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COMPOSITION MUSICALE

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Les schèmes formels

Pour concevoir correctement les problèmes qui se posent à la composition musicale, il ne faut pas oublier que, la musique étant un art du temps, il conviendra d'organiser, à l'aide d'éléments sonores, un découpage du temps qui sera perçu comme cohérent par les auditeurs. En se référant à l'histoire de la musique, on constatera que les diverses formes musicales se constituent progressivement, par addition de règles diverses dont le rôle évident est de maîtriser la complexité du discours musical. À partir d'une époque relativement récente (entre la première moitié du xviie siècle et la fin du xixe), ces règles furent systématiquement inventoriées à des fins d' enseignement. Les nécessités de l'enseignement exigeaient, en effet, que les méthodes de construction d'une œuvre musicale soient rigoureusement codifiées afin que l'élève puisse s'appuyer, en toute sécurité, sur le schéma d'une architecture précise. Ainsi prirent naissance les formes dites d'école, ou encore schèmes formels, à partir desquelles il restait possible de concevoir de multiples variantes dites formes « libres ». Le schème formel n'apparaît pratiquement jamais à l'état pur dans la production des grands maîtres (on cherchera en vain une fugue d'école chez Bach ou une sonate d'école chez Beethoven), mais il constitue une référence pratique pour une classification des diverses méthodes de composition employées jusqu'au début du xxe siècle. C'est pourquoi nous tenterons d'en faire ici une description sommaire. Par ailleurs, à propos d'œuvres plus récentes, appartenant à la production du xxe siècle, il arrivera que, sauf exceptions, nous ne puissions découvrir aucune référence à l'un quelconque des schèmes formels classiques. Nous devrons donc tenter de déceler des règles implicites, ou constater l'existence (ou la non-existence) de nouvelles solutions au problème de l'organisation (ou de la non-organisation) du temps dans le langage musical.

Nous pouvons nous faire une idée des diverses manières d'organiser le temps musical en analysant une simple structure mélodique. Deux méthodes principales sont habituellement utilisées par les compositeurs. La première consiste à obtenir une unité du discours qui soit perceptible par l'auditeur en affirmant la permanence des mêmes intervalles ou des mêmes mélismes mélodiques (des exemples de mélodies de cette sorte peuvent être découverts dans le chant grégorien). La seconde se fonde sur la répétition systématique de fragments mélodiques qui, étant habituellement terminés sur la note principale du mode ou du ton, peuvent être isolés comme des touts complets (le type de cette forme est la chanson à couplets et refrain). La première méthode permettra la constitution de structures dites ouvertes, la seconde celle de structures dites closes, celles-ci, contrairement aux premières, paraissant refermées sur elles-mêmes, rigoureusement découpées et limitées dans le temps. Mais la différence qui sépare les structures closes des structures ouvertes peut souvent être assez subtile et dépendre, avec une malicieuse relativité, des méthodes d'analyse qui sont employées par le théoricien : on pourra, par exemple, découvrir qu'une structure close assez longue est, en réalité, constituée par la succession de courtes structures ouvertes, le contraire étant également possible. Il est donc important de rechercher ce qui, dans la composition, est considéré comme l'ensemble des éléments de base à partir desquels se sont, pour l'école, élaborés les schèmes formels.

Le motif et le thème

Le plus court et le plus simple de ces éléments semble être le motif (parfois appelé cellule par Vincent d'Indy). Il s'agit d'un très court élément caractéristique, dont la[...]

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Écrit par

  • : professeur de composition au Conservatoire national supérieur de musique de Paris

Classification

Pour citer cet article

Michel PHILIPPOT. COMPOSITION MUSICALE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Médias

Richard Wagner et Cosima Wagner - crédits : De Agostini

Richard Wagner et Cosima Wagner

L. Russolo et la machine à sons - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

L. Russolo et la machine à sons

Autres références

  • ACCOMPAGNEMENT MUSICAL

    • Écrit par
    • 1 920 mots
    Il était plus que normal qu'une réaction se produisît. Elle eut lieu dès la fin du xviiie siècle, au moment où les compositeurs prirent conscience que les interprètes les trahissaient trop souvent au point de vue de l'« étagement harmonique ». Le même phénomène allait d'ailleurs se renouveler...
  • AIR, musique

    • Écrit par
    • 3 278 mots
    ...Alessandro Scarlatti qui aurait, en 1693, dans son opéra Teodora Augusta, introduit le premier de véritables airs (aria da capo) dans lesquels le travail de composition tendait à un juste équilibre entre la variété et l'unité. Mais, dans l'air de cour, déjà, certaines mélodies assez simples avaient été volontairement...
  • ALAIN JEHAN (1911-1940)

    • Écrit par
    • 434 mots

    Fils de l'organiste Albert Alain, Jehan Alain apprend la musique, comme le feront ses frère et sœur plus jeunes (Olivier, compositeur, et Marie-Claire, organiste), sous le regard de son père, à la tribune de l'orgue de l'église de Saint-Germain-en-Laye. C'est dans cette ville...

  • ALBRECHTSBERGER JOHANN GEORG (1736-1809)

    • Écrit par
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    Compositeur, organiste et théoricien de la musique autrichien, Albrechtsberger fut l'un des contrapuntistes les plus érudits et les plus brillants de son époque. Il fut aussi un des pédagogues les plus recherchés de son temps, et sa notoriété attira à Vienne de nombreux élèves, parmi lesquels ...

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