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BERLIN

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Berlin en 1990, une « capitale en attente »

Depuis le 3 octobre 1990, Berlin forme un Land mono-communal sur le modèle des villes hanséatiques de Brême et de Hambourg. Le pouvoir exécutif est détenu par le sénat ou gouvernement régional, présidé par un bourgmestre, et a son siège au Rotes Rathaus (l’« hôtel de ville rouge », nommé ainsi en raison de la couleur des briques vernissées qui ont servi à sa construction) dans le quartier Saint-Nicolas sur la rive droite de la Spree (ancien siège du conseil municipal de Berlin-Est). Installée dans l’ancienne Diète de Prusse, dans le quartier de la Potsdamer Platz-Leipziger Platz, l’Assemblée parlementaire (Parlament) se compose de députés qui sont également conseillers municipaux. La réunification du pays fait de Berlin un Land de la RFA à part entière, en appliquant la Constitution de Berlin-Ouest de 1950 à l’ensemble de la ville et en mettant fin à son « statut spécial » qui plaçait les zones d’occupation de la fin de la Seconde Guerre mondiale sous le contrôle et la souveraineté des puissances alliées. De plus, par le vote du Parlement fédéral du 20 juin 1991, Berlin est redevenue la capitale de l’Allemagne. Ce projet de transfert, en ravivant le traumatisme du centralisme autoritaire et des plans d’aménagement d’Hitler (projet Germania et plans de l’architecte du Reich Albert Speer), a suscité un réel malaise politique qui s’est exprimé, tout d’abord, dans la faible majorité des voix lors du vote (337 contre 320) et, ensuite, dans la lenteur de la procédure (adoptée en 1994) et du déménagement (effectif en 1999). Le retour de la capitale à Berlin a donc imposé un nécessaire travail de mémoire et d’exorcisation du passé. La localisation des nouveaux lieux de pouvoir s’est inscrite dans un projet urbain global, légataire des héritages spatiaux et promoteur de la situation géographique de la ville dans l’espace régional.

De l’époque médiévale, le tissu urbain n’a conservé que quelques vestiges (les deux églises de briques, Marienkirche et Nikolaïkirche, et un petit morceau du mur d’enceinte, Littenstrasse), l’orientation nord-ouest – sud-est du quadrillage des rues des quartiers centraux, et l’organisation polycentrique de la ville, calquée sur la distribution des villages de colonisation progressivement absorbés par l’urbanisation (Buckow, Dahlem, Lichtenberg, Marienfelde, Wittenau...). On doit par ailleurs à Frédéric II de Prusse (1740-1786) d’avoir doté ce qui n’est à l’époque qu’une « ville de garnison dans les sables » d’un centre monumental, greffé sur un grand boulevard de prestige (Unter den Linden) et ouvrant sur un vaste parc, aujourd’hui situé en plein centre de la ville (Tiergarten). Mais, pour l’essentiel, la structure urbaine est héritée de la révolution industrielle du xixe siècle et de l’après-Seconde Guerre mondiale. Les fortes densités de bâti et de population se localisent dans les quartiers centraux (Innenstadt), délimités par la ceinture du chemin de fer métropolitain (S-Bahn), et composé en grande partie des « casernes locatives » (Mietskasernen) du plan de lotissement Hobrecht (1862). Ces quartiers ouvriers (Wedding, Prenzlauer Berg, Friedrichhain, Kreuzberg, Schöneberg) forment de vastes labyrinthes d’immeubles (succession de cours et d’arrière-cours) et enserrent le centre historique au sud, au nord et à l’est. Au-delà, l’urbanisation s’étire en « doigts de gant » selon les axes radiants du S-Bahn. Cette couronne extérieure, percée par les lacs successifs de la Havel (dont le Tegeler See à Reinickendorf et le Grosser Wannsee à Zehlendorf), et aérée de parcs et de forêts (ancienne réserve de chasse de Grünewald au sud-ouest, forêts de Tegel et de Spandau au nord-est), s’est formée à partir des ensembles pavillonnaires de l’aristocratie et de la bourgeoisie, et des expériences des cités-jardins de la République[...]

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Écrit par

  • : professeur de géographie, enseignant-chercheur, université de Perpignan Via Domitia
  • : professeur à l'université de Metz, doyen honoraire de la faculté des lettres

Classification

Pour citer cet article

Guillaume LACQUEMENT et François REITEL. BERLIN [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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Médias

Allemagne : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

Allemagne : carte administrative

Ambassade des Pays-Bas à Berlin, R. Koolhaas - crédits : L. M. Peter/ AKG-images

Ambassade des Pays-Bas à Berlin, R. Koolhaas

Porte de Brandebourg, 1910 - crédits : AKG-images

Porte de Brandebourg, 1910

Autres références

  • BERLIN (foyer culturel)

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    ...zones occidentales et, le 20 juin, les trois Occidentaux lui donnaient déjà une monnaie spécifique. Les Soviétiques ordonnèrent à leur tour, dès le lendemain, une réforme monétaire dans la S.B.Z. À l'introduction, le 23 juin, du Mark occidental àBerlin, répondit le 24 le blocus de l'ancienne capitale.
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