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BÉNÉDICTINS

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Du Xe siècle à la fin du Moyen Âge

L'Empire carolingien marque un des sommets de la prospérité des monastères. Sa dislocation et les invasions normandes, hongroises et sarrasines en ruinèrent plusieurs et jetèrent des moines sur les routes. Le relèvement fut rapide et le xe siècle fut, surtout dans sa seconde moitié, une époque de développement des ordres monastiques. Fondé en 910, Cluny jouit d'une célébrité méritée, mais il ne faut pas oublier que la caractéristique de cette époque était la multitude des centres rayonnants : si Brogne comme Cluny était une fondation nouvelle, le Mont-Blandin, près de Gand, Gorze, Saint-Vanne de Verdun, Saint-Benoît de Fleury-sur-Loire, Saint-Bénigne de Dijon, Fécamp étaient des abbayes anciennes qui, sous l'impulsion d'abbés énergiques, avaient retrouvé la jeunesse et diffusaient leur idéal, surtout en introduisant des moines dans des sanctuaires desservis par des clercs – ce qui fut le cas du Mont-Saint-Michel en 966. Ces abbayes restaurées se constituèrent de vastes domaines dans lesquels elles créèrent des réseaux de prieurés, où résidaient quelques moines qui exercèrent une influence économique certes, mais aussi religieuse. Durant les xie et xiie siècles, beaucoup d'églises paroissiales furent confiées aux moines qui les reconstruisirent ; ces églises ont subsisté un peu partout, enrichissant le paysage français. Les abbés de Cluny transmirent à leurs successeurs l'autorité dont ils jouissaient sur les monastères, alors qu'ailleurs les liens entre monastères disparaissaient avec la mort de l'abbé réformateur. Malgré l'absence d'un lien juridique, les abbayes adoptèrent des coutumes assez semblables, ce qui s'explique par leur idéal commun et aussi par le fait que des rédacteurs s'inspirèrent tous de la tradition léguée par Benoît d'Aniane et utilisèrent fréquemment les coutumes de Cluny. Le renouveau monastique s'étendit à toute l'Europe. En Italie, les abbés de Cluny exercèrent leur influence sur des abbayes aussi célèbres que Saint-Paul-hors-les-Murs, Subiaco et le Mont-Cassin. En Allemagne, l'influence clunisienne se fit sentir par l'intermédiaire de l'abbaye d'Hirsau. C'est aux xe et xie siècles que l'institution monastique pénétra aux Pays-Bas, en Bohême, en Pologne et en Hongrie. En Angleterre, la règle de saint Benoît fut remise en honneur au milieu du xe siècle par Dunstan, Ethelwold et Oswald, qui s'étaient formés sur le continent, à Gand, à Saint-Benoît-sur-Loire et en Bourgogne ; après la conquête de 1066, les moines normands introduisirent non sans difficultés leurs propres coutumes. L'action de Cluny fut prépondérante en Espagne, tant pour lancer les chevaliers à la « reconquête » que pour organiser le monachisme dans les jeunes royaumes chrétiens.

De nouveaux ordres monastiques

Aux xie et xiie siècles surgirent de nouvelles institutions monastiques, caractérisées par la recherche d'une vie plus simple et plus austère que celle menée par les moines des grandes abbayes d'observance traditionnelle. Elles subirent à leur origine l'attrait de l'érémitisme au point qu'on a pu parler d'une « crise de cénobitisme ». En fait, certains groupes retournèrent à la vie cénobitique très stricte et d'autres conservèrent des éléments de la vie érémitique. Le mouvement s'amorça en Italie avec saint Romuald (mort en 1027), dont les disciples constituèrent les ordres des Camaldules et de Fonte Avellana (vie plutôt érémitique) alors que saint Jean Gualbert (mort en 1073) fonda l'ordre de Vallombreuse (vie nettement cénobitique). À la fin du xie siècle, le même mouvement se produisit en France : saint Bruno se retirait en 1084 dans le désert de Chartreuse, et saint Robert quittait en 1098 son abbaye de[...]

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Écrit par

  • : moine bénédictin, directeur d'études à l'École pratique des hautes études (IVe section)

Classification

Pour citer cet article

Jacques DUBOIS. BÉNÉDICTINS [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Autres références

  • ABBAYE

    • Écrit par
    • 4 563 mots
    • 3 médias
    Pour faire connaissance avec une abbaye de la grande époque monastique, qui est incontestablement le Moyen Âge, un bon exemple est celui de l'abbaye bénédictine de la Chaise-Dieu (Casa Dei, « La maison de Dieu ») en Auvergne. Elle avait été établie, de 1043 à 1050, sur le plateau du Livradois, par...
  • ABBAYES DE CLUNY - (repères chronologiques)

    • Écrit par
    • 324 mots

    909-910 L'abbaye de Cluny est fondée par le duc d'Aquitaine Guillaume III le Pieux sur l'un de ses domaines en Bourgogne. Elle fut placée sous la protection directe du pape.

    910-927 Abbatiat de Bernon, le fondateur de l'ordre. Il lance alors le chantier de l'abbaye....

  • ABBON DE FLEURY saint (945-1004)

    • Écrit par
    • 323 mots

    Né dans l'Orléanais, Abbon, encore enfant, est offert par ses parents au monastère bénédictin de Fleury (aujourd'hui Saint-Benoît-sur-Loire) où il vient enseigner après avoir étudié à Paris et à Reims. Appelé à diriger l'école abbatiale de Ramsay (Yorkshire), il revient à Fleury pour en être bientôt...

  • BAKER AUGUSTINE DAVID (1575-1641)

    • Écrit par
    • 281 mots

    Après des études à Oxford et à Londres, Augustine Baker devint greffier de justice ; converti au catholicisme en 1603 (il prit le prénom de David pour sa confirmation), il reçut l'habit bénédictin à Padoue (1605) et fit profession (1607) dans la petite congrégation bénédictine qui était en train de...

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