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CHARBON Industrie charbonnière

Quels enjeux environnementaux pour le charbon ?

On ne reviendra pas sur les impacts associés à l'extraction, au transport et au stockage. En ce qui concerne les centrales thermoélectriques, les émissions acides (SOx et NOx) des années 1980 ont été bien réglées, même si le parc mondial présente des disparités notables entre les centrales à émissions extrêmement réduites dans les pays de l'O.C.D.E. et des centrales émettrices de quantités encore trop importantes dans les pays en transition et en développement. Les centrales de l'avenir affichent des objectifs ambitieux en termes de réductions de ces émissions, plus de 99 p. 100 pour le SO2, les NOx et les particules, 95 p. 100 pour le mercure.

La situation est nettement plus compliquée pour les émissions de CO2, gaz à effet de serre générateur du phénomène de changement climatique actuellement constaté.

Au sein de l'éventail de mesures spécifiques envisagées figurent, en bonne place, le captage du CO2 suivi de son stockage géologique. Ces technologies visent à capturer le CO2 produit par des sources fixes comme les grandes installations de combustion, les centrales électriques ou les installations industrielles, et à le stocker à grande profondeur (supérieure à 800 m), de sorte que le CO2 prenne son état le plus dense (le CO2 supercritique a une densité comprise entre 0,5 et 0,8). Deux types principaux de milieux récepteurs sont envisagés : les aquifères profonds et les gisements d'hydrocarbures en voie d'épuisement. Dans ce dernier cas, les capacités de stockage sont faibles dans beaucoup de pays, mais les bénéfices (récupération assistée des hydrocarbures) couvrent en partie les dépenses de séparation et d'injection du CO2.

Bien entendu, l'option du stockage ne sera mise en œuvre que lorsque l'une ou l'autre des technologies de captage aura émergé en réduisant suffisamment ses coûts, énergétiques en particulier. Mais avant de pouvoir être généralisé, le stockage géologique de CO2 doit en tout état de cause faire la preuve qu'il n'apporterait pas en lui-même de risques pour l'être humain et pour l'environnement qui dépasseraient les bénéfices apportés par la réduction des risques climatiques.

On retiendra essentiellement que des fuites progressives de CO2 ne constitueraient pas un danger direct pour l'homme mais qu'elles pourraient modifier la qualité des nappes d'eau potable, provoquant leur acidification et modifiant leur équilibre chimique.

L'ordre de grandeur des durées des phénomènes physiques, chimiques, thermiques et mécaniques impliqués est un élément important pour la prévision des évolutions. Les questions posées correspondent en fait ici à des échelles de temps sensiblement plus courtes que ce que l'on examine habituellement en géologie. D'une part, l'injection du CO2 dans le sous-sol s'échelonne essentiellement sur la durée de l'utilisation du pétrole, du gaz et du charbon, c'est-à-dire un ou deux siècles. D'autre part, selon les divers scénarios d'évolution climatique, l'importance d'éviter le retour du CO2 dans l'atmosphère concerne essentiellement le présent millénaire. Dans cette optique, il a été suggéré en 2005, par le Groupe intergouvernemental sur l'évolution du climat (G.I.E.C.), qu'un taux de fuite annuel qui ne dépasserait pas 1 p. 1 000 du volume total stocké serait acceptable. Les études des conditions spécifiques de chaque stockage devront toutefois confirmer que cet ordre de grandeur assure également la protection de l'être humain et de l'environnement sur le site lui-même. Des simulations ou l'observation de divers analogues naturels éclaireront la question.

À l'heure actuelle, le stockage géologique du CO2 fait l'objet de recherches importantes, notamment pour[...]

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Écrit par

  • : ingénieur principal du service technique et réglementation aux Charbonnages de France, Paris
  • : ingénieur, délégué aux affaires européennes
  • : ingénieur civil des mines, directeur technique
  • : chargé de mission au service environnement et procédés, Bureau de recherches géologiques et minières

Classification

Pour citer cet article

Michel BENECH, Pierre BERTE, Jacques BONNET et Robert PENTEL. CHARBON - Industrie charbonnière [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Exploitation charbonnière à ciel ouvert - crédits : Hans Peter Merten/ The Image Bank/ Getty Images

Exploitation charbonnière à ciel ouvert

Dragline - crédits : Paul Chesley/ Stockbyte/ Getty Images

Dragline

Charbonnages polonais - crédits : Steven Weinberg/ Stockbyte/ Getty Images

Charbonnages polonais

Autres références

  • AUSTRALIE

    • Écrit par Benoît ANTHEAUME, Jean BOISSIÈRE, Bastien BOSA, Vanessa CASTEJON, Universalis, Harold James FRITH, Yves FUCHS, Alain HUETZ DE LEMPS, Isabelle MERLE, Xavier PONS
    • 27 355 mots
    • 29 médias
    ...de l'épuisement des ressources en pétrole, et elle assure le quart de la production mondiale de ce minerai qu'elle exporte intégralement. Tandis que la houille, souvent extraite à fleur de terre, a vu sa production décupler entre 1966 et 2004, passant de 33 à 373 millions de tonnes par an, plaçant l'Australie...
  • BERGIUS FRIEDRICH KARL RUDOLF (1884-1949)

    • Écrit par Georges BRAM
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    Chimiste allemand né à Goldschmieden (près de Breslau, Allemagne) et décédé à Buenos Aires (Argentine). Bergius entreprend des études de chimie à l'université de Breslau où il suit les cours de Ladenburg, puis à Leipzig où il prépare un doctorat qu'il soutient en 1907. Il devient ensuite pendant...

  • CARBONIFÈRE

    • Écrit par Alain BLIECK
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    C'est dès le xviiie siècle que Richard Kirwan a introduit le terme carbonifère pour désigner des roches productrices de charbon et le mot a désigné les dépôts houillers de Grande-Bretagne et d'Europe occidentale à partir du xixe siècle. Aujourd'hui, le Carbonifère représente...

  • CHARBONNAGES DE FRANCE

    • Écrit par Pierre BERTE
    • 597 mots

    Les Charbonnages de France sont nés en 1946 de la nationalisation des Houillères de France, pour la plupart déjà intensivement exploitées depuis plus d'un siècle. Depuis leur création jusqu'à leur disssolution en 2007, leur mission a considérablement évolué. De fournisseur de l'énergie principale...

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Voir aussi