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DYLAN BOB (1941- )

Simple Twist of Fate

L 'année 1965 marque une rupture radicale. Dylan trahit les « folkeux » et enregistre son premier album électrique et urbain, influencé par la pop anglaise, notamment celle des Beatles, qu'il écoute depuis quelque temps avec beaucoup d'intérêt. Bringingit All Back Home[SheBelongs To Me, Love Minus Zero/No Limit, On The Road Again, Mr Tambourine Man, It's All Right, Ma (I'mOnlyBleeding)...] marque l'avènement du folk-rock qui allait tenir pendant de nombreuses années le devant de la scène musicale mondiale. La même année, Donn Alan Pennebaker réalise le documentaire devenu légendaire Don't Look Back qui permet de suivre Dylan dans sa tournée européenne, accompagné notamment de Joan Baez, de Marianne Faithfull ou du poète beatnik Allen Ginsberg. C'est le moment le plus extraordinaire et le plus tumultueux de sa carrière. Son look a entièrement changé et il fait scandale en juillet au festival folk de Newport en imposant ses compositions électriques. Sur Highway 61 Revisited, toujours en 1965, il enregistre une de ses plus belles chansons, surréaliste et désespérée, « Desolation Row. Like a Rolling Stone », son morceau le plus célèbre, sonne comme une profession de foi et l'hymne d'une génération, dans l'alliance des guitares électriques, du synthétiseur et de l'harmonica. Ses aventures extraconjugales (il avait épousé Sarah Lowndes quelques années auparavant) se multiplient, l'héroïne et les amphétamines altèrent son humeur et exacerbent ses tendances au démiurgisme, dont pourtant il se défend. Son agressivité sur scène s'en trouve décuplée. Si le concert à Paris est un psychodrame calculé d'incompréhension entre l'artiste et son public, celui de Manchester (primitivement connu sous le nom de Royal Albert Hall et repris dans le Bob Dylan Live 1966 en 1998) est un moment déchirant de rock syncrétique où se confondent blues, rhythm 'n' blues et folk. Le plus somptueux de ses albums, Blonde on Blonde, sort en 1966 : sur la double pochette, Dylan apparaît en plan américain, menaçant, rimbaldien, résolument ailleurs. On y trouve tous les registres, de la gaieté festive de Rainy Day Women à la gravité poétique de Visions of Johanna ou Sad-Eyed Lady of the Lowlands. C'est en juillet de cette année-là que sa moto Triumph Bonneville dérape près de Woodstock, si l’on en croit les médias, qui ont souvent préféré la légende à l’histoire concernant Dylan.

Cet accident provoque un nouveau et brusque changement dans une carrière où la musique et la connaissance par les gouffres avaient fini par se confondre avec l'autodestruction. Dylan entame à Woodstock une retraite relative qu'il met à profit pour écrire de nombreuses chansons, pour lui ou pour les autres. L 'inspiration évolue franchement vers la country, ce qui déroute agréablement les dylaniens dans le très beau John Wesley Harding (1968 ; I Dreamed I Saw St. Augustine, The Ballad of Frankie Lee and Judas Priest, I Am a LonesomeHobo, I'll Be Your Baby Tonight...), puis les déçoit (Nashville Skyline, 1969) ou les exaspère (Self Portrait et New Morning, 1970). À cette époque, le chanteur déborde d'activité : errances philosophiques, scandales et rumeurs, rock humanitaire, rôle et composition musicale dans le film inégal de Sam Peckinpah Pat Garrett and Billy le Kid (1973)...

Brutal réveil en 1974, avec PlanetWaves (On a Night Like This, Tough Mama, Forever Young, Dirge, Never Say Goodbye...), Before The Flood, qui reprend les concerts donnés avec son orchestre The Band au cours de l'année, et surtout le magnifique Blood on The Tracks (Tangled up in Blue, Simple Twist of Fate, You'reGonnaMake Me LonesomeWhen You Go, If You SeeHer, Say Hello...). Tout est extraordinairement complexe avec Dylan : si sa vie privée ressemble à un chaos (divorce,[...]

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Pour citer cet article

Michel P. SCHMITT. DYLAN BOB (1941- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Bob Dylan et Joan Baez - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Bob Dylan et Joan Baez

Bob Dylan - crédits : Gijsbert Hanekroot/ Redferns/ Getty Images

Bob Dylan

Autres références

  • CHRONIQUES (B. Dylan) - Fiche de lecture

    • Écrit par Michel P. SCHMITT
    • 1 004 mots
    • 1 média

    L'année 2005 fut marquée par un regain d'intérêt pour Bob Dylan, à travers un afflux soudain de livres et de films documentaires. Greil Marcus a fait paraître un essai, immédiatement traduit en français par Thierry Pitel : Like A Rolling Stone : Bob Dylan à la croisée des chemins...

  • BAEZ JOAN (1941- )

    • Écrit par Universalis
    • 816 mots

    Symbole d'une génération protestataire, ancienne compagne de Bob Dylan, ardente militante des droits civiques, engagée contre les guerres et conflits – du Vietnam à l'Irak –, auprès du syndicat Solidarité, en Pologne, d'Andreï Sakharov, des mères de disparus en Argentine et au Chili, la...

  • BLANCHETT CATE (1969- )

    • Écrit par Nora Sørena CASEY, Universalis
    • 1 165 mots
    • 2 médias
    ...Iñárritu, The Good German (2006) de Steven Soderbergh et Chronique d’un scandale (2006) de Richard Eyre. Dans I’m Not There (2007) de Todd Haynes, elle est l’un des multiples personnages inspirés par Bob Dylan à différentes étapes de sa carrière ; son interprétation du Dylan des années 1960 est...
  • BYRDS THE

    • Écrit par Universalis, David FRICKE
    • 1 123 mots

    Groupe américain des années 1960, The Byrds popularisa le folk rock, en particulier les chansons de Bob Dylan, et, par sa composition en constante évolution, créa une vaste généalogie de groupes de country-rock de premier ordre et de super groupes de pop.

    Trois anciens adeptes de musique folk...

  • FOLK

    • Écrit par Eugène LLEDO
    • 934 mots
    • 2 médias
    ...maccarthysme sont émaillées de luttes syndicales, auxquelles Woodie Guthrie participe, tout comme Pete Seeger (1919-2014), un autre artiste militant. Cette chanson politique va déboucher sur les protest songs new-yorkaises de Bob Dylan (né en 1941) et de Tom Paxton (né en 1937). Dans les années 1960,...
  • Afficher les 8 références

Voir aussi