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CLAVECIN

Principaux facteurs

Clavecin Ruckers - crédits : AKG-images

Clavecin Ruckers

Dès le xvie siècle, le clavezymbel ou clavecin est apprécié de toute l'Europe ; s'il prend tant d'importance dans la vie musicale, c'est grâce à la famille Rückers, établie à Anvers, qui en monopolise presque la fabrication. La caisse du clavecin est robuste, l'éclisse courbe presque droite, la pointe en angle aigu. Les décors sont à papiers imprimés et, pour les instruments luxueux, à peinture faux marbre, fausses ferronneries et pierres dures ; de grandes scènes mythologiques sont représentées à l'intérieur du couvercle. D'autres facteurs flamands sont célèbres : les Couchet, Joes Karest, Martin Van der Biest, Moermans (xviie s.), Johannes Daniel Dulcken, Johannes Petrus Bull, Albert Delin (xviiie s.). La facture italienne, elle, se caractérise par l'utilisation de bois légers, un seul clavier et une caisse terminée en pointe effilée. Le plus ancien clavecin connu (Victoria and Albert Museum, Londres) a été construit par Jérôme de Bologne en 1521. En matière d'accord et de tempérament, les recherches sont poussées très loin, certains instruments comportent des touches divisées pour distinguer le dièse du bémol, les décors vont de la discrète mouluration aux sculptures et dorures les plus folles. Les principaux facteurs du clavicytherium ou clavecin vertical sont Dominique de Pesaro (xvie s.), Guy de Trasuntino, Jean-Antoine Baffo (xvie-xviie s.), Faby de Bologne, Girolamo de Zentis, Gregori (xviie s.) Bartolomeo Cristofori qui, le premier, a mis au point le pianoforte.

En France, au milieu du xviie siècle, les termes épinette et clavecin sont indifféremment utilisés, la facture est influencée par les Flandres et l'Italie ; il faudra attendre le xviiie siècle pour que les facteurs construisent des instruments plus fonctionnels et agrandissent par « mise à ravalement » des clavecins anciens. Certains systèmes mécaniques pour appeler progressivement ou instantanément les jeux, des plectres de peau de buffle pour obtenir un son plus feutré seront exportés dans toute l'Europe. Les facteurs les plus réputés sont : Vincent Tibaut, Gilbert Desruisseaux, Michel Richard (xviie s.), Nicolas Dumont, la famille Denis (xviie-xviiie s.), Jean Claude Goujon, Pascal Taskin...

L'Allemagne, qui est réputée pour sa facture d'orgue exceptionnelle, est peu attirée par le clavecin. Toutefois, les Hass et les Fleischer, en Saxe, les familles Grübner et surtout Silbermann construisent des clavecins et des épinettes sobres et élégants.

En Angleterre, les facteurs marquent une prédilection pour des dispositifs mécaniques qui commandent les jeux et les effets spéciaux. Ils utilisent un rang de sautereaux d'un dessin particulier (dogleg) que l'on peut actionner de chacun des deux claviers ; l'ébénisterie est souvent d'acajou. La famille Hayward (xviie s.), Thomas Hitchcock, Joseph Mahoon, les Harris, John Broadwood (xviiie s.) sont les facteurs les plus connus.

À partir de 1860, le répertoire spécifique du clavecin – instrument considéré au début du siècle comme une pièce de mobilier – attire à nouveau l'attention. Les firmes Erard et Pleyel présentent des clavecins modernes à l'Exposition universelle de 1889. Mais c'est à Wanda Landowska que le clavecin doit son véritable renouveau. Elle fait construire chez Pleyel en 1912 un instrument à sept pédales comportant un appel instantané des jeux sur les deux claviers ; il sera imité jusque dans les années 1950 et fera le tour du monde. Les facteurs entreprennent des restaurations qui respectent les instruments réputés inutilisables et en révèlent les ressources sonores : de nouveaux matériaux sont testés aux États-Unis et on tente de reproduire fidèlement les caractéristiques des cordes anciennes. La demande des musiciens et la connaissance des instruments anciens conduit un nombre croissant de facteurs, en Europe et aux[...]

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Pour citer cet article

Josiane BRAN-RICCI et Robert VEYRON-LACROIX. CLAVECIN [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

La famille Bach, Rosenthal - crédits : Bettmann/ Getty Images

La famille Bach, Rosenthal

Wanda Landowska - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Wanda Landowska

Clavecin Ruckers - crédits : AKG-images

Clavecin Ruckers

Autres références

  • CLAVECIN, en bref

    • Écrit par Juliette GARRIGUES
    • 737 mots
    • 2 médias

    Le clavecin a une forme proche de celle du piano à queue. Ses cordes métalliques sont tendues sur une caisse de résonance qui est close. Lorsque l'instrumentiste appuie sur une touche, une languette appelée plectre est soulevée par un ingénieux mécanisme et va pincer la corde. C'est pourquoi le clavecin...

  • BACH CARL PHILIPP EMANUEL (1714-1788)

    • Écrit par Marc VIGNAL
    • 969 mots

    Le deuxième des quatre fils musiciens de Jean-Sébastien Bach, Carl Philipp Emanuel, naît à Weimar, mais n'a pas dix ans lorsque sa famille s'installe à Leipzig. Il y est externe à l'école Saint-Thomas, mais il reconnaîtra volontiers n'avoir eu comme professeur, en matière de musique, que son...

  • BUXTEHUDE DIETRICH (1637 env.-1707)

    • Écrit par Marc VIGNAL
    • 943 mots

    Longtemps revendiqué par l'Allemagne et par le Danemark, Buxtehude naît dans une portion du Holstein alors danoise mais qui plus tard deviendra (et restera) allemande ; il passera les trente premières années de sa vie au Danemark (en n'y composant qu'une seule œuvre) et les quarante dernières...

  • CHAMBONNIÈRES JACQUES CHAMPION DE (1601 env.-1670 ou 1672)

    • Écrit par Pierre-Paul LACAS
    • 720 mots

    Organiste et compositeur, mais aussi le plus grand virtuose du clavecin vers le milieu du xviie siècle français ; il est le plus célèbre d'une longue lignée de musiciens qui part de Jacques Champion, chantre de Charles Quint, en passant par Nicolas, lui aussi chantre de la chapelle impériale, Thomas,...

  • CLASSICISME, musique

    • Écrit par Sophie COMET
    • 1 155 mots

    Le terme « classicisme » est un véritable creuset sémantique : d'un point de vue esthétique, il représente une perfection achevée élevée au rang de modèle ; d'un point de vue littéraire et plastique, il correspond à l'Antiquité gréco-latine en tant que fondement de la civilisation et de l'éducation,...

  • Afficher les 43 références

Voir aussi