune de l'orgue de l'église de Saint-Germain-en-Laye. C'est dans cette ville...

  • ALBRECHTSBERGER JOHANN GEORG (1736-1809)

    • Écrit par Universalis
    • 465 mots

    Compositeur, organiste et théoricien de la musique autrichien, Albrechtsberger fut l'un des contrapuntistes les plus érudits et les plus brillants de son époque. Il fut aussi un des pédagogues les plus recherchés de son temps, et sa notoriété attira à Vienne de nombreux élèves, parmi lesquels ...

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Voir aussi