CŒUR Chirurgie cardiaque
La chirurgie, qui ne formait qu'un tout au début du xxe siècle, a dû, à mesure qu'elle progressait, se diviser en spécialités attachées à un organe ou à un système d'organes (chirurgie urinaire, chirurgie digestive, etc.).
Ayant pour but la guérison des maladies cardiaques, la chirurgie du cœur est la dernière-née de ces spécialités. Cela s'explique aisément, car le cœur est l'organe qui, par ses battements, entretient la vie en assurant la circulation du sang ; vouloir toucher au cœur, c'était risquer de le voir s'arrêter, et donc de provoquer la mort en quelques minutes. L'interdit dura jusqu'à ce que quelques plaies du cœur eussent été suturées avec succès, à la fin du xixe siècle, montrant ainsi que l'organe n'était pas intouchable. Il fallut néanmoins encore de nombreux progrès avant que la chirurgie du cœur prît réellement son essor. Cela n'est devenu possible qu'à partir de 1938. Depuis cette date, les progrès sont considérables, comme en témoignent les opérations de transplantation du cœur.
Spécificités de la chirurgie cardiaque
Pour atteindre et opérer le cœur, il fallut franchir successivement de nombreux obstacles.
Le premier de ces obstacles est la position même du cœur : il est situé au milieu de la cage thoracique ; pour l'aborder, il faut donc nécessairement ouvrir l'une des deux hémi-cavités thoraciques. Cela provoque immédiatement un affaissement du poumon et une asphyxie partielle. Cette thoracotomie n'est devenue sans danger qu'à partir du moment où l'anesthésie a fait des progrès suffisants, notamment grâce à l'intubation trachéale (Magill).
La voie d'abord la plus habituelle, actuellement, est la section verticale du sternum (sternotomie), car le cœur se trouve immédiatement en arrière de cet os. L'expérience acquise permet de réduire la taille de cette incision cutanée et osseuse (sternotomie partielle). Il est possible, par cette incision, d'éviter l'ouverture des deux plèvres et l'affaissement du poumon mais la ventilation assistée reste nécessaire.
Le deuxième obstacle était l'abondance de l'hémorragie qui risque de survenir lorsqu'on opère le cœur ou les gros vaisseaux qui en naissent. Les découvertes de la transfusion sanguine et le stockage de sang conservé ont permis de réduire ce risque très grave. Les besoins en sang conservé peuvent être énormes : on doit parfois utiliser jusqu'à 40 flacons de 500 grammes de sang.
Le troisième obstacle était la crainte de voir le cœur mal supporter l'agression opératoire et s'arrêter. Car, dans ces conditions, les fibres musculaires cardiaques, au lieu de se contracter simultanément et rythmiquement, entrent en contraction séparément sans ordre défini : cette « fibrillation » rend la contraction cardiaque inefficace. L'application, à l'aide de deux électrodes, d'un choc électrique par décharge de condensateur (défibrillateur) permet d'assurer à nouveau la contraction rythmique nécessaire à la circulation du sang. Les expériences sur l'animal ont rendu (comme elles rendent encore) de grands services. Ces expériences ont permis, non seulement de vérifier que le cœur est plus tolérant qu'on ne le pensait, mais aussi et surtout de mettre au point les techniques chirurgicales, préalablement aux interventions chez l'homme.
Ces différents obstacles expliquent pourquoi il fallut attendre le 28 août 1938 pour voir H. Gross, chirurgien à Boston, opérer, avec succès, un canal artériel.
Les progrès, depuis cette date, sont venus surtout des États-Unis d'Amérique, mais l'Angleterre, la Suède, la France peuvent également s'enorgueillir de belles découvertes. Celles-ci ont eu lieu non seulement dans le domaine de la technique chirurgicale, mais aussi dans deux autres secteurs[...]
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Écrit par
- Claude d' ALLAINES : chirurgien des Hôpitaux de Paris, professeur à la faculté de médecine
- Christian CABROL : professeur honoraire de médecine
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