Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

CLAVECIN

Abandon et renaissance

Au moment où le pianoforte fit son apparition, il y eut d'abord à son sujet des discussions, des hésitations, puis on l'adopta. L'instrument à cordes frappées répondait mieux aux exigences d'un style nouveau, d'une révolution dans la forme et dans l'esprit. Le clavecin, petit à petit, disparaît. On le relègue chez certains pour embellir les salons, ou au musée pour satisfaire la curiosité. En 1898, dans La Musique et les musiciens d'Albert Lavignac, ouvrage couronné par l'Académie des beaux-arts et adopté dans toutes les écoles de musique, on pouvait lire que le clavecin, instrument désuet, était définitivement remplacé par le piano. Les lecteurs, à cette époque, se sont-ils doutés que quelques dizaines d'années plus tard, dans bien des cas, on pourrait écrire le contraire ? Quel mélomane averti ne souhaite, de nos jours, entendre un clavecin pour l'exécution de la musique ancienne et ne le reconnaît indispensable à l'interprétation de nombreuses œuvres contemporaines ?

Cette résurrection, nous la devons presque entièrement à l'admirable artiste que fut Wanda Landowska, laquelle, dès le début du siècle, s'était donné pour tâche de retrouver le sens, l'esprit de l'instrument et d'en instruire. C'est à sa demande que la maison Pleyel (en 1912) entreprend la fabrication d'un grand modèle seize pieds ; c'est à son intention que la Hochschule de Berlin ouvre une classe de clavecin (1913-1919) ; c'est pour elle, enfin, que Manuel de Falla en 1926 et Francis Poulenc en 1927 composent les deux premiers concertos contemporains pour le clavecin.

Depuis, de nombreux compositeurs – ceux de jazz inclus – emploient de nouveau les cordes pincées pour obtenir tel ou tel « effet » dans une œuvre, ou pour « lutter » avec nos instruments modernes. Le clavecin retrouve une vogue dont le romantisme l'avait privé.

— Robert VEYRON-LACROIX

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Pour citer cet article

Josiane BRAN-RICCI et Robert VEYRON-LACROIX. CLAVECIN [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

La famille Bach, Rosenthal - crédits : Bettmann/ Getty Images

La famille Bach, Rosenthal

Wanda Landowska - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Wanda Landowska

Clavecin Ruckers - crédits : AKG-images

Clavecin Ruckers

Autres références

  • CLAVECIN, en bref

    • Écrit par Juliette GARRIGUES
    • 737 mots
    • 2 médias

    Le clavecin a une forme proche de celle du piano à queue. Ses cordes métalliques sont tendues sur une caisse de résonance qui est close. Lorsque l'instrumentiste appuie sur une touche, une languette appelée plectre est soulevée par un ingénieux mécanisme et va pincer la corde. C'est pourquoi le clavecin...

  • BACH CARL PHILIPP EMANUEL (1714-1788)

    • Écrit par Marc VIGNAL
    • 969 mots

    Le deuxième des quatre fils musiciens de Jean-Sébastien Bach, Carl Philipp Emanuel, naît à Weimar, mais n'a pas dix ans lorsque sa famille s'installe à Leipzig. Il y est externe à l'école Saint-Thomas, mais il reconnaîtra volontiers n'avoir eu comme professeur, en matière de musique, que son...

  • BUXTEHUDE DIETRICH (1637 env.-1707)

    • Écrit par Marc VIGNAL
    • 943 mots

    Longtemps revendiqué par l'Allemagne et par le Danemark, Buxtehude naît dans une portion du Holstein alors danoise mais qui plus tard deviendra (et restera) allemande ; il passera les trente premières années de sa vie au Danemark (en n'y composant qu'une seule œuvre) et les quarante dernières...

  • CHAMBONNIÈRES JACQUES CHAMPION DE (1601 env.-1670 ou 1672)

    • Écrit par Pierre-Paul LACAS
    • 720 mots

    Organiste et compositeur, mais aussi le plus grand virtuose du clavecin vers le milieu du xviie siècle français ; il est le plus célèbre d'une longue lignée de musiciens qui part de Jacques Champion, chantre de Charles Quint, en passant par Nicolas, lui aussi chantre de la chapelle impériale, Thomas,...

  • CLASSICISME, musique

    • Écrit par Sophie COMET
    • 1 155 mots

    Le terme « classicisme » est un véritable creuset sémantique : d'un point de vue esthétique, il représente une perfection achevée élevée au rang de modèle ; d'un point de vue littéraire et plastique, il correspond à l'Antiquité gréco-latine en tant que fondement de la civilisation et de l'éducation,...

  • Afficher les 43 références

Voir aussi